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ADIEU MA CONCUBINE

Douzi et Shitou se rencontrent à l’académie de l’opéra de Pékin. Amis dès le premier jour, les deux garçons sont les acteurs principaux de l’opéra « Adieu ma concubine ». Lors de la tournée, Douzi tombe amoureux de son ami mais celui-ci préfère les charmes de Juxian, une prostituée. Lorsque Shitou veut épouser la jeune femme, cette décision aura de sérieuses conséquences sur leur amitié.

Critique du film

Au départ titre d’une œuvre traditionnelle et révérée de l’Opéra de Pékin, Adieu ma concubine a donné son nom à un roman de Lilian Lee, qui participa à l’adaptation de son ouvrage par Chen Kaige en 1993. Il suit le parcours sur plusieurs décennies, de 1924 à 1979, de deux puis trois personnages. On découvre tout d’abord la rencontre de Douzi et Shitou à l’Académie de l’opéra de Pékin, lieu d’apprentissage extrêmement rigoureux et exigeant, spartiate et parfois même sadique avec ses châtiments corporels, administrés en cas de défaillances, de supposée faiblesse et ses exercices qui torturent les corps et les esprits afin de rendre plus souples, plus endurants. Cet apprentissage qui tient à la fois de l’entraînement militaire et du chemin de croix donne un aperçu du caractère quasiment sacré de cet art et des sacrifices que sont prêts à faire les aspirants artistes pour connaître la gloire et servir cette forme d’expression traditionnelle ultime. 

Douzi ressent un trouble pour son ami Shitou, qui lui préfère la compagnie d’une prostituée. Ces trois personnages vont connaître des bouleversements historiques – la guerre contre le Japon, la Révolution Culturelle – mais également intimes liés à la pratique exigeante d’un art qui demande une abnégation de tous les instants, qui fait parfois perdre le sens de la réalité mais aussi liés à leurs vies amoureuses. Le film brasse des thèmes aussi variés que l’art et ce qu’on est prêt à lui sacrifier, l’amour possessif, le totalitarisme qui meurtrit le peuple et les individus, la trahison. Tout cela sans jamais s’appesantir, mais en suggérant ou en résumant par des scènes fortes, intenses. 

adieu ma concubine

Une véritable splendeur

Chen Kaige, qui avait quarante et un ans à l’époque d’Adieu ma concubine et dont c’était alors le cinquième long-métrage, a connu dans sa jeunesse la période troublée de la Révolution Culturelle. Désirant par-dessus tout être intégré dans les gardes rouges, il est allé jusqu’à dénoncer son propre père, qu’il considérait comme traître au régime. Ayant ensuite pris conscience de cet acte indicible et irréversible, il lui semblait important de revenir sur cette période sombre de son pays. Avec cette œuvre fleuve de près de trois heures, qui offre des images splendides et un spectacle à la fois émouvant et fascinant par sa beauté formelle et son histoire, le réalisateur livrait un film qui alliait grande fresque historique et parcours intérieur, psychologique et amoureux des personnages interprétés par Leslie Cheung, Zhang Fengyi et Gong Li. 

Décors, costumes, mise en scène et interprètes, tous ces éléments concourent à faire d’Adieu ma concubine une véritable splendeur, un de ces films où le fond et la forme touchent à la perfection. Récompensé par une Palme D’Or en 1993, ex-aequo avec La Leçon de piano de Jane Campion, Adieu ma concubine est à nouveau visible en salle depuis le 16 août dans une restauration 4K distribuée par Carlotta Films


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