THE DARK KNIGHT
Batman aborde une phase décisive de sa guerre au crime. Avec l’aide du lieutenant de police Jim Gordon et du Procureur Harvey Dent, Batman entreprend de démanteler les dernières organisations criminelles qui infestent les rues de sa ville. L’association s’avère efficace, mais le trio se heurte bientôt à un nouveau génie du crime qui répand la terreur et le chaos dans Gotham : le Joker…
Why so serious ?
Après un Batman Begins prometteur qui donnait un nouveau visage à la saga inspirée de l’œuvre de Bob Kane et faisait oublier les piètres et ridicules adaptations d’un Joël Schumacher qui ne pense qu’avec le porte-monnaie, Christopher Nolan enchaine avec The Dark Knight où il retrouve l’ensemble de son casting de haut rang (Christian Bale, Gary Oldman, Morgan Freeman, Michael Caine, rien que ça) ainsi que deux nouvelles recrues – trois en fait, si l’on compte le remplacement de la midinette Katie Holmes par une bien fade Maggie Gyllenhaal que l’on attendait meilleure – pour camper le procureur Harvey Dent et le redoutable Joker.
Pour le premier, Aaron Eckaart a été choisi. Celui que l’on retrouvera cet automne dans le premier film de Alan Ball intitulé Towelhead se montre plutôt convaincant dans le rôle du chevalier blanc, sorte de héros de tout un peuple désespéré de l’interminable ascension de la criminalité dans la ville de Gotham. Il sera d’ailleurs intéressant de faire le parallèle avec nos sociétés contemporaines quant à la popularité soudaine et la prise de pouvoir d’un tel personnage dans une atmosphère où prédomine le sentiment d’insécurité et la peur. Certains discours de Harvey Dent pourraient rappeler – si l’on a l’esprit cynique comme moi – les propos tenus par un président de petite taille quant à la vermine, la racaille et les hommes d’affaires véreux lors de sa campagne.
Pour incarner le plus grand ennemi de Batman, et ce malgré des candidatures plutôt prestigieuses comme celles de Robin Williams, Sean Penn ou encore Jude Law, Christopher Nolan a choisi l’acteur australien Heath Ledger.
Dès la première séquence d’introduction, le spectateur est sous tension, avec une scène de braquage excellente (digne d’un bon film des 70s) alternant tension et humour noir, qui donne rapidement le ton et qui nous emporte dans la folie anarchiste du Joker. Sa présence se ressent sur l’ensemble du film, instaurant un climat menaçant et pesant. Il est le moteur du film, qu’il hante même lorsqu’il n’est pas à l’écran, laissant présager du pire à chaque coin de rue. Chaque apparition du clown terroriste est mémorable. La plus grande réussite du film est indéniablement l’interprétation phénoménale de Heath Ledger qui envoie aux oubliettes le cabotin bouffon de Jack Nicholson dans la version de Tim Burton. Ce grand méchant façonné par Nolan et Ledger est incontestablement LE méchant le plus trippant que l’on ait pu voir au cinéma. Ce sera d’ailleurs le seul superlatif que j’emploierais sciemment au sujet de The Dark Knight. Par sa démarche, ses attitudes, ses mimiques ainsi que par le choix du maquillage – et des anecdotes à vous glacer le sang sur l’explication des cicatrices en forme de sourire qu’il porte autour de sa bouche – on a devant nous un psychopathe semeur de trouble que rien d’autre ne motive – pas même l’argent, il suffit de voir ce qu’il en fait lors de la scène de la pyramide de billets de dollars – que ce goût dément affirmé pour le chaos et la peur. S’il fallait illustrer cette folie inquiétante qui anime le Joker, la séquence où il pose un ultimatum à deux ferries bondés qu’il a pris en otage en serait l’exemple parfait.
Sa relation avec Batman est également intéressante. Si d’ordinaire on trouve souvent Batman et surtout Bruce Wayne plutôt plats et barbants (c’est le rôle qui veut ça), Nolan a tenté de lui donner un semblant de noirceur et d’humanité, le menant même à reconsidérer la légimité et la valeur de son combat contre la pègre. Le Joker va jouer au chat et à la souris avec lui, prenant goût à titiller cet alter-égo capé et tout de noir vêtu. Rapellant la conclusion de Incassable de Night Shyamalan, l’existence du Joker prendrait tout son sens à travers celle de Batman et réciproquement. Toutefois, et malgré la prestation irréprochable de Christian Bale – hormis ce « choix » plus que douteux de la voix rocailleuse de Batman qui prête souvent à pouffer de rire – il reste à nouveau un peu en retrait, comme chez Burton.
