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AUGURE

Après 15 ans d’absence, Koffi retourne au Congo pour présenter sa femme, enceinte, à sa famille. Considéré comme un sorcier par les siens, il rencontre trois autres personnages qui, comme lui, veulent s’affranchir du poids des croyances et de leur assignation. Seule l’entraide et la réconciliation leur permettront de se détacher de la malédiction qui les touche.

CRITIQUE DU FILM 

Après avoir reçu le prix de la nouvelle Voix dans la catégorie Un Certain Regard à Cannes cette année, Augure, le premier long-métrage de Baloji, a été choisi pour représenter la Belgique aux Oscar. Des récompenses décisives pour l’artiste pluridisciplinaire belgo-congolais qui, après une carrière dans la musique et les arts visuels, poursuit un parcours cinématographique prometteur. 

Lait et sang 

Dès sa scène d’ouverture, Augure nous plonge dans un univers contrasté. Tel un équilibriste, Baloji nous fait voguer au gré de fragments intimes et de croyances, entre fascination et répulsion, humour et angoisse. Le cinéaste nous conte les histoires de personnages touchés par des maux ancrés dans la réalité, mais envahis par un mysticisme dévorant. Avec, comme point de départ, le voyage de Koffi (Marc Zinga) dans son Congo natal après quinze ans d’absence, Augure va aborder une multitude de thématiques qui marient le rationnel à l’insaisissable, comme la maternité, les origines, l’identité ou encore le deuil. 

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Koffi et sa femme Alice (Lucie Debay) attendent des jumeaux. Mais cet heureux événement n’est pas accueilli comme tel par la famille de Koffi, qui le suspecte d’être un sorcier porteur de mauvais présage. Le long-métrage nous offre également le point de vue de trois autres personnages qui évoluent aussi avec le poids de leur assignation. Qu’il s’agisse de Koffi, de Paco (Marcel Otete Kabeya), l’enfant des rues, de Mama Mujila (Yves-Marina Gnahoua), la mère de Koffi ou de Tshala (Eliane Umuhire), sa sœur, tous les personnages soupçonnés d’être des sorciers et des sorcières sont meurtris par l’abandon, le deuil ou les injonctions. Qu’ils embrassent les croyances mystiques qui leurs sont assignées ou qu’ils les réfutent, elles ont toujours une emprise sur leurs trajectoires. 

Réalisme magique 

Animé par son propre vécu et notamment la signification de son nom, Baloji (« sorcier » en Swahili) met en images la complexité des croyances traditionnelles, les conditions de vie au Congo et des enjeux familiaux et identitaires à travers des points de vue enchevêtrés. À mesure que le film se déroule sous nos yeux, il devient difficile de distinguer le réel, la raison, l’imaginaire et la paranoïa. Et pour raconter les blessures teintées de mystique, Baloji a créé un univers profondément esthétique, à l’image de ses précédents travaux en tant que directeur artistique et créateur de costumes pour la mode. Empruntant à la fable et au conte, Augure nous abreuve d’images hypnotiques et de couleurs chatoyantes, embrassant un réalisme magique. 

Bande-annonce


Cannes 2023Un Certain Regard