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THE DEAD GIRL

8
Marquant

Une jeune femme a été assassinée. Sa mort va bouleverser la vie de cinq personnes :
L’étrangère qui découvre le corps.
La soeur qui espère que le corps est celui de sa soeur disparue.
L’épouse qui pense que son mari pourrait être le tueur.
La mère qui enquête sur ce qu’était la vie de sa fille.
La fille qui rêvait de changer de vie…

Celles qui restent

Grand Prix du jury au festival du film américain de Deauville, ce second métrage de Karen Moncrieff se présente sous la forme de cinq chapitres, cinq segments de vie, cinq destins de femmes. S’il commence par la découverte du corps d’une jeune femme, le film n’a rien d’une enquête policière. Cet évènement n’est que le trait d’union reliant les vies de ces femmes qui vont en être bouleversées.

    Le premier chapitre mystérieux et tendu, l’étrangère, dresse le portrait d’une femme étouffée par une vieille mère infâme (Tatie Danielle était un ange à côté) et rongée par le décès de son frère, qui découvre lorsqu’elle se promène – certainement pour fuir son foyer inhospitalier – le corps d’une jeune femme au bord d’un champ. Après avoir signalé ce fait à la police, elle va reprendre, par la force des choses, son destin en main et tenter de s’extirper de son quotidien masochiste. Toni Collette est incroyable et nous scotche rapidement à notre siège. Cette première partie donne le ton : une photographie soignée, des prises de vue maîtrisées, une caméra introspective et presque omnisciente. Karen Moncrieff filme ici ses personnages avec un naturel sobre et singulier.

    La seconde histoire est tout aussi prenante. Rose Byrne incarne une jeune femme légiste, dont la vie semble suspendue depuis la disparition de sa sœur aînée quinze ans plus tôt. La famille ne vit plus qu’autour de l’obstination de sa mère, déterminée à ne pas perdre espoir et qui ne compte plus ses efforts pour la retrouver. Leah, qui se voit confier l’autopsie du cadavre récemment découvert, pense un moment avoir identifié celle qui les a quitté il y a maintenant plus d’une décennie. Cette nouvelle, vécue comme un drame par la mère, va lui permettre d’accomplir enfin le deuil qu’elle attendait pour recommencer à vivre, malgré tout. Spoiler (surlignez) : Comme un symbole, lorsque finalement le résultat des analyses arrive et que l’on constate qu’elle n’est pas cette sœur disparue quinze ans auparavant, son patron lui tend le document, accompagné d’un « désolé » étrangement lourd de signification.

    Le troisième segment est certainement le plus osé puisqu’il pose le cadre de vie de l’épouse du tueur présumé. Celle-ci, enfermée dans la routine et négligée par son mari, va découvrir progressivement les agissements suspects de ce dernier. Néanmoins, devant le poids de la responsabilité et les bouleversements dans sa vie qu’entraîneraient la dénonciation de celui-ci, elle va se retrouver confrontée à un dilemme : préserver le confort tristounet du quotidien ou tout compromettre par acquis de conscience.

    Lors de la quatrième partie, on suit la mère de la victime, interprétée avec talent par une Marcia Gay Harden juste et touchante. Après avoir rencontré les inspecteurs pour remplir les formalités administratives, elle va tenter de revenir sur les pas de sa fille qui avait quitté son domicile des années auparavant, fuyant un beau-père qui abusait d’elle. La réalisatrice parviendra judicieusement à trouver un équilibre entre l’émotion et la gravité, évitant donc de tomber dans le mélodramatique ou la pleurnicherie. Spoiler (surlignez) :C’est en apprenant qu’elle est désormais grand-mère qu’elle trouvera la force de surmonter ces nouvelles successives et qu’elle tentera désormais de donner à sa petite fille une enfance plus saine et entourée de l’amour que sa fille souhaitait donner à cet enfant, tant bien que mal.

    La cinquième histoire n’est autre que celle de l’innocente victime. Nous suivrons donc les dernières heures de cette jeune femme, à la vie bien misérable et qui doit subir les violences du milieu de la prostitution. Malheureusement, cette dernière partie apparaît plus comme une conclusion de tous les éléments rassemblés au fur et à mesure par le spectateur, si bien que le générique arrive un peu trop tôt et ne permet pas à cette œuvre originale et touchante de se distinguer par un final fort et à la hauteur.

La réalisatrice n’opte pas pour un schéma narratif classique qui veut que le fil rouge conduise petit à petit à la croisée des chemins. Elle se détache donc du film choral et préfère dresser cinq portraits attentifs et implacables de femmes confrontées à la mort et à leur propre destin. Evoquer la mort pour mieux parler de la vie, ce n’est pas sans nous rappeler le chef d’œuvre télévisé que fut Six Feet Under. On regrettera une conclusion un brin décevante qui ne donne pas toute la force que ce bon film méritait.

KAREN MONKRIEFF | USA | 85 MIN | 05 MARS 2008 | TONI COLETTE, BRITTANY MURPHY, MARCIA GAY HARDEN



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Neil
13 années il y a

J’ai bien aimé ce film à l’esthétique soignée. Les actrices sont très bonnes (à par Brittany Murphy que j’ai trouvée insupportable) et l’intrigue assez bien ficelée. Et tu as raison de soulignée cette ambiance à la « Six feet under » (je crois que la réalisatrice y a été scénariste pour un épisode). Cela dit, dire que c’est un « très bon film » je sais pas… :p

Dasola
13 années il y a

Film très bien construit avec 5 parties bien séparées avec la dernière partie qui est en fait le début de cette histoire qui permet de donner de beaux rôles aux femmes. A voir.

Dewey
13 années il y a

Merci pour cette critique. Je suis FAN de Toni Colette depuis quelques années et ce film … pour être honnête, je ne le connaissais pas. Thx ! Je note ta critique et reviens vers toi dès que je l’ai vu !

Benoît
13 années il y a

Personnellement, ça ne me dit rien et comme j’ai très peu de temps pour l’instant pour aller le voir au cinéma, j’essaierai peut-être de me rattraper sur le DVD (mais alors peut-être lol) :p

Au contraire, je ne regarde actuellement qu’un ou deux films par semaine :s

Avril
13 années il y a

By the way… Tu l’as vu ou pas Be kind, Rewind de Gondry ?

Bertrand
13 années il y a

Le film a plutôt de bonnes critiques dans la presse. La tienne confirme. Je suis donc assez curieux de le voir.

Djedje
Djedje
13 années il y a

J’ai finalement vu le DVD vu que tu l’avais conseillé !

J’avoue que je suis quand même resté sur ma faim.
Je comprends pourquoi tu l’as aimé avec son caractère lent, avec des personnages très intéressants (notamment Toni Colette) mais mais mais j’aimerais tellement en savoir plus sur ses personnages (même si ça dépend des personnages développés) que ça en devient frustrant.

Au final, l’idée est intéressante mais ce découpage en 5 courts métrages me dérange…

PS : Mon analyse est assez critique à la lire comme ça mais j’ai aimé le film. Il est quand même en-deçà du bon film pour moi.

trackback
10 années il y a

[…] Little Miss Sunshine, nous penserons plutôt à évoquer les coups de coeur que furent The Visitor, The Dead Girl, Take Shelter ou Les bêtes du sud […]

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