Aaron Eckaart livre une prestation honorable dans le rôle de Harvey Dent/Double Face. Son personnage est l’occasion pour Christopher Nolan d’exploiter à nouveau les dérives obsessionnelles qui peuvent conduire à la folie ou à la schizophrénie (Memento, Le Prestige). Chaque fois, Christopher Nolan aiment entacher ses héros et se jouer des frontières de la moralité, les poussant à commettre des actes immoraux pour parvenir à leurs fins – on pensera au pacte que passent Gordon, Dent et Batman afin de capturer le Joker, ou encore à ce que devra devenir Batman pour combattre des ennemis de plus en plus redoutables car ils ne sont plus régis par aucun code de conduite.
Concernant le reste du casting, il est sans surprise à la hauteur – si l’on oublie la décevante Maggie Gyllenhaal – et l’on se réjouit d’ailleurs de voir davantage un Gary Oldman tout à son aise, lui qui avait du se contenter d’un rôle plus réduit dans le volet précédent. Morgan Freeman et Michael Caine, les deux complices de Bruce Wayne, sont toujours aussi inimitables dans leur style respectif et font plutôt bien le boulot nécessaire.
Malgré sa dimension hollywoodienne et les obligations vis à vis de la Warner – qui l’a conduit à couper une demie-heure de son film au montage – Nolan réussit à imprégner Batman de son identité, notamment cette fascination des frontières entre le bien et le mal, donnant souvent la part belle aux personnages calculateurs et machiavéliques (Le Prestige, Insomnia). Il gère d’ailleurs plutôt bien le rythme du film, tenant en haleine le spectateur sur presque 2h30 d’un blockbuster aux allures de thriller noir, alternant action et suspens avec équilibre. On regrette toutefois que ce projet plus qu’ambitieux ne nous laisse sur un léger sentiment de frustration. Nolan semble s’être attaqué à une montagne d’exigences, et devant la densité d’intrigues et de personnages de The Dark Knight, on a l’impression que le talentueux et appliqué réalisateur se retrouve un peu débordé par son œuvre et ses protagonistes – ce qui se sent dans le montage d’ailleurs – laissant en suspend de nombreuses questions ou l’impression que l’on attendait encore mieux de la part de Monsieur Nolan.
Christopher Nolan signe avec The Dark Knight une adaptation riche et dense, sublimée par un Joker hallucinant incarné par le défunt Heath Ledger qui le rend aussi ludique que fascinant et inquiétant, mais qui nous laisse toutefois avec quelques petites frustrations quand le générique final arrive, comme un goût d’inachevé.
CHRISTOPHER NOLAN | USA | 147 MIN | 13 AOUT 2008 | CHRISTIAN BALE, HEATH LEDGER, GARY OLDMAN |
Pour des raisons géographiques, je n’ai pas encore pu voir le film mais il me tarde rien qui pour Heath Ledger (acteur trop tôt disparu). Et d’après ce que j’en lis, il faut se faire une opinion par soi-même. Dans la presse, on ne parle que du Méchant et presque pas de Batman. Bonne journée.
C’est un film que j’attends de voir avec impatience. J’attends la fin de mes examens pour me diriger vers les salles obscures.
J’attends depuis plus d’un an ce film. J’étais déçu par le premier, ah c’est ça Batman Begins! Ok, bon le deuxième sera t’il dans la même veine? Je vais le voir demain, je verrais bien…
Comme je suis content que le film que j’attendais le plus cette année ne décoive pas mes attentes. Passé un super bon moment. Heath Ledger assure vraiment dans un rôle ou je le voyais pas spécialement : il compose un personnage presque opposé à celui de Nicholson et ça marche !
