SÉLECTION | Les films à voir en novembre 2023 sur Ciné+
Chaque mois, en parallèle de notre agenda ciné, la rédaction vous propose une sélection de films à voir ou revoir sur les chaînes de Ciné+ et sur MyCanal. Films inédits sur petit écran, rediffusions, films de patrimoine et rétrospectives, voici notre shortlist du mois de novembre 2023.
As Bestas
Formidable architecte de la tension, Sorogoyen ménage ses effets, accompagnés d’une partition sonore grinçante qui contraste habilement avec la photographie du film, et laisse instiller cette atmosphère de plus en plus oppressante jusqu’à un plan-séquence central phénoménal. Entre drame intimiste et social et thriller redoutablement inquiétant, Rodrigo Sorogoyen fait de sa magistrale proposition cinématographique une saisissante fable sur la xénophobie et la lutte des classes. Un tour de force accueilli de façon triomphale lors de sa présentation mondiale à Cannes. Assurément, As Bestas est un tel monument de tension et un modèle d’écriture qu’il avait tout d’une Palme d’Or. – TP
Miss Sloane
Le rythme effréné de la narration et la formidable écriture des dialogues rappellent la maestria d’Aaron Sorkin, les mots et les images devenant des armes dans la confrontation de ces remarquables rhéteurs prêts à tout pour atteindre leurs objectifs. Les personnages, aussi vicieux qu’intelligents, sont au choeur de Miss Sloane, un thriller politique tendu et acéré qui tient en haleine de bout en bout. – TP
The quiet girl
Soigneusement mis en scène et magnifiquement photographié, The quiet girl envoûte par sa délicatesse et sa fragilité, pour véhiculer la simple idée qu’un enfant a besoin d’amour et de dévotion pour grandir et s’épanouir. Lorsqu’elle jaillit de la réserve de ses deux « foster » parents, la bonté de ces deux adultes cabossés par un drame touche en plein coeur et pulvérise toute once de cynisme. Un joyau discret, engageant et bouleversant. – TP
Imitation game
Si Benedict Cumberbatch, très à son aise dans ce rôle de Sherlock meets Sheldon, a logiquement été cité aux Oscars, saluons aussi la qualité du scénario de Graham Moore. Maniant admirablement l’art du storytelling, celui-ci offre un récit captivant dont le spectateur curieux ne décrochera jamais grâce à un rythme soutenu et à une double narration jamais alambiquée ou pesante. La mise en scène de Tyldum, classique mais soignée, soutient avec fluidité ce script très riche. – TP
Les crimes du futur
Pas forcément le plus accessible pour qui ne connaitrait pas le cinéma de son auteur, Les crimes du futur se révèle une réflexion testamentaire et philosophique fascinante sur la création artistique. Le geste quasi philosophique d’un artiste à la fois très lucide sur son parcours et critique envers son œuvre qu’il tente de mettre en perspective de l’environnement en constante mutation dans lequel elle évolue. Soit la définition parfaite d’un film de David Cronenberg. – AR
ET DU CÔTÉ DES CLASSIQUES ?
LES TROIS FRÈRES
Trois demi-frères, aux parcours et aux personnalités très différents et qui ne s’étaient jamais vus avant d’être réunis chez le notaire, doivent hériter de leur mère une grosse somme d’argent, mais rien ne se passe comme prévu. Sorti en 1995, Les Trois frères rassembla un peu moins de sept millions de spectateurs en salles. Fort de plusieurs scènes devenues cultes, cette comédie des Inconnus reste aussi très certainement leur film le plus réussi. – EF
LE PROFESSEUR
Un professeur remplaçant qui enseigne dans un lycée de Rimini tombe sous le charme d’une de ses élèves. Dans le rôle de cet enseignant désabusé, Alain Delon trouvait certainement un de ses meilleurs rôles, livrant une interprétation tout en nuances et en vulnérabilité. Le Professeur de Valerio Zurlini, grande œuvre sur le mal de vivre constitue un des plus beaux drames italiens des années 1970. – EF
LE DESERT DES TARTARES
Adaptation du chef d’œuvre littéraire de Dino Buzzati, Le Désert des Tartares de Valerio Zurlini peut être défini comme un drame militaire métaphysique, un film sur l’attente, l’ennui mais aussi le rêve de gloire. Le lieutenant Drogo attend l’attaque des Tartares qui le fera sortir de la léthargie de la routine quotidienne de la caserne où il a été affecté. Autour de Jacques Perrin se déploie un casting hors normes comptant notamment Max Von Sydow, Fernando Rey, Vittorio Gassman mais aussi Philippe Noiret ou Jean-Louis Trintignant. – EF
DIABOLIQUEMENT VOTRE
Adaptation d’un roman policier français et dernier long-métrage du grand réalisateur Julien Duvivier, Diaboliquement vôtre réunissait Alain Delon, Senta Berger et Claude Piéplu autour d’une histoire d’amnésie, de manipulation et de recherche de la vérité. Le film distille une atmosphère vénéneuse et angoissante. – EF
Lost in translation
Il plane sur Lost In Translation l’art de la mesure, la soif de l’alchimie. Sofia Coppola s’amuse ouvertement des clichés et de ce choc des cultures en pointant du doigt la désincarnation d’une ville-néon. Véritable témoin silencieux, Tokyo symbolise cette ultra-moderne solitude ressentie dans la rumeur des plus grandes métropoles. En opposition à cette fourmilière recrachant inlassablement ceux qui ne parviennent pas à suivre son rythme effréné, la cinéaste instaure un langage du regard. Les couloirs anonymes de l’hôtel, le bar ou les chambres envahies par d’encombrantes baies vitrées deviennent alors les vecteurs de la communication entre les protagonistes et sont érigés en remparts contre une frénésie assourdissante. Plus qu’un second long-métrage, Sofia Coppola a surtout livré le coup de maître de sa carrière en signant, avec Lost In Translation, un grand film sur l’ennui. – CB