THE HUMANS
Trois générations de la famille Blake sont réunies pour fêter Thanksgiving dans l’appartement new-yorkais exigu de Brigid et de son petit-ami Richard. Alors que le soleil se couche, les frustrations et les angoisses de chaque membre de la famille se dévoilent, et des secrets bien cachés refont surface.
CRITIQUE DU FILM
On passe certains films à se demander où veut en venir l’auteur, et à chercher du sens là où il n’y en a pas. The Humans fait partie de cette catégorie. Il s’agit de l’adaptation de la pièce de théâtre du même nom, écrite par Stephen Karam et jouée off-Broadway en 2015 et à Broadway l’année suivante. Elle a remporté quatre Tony Awards et a été finaliste pour le prix Pulitzer en 2016. Le dramaturge a transformé son œuvre en scénario avant de passer derrière la caméra pour réaliser son tout premier long-métrage.
Si le sujet n’a rien d’original – il s’agit de plonger dans les tourments d’une famille dysfonctionnelle et de laisser les angoisses des uns et des autres remonter à la surface – le réalisateur cherche à brouiller les pistes en laissant s’installer un climat anxiogène, une inquiétante étrangeté qui pose question.
On voit bien d’emblée à quel point le matériau d’origine était parfait pour une pièce de théâtre : unité de temps, de lieu, un huis-clos, une atmosphère étouffante, propice à faire surgir les drames et dévoiler les secrets. Entre adultère, problèmes financiers, de santé, vieilles rancœurs, chacun porte son lot de problèmes. La recette qui devait fonctionner parfaitement sur une scène semble ici bridée, étouffée. En effet, le réalisateur prend le parti pris de filmer des détails de l’appartement décrépi, de jouer sur le flou, sur le son aussi. Autant d’éléments qui font croire à une bascule vers le fantastique ou vers l’horreur. Une bascule qui ne viendra jamais.
Le film est pourtant porté par un casting tout à fait éblouissant : Beanie Feldstein (Lady Bird, Booksmart), Richard Jenkins (Spotlight, La Forme de l’eau, Six Feet Under), Jayne Houdyshell (Les Filles du Docteur March), Amy Schumer (Crazy Amy), Steven Yeun (Burning, Minari) et June Squibb (Nebraska, Soul), autant dire la fine fleur du cinéma indépendant.
Privé de sortie en salle en France mais disponible sur Mubi, le film de Stephen Karam cherche avant tout à brosser un portrait anthropologique d’un groupe d’humains au 21e siècle. En cela, il réussit son pari, mais on se demande encore si le fait de se focaliser sur l’étrangeté du quotidien était le bon pari. Dans le genre adaptation théâtrale, The Father réussissait lui à tirer parti de cette étrangeté du quotidien pour créer du trouble en nous, objectif que The Humans peine à atteindre.