J’ai vu le film hier soir. Haletant avec un jocker d’anthologie, c’est même dommage qu’on ne le voit pas plus. Batman, à côté, ezt un peu falôt, voire inexistant. Le mythe n’est plus ce qu’il était avec sa batmoblie qui tombe « en carafe ». La voix aussi (grave et déformée) laisse une impression bizarre. C’est en effet presque ridicule. Le personnage d’Harvey Dent, en revanche, m’a laissé un peu perplexe, son personnage change trop de personnalité. Bonne soirée.
une bonne surprise portée par un joker hallucinant! Un bon moment malgré quelques longueurs. La folie du joker fait froid dans le dos, et jack nicholson est de loin surpassé!
J’ai vu The Dark Knight ce week end et j’ai adoré. Mon avis rejoins le tien sur bien des points (une Maggie Gyllenhaal transparente, la voix grave de Batman qui sonne faux) même si je trouve que tu pousses le bouchon un peu loin en comparant Dent à Sarko. A la limite, la seule comparaison qui me vient à l’esprit c’est avec « V pour Vendetta » dans lequel le tyran a basé son pouvoir sur la terreur. Et encore, les liens entre les deux films sont très laches.
Bref, tout ça pour dire que Nolan a tout simplement réalisé là ce qui se présente déjà comme un des meilleurs films de super-héros de l’histoire. Y’en a marre des films de super-héros trop invraisemblables, trop surnaturels, avec des personnages déguisés tous plus grotesques les uns que les autres. Là, on est à mille lieues de ça, tout est juste, du choix des acteurs à la psychologie des personnages. Pas de fausse note, que du plaisir.
ALLEZ LE VOIR !
J’ai été bluffé en sortant du film. Pour moi c’était vraiment un coup de poing monumental. Je l’ai trouvé brillant et palpitant, c’est rare qu’un blockbuster soit aussi complexe. Les acteurs sont comme tu le dis impeccables et la mise en scène au poil. On en redemande.
Comme tu le dis, le film est complexe (trop d’intrigues même…) et prenant. Je n’ai pas vu passé les 2h30. J’espère profondément qu’il sortira un director’s cut, pour voir si les histoires sont étoffées.
Par contre, même si j’ai beaucoup aimé, on n’atteint pas encore le coup de maître. Je pense que Nolan vaut encore mieux que cela. Le Prestige démontre qu’il est capable de construire des scénarios complexes et redoutablement jouissifs, bien écrits et passionnants.
En tout cas, oui, on en redemande
2ème Batman de Nolan et 2ème réussite.
2h30 qui passe assez vite, et jouissive dans une salle avec grand écran.
Coté acteur, j’ai bien aimé Christian Bale et Aaron Eckhart mais c’est surtout Heath Ledger qui joue un Joker exceptionnel.
J’avais entendu des critiques se plaignant qu’il ne faisait pas rire, mais personellement, il m’a fait rire plusieurs fois. Je ne conaissais pas bien Heath Ledger mais après avoir vu le film, on se dit vraiment que le role était fait pour lui car il est magnifique dans ses mimiques.
Bémol niveau acteur, machin Gyllenhall qui est totalement transparente et qui est moins bonne (si si je le jure) que Katie Holmes.
Autre bémol, la voix de Cristian Bale en Batman m’agace (c’était déja le cas dans le 1 en même temps).
Concernant le film, l’histoire esst plutot prévisible (surtout quand certaines personnes vous raconte un peu le film) avec cependant quelques rebondissements sympa.
Dernier point, bien que ce soit un film d’action, le coté noir de chacun d’entre noos est vraiment bien traité (sans cliché), contrairement à la plupart des divertissements américains.
Quelle magnifique analyse. Je suis d’accord avec toi, le côté plus sombre, moins comic-esque je dirais.
C’était même trop court lool. Les scènes du Joker sont mémorables et comme toi j’ai aimé la question de moral derrière le film.. les méchants et les gentils.. qui est qui ? D’ailleurs la scène des bateaux avec les prisonniers qui décident de se « sacrifier » résument finalement l’enjeu du film.
Un film hollywoodien intelligent et divertissant à la fois à coup de batpod, etc.. (ouah la moto quand même, je veux une !! xD)
moi perso ce film m’a assez déçu. trop d’effets spciaux, trop de joker, personnages inexistants., longueurs…
Bel article, j’ai déjà vu The Dark Knigt à trois reprises mais il faudrait que je le reprenne car le dernier visionnage m’avait laissé une peu perplexe. Bonne continuation !
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