featured_sea-sparkle

SEA SPARKLE

Lena, jeune navigatrice de talent, perd son père dans un naufrage en mer. Elle est déterminée à prouver qu’une énorme créature inconnue errante dans les profondeurs est responsable de cet événement tragique…

CRITIQUE DU FILM 

Nous sommes tous confrontés au deuil un jour ou l’autre, et c’est sans doute son caractère aussi intime qu’universel qui a donné envie à de multiples artistes de le raconter, à travers toutes sortes d’œuvres. Mais comment vit-on la perte d’un proche, le bouleversement de notre monde, alors qu’on est, soi-même, en train de se construire ? Le cinéaste belge Domien Huyghe a perdu son père soudainement, alors qu’il n’avait que quinze ans. Des années plus tard, il a écrit Sea Sparkle avec sa sœur Wendy, dans le but de retranscrire leur vision du deuil, à hauteur d’enfant.

Incarnée par l’excellente jeune actrice Saar Rogiers, Lena, l’héroïne du film, est âgée de douze ans lorsque son père disparaît dans un naufrage en mer. Alors que les premiers instants du film nous introduisent la ville d’Ostende, une petite station balnéaire belge située au bord de la Mer du Nord, nous découvrons l’univers de la jeune fille. Antoine (Valentjin Dhaenen), son père, est pêcheur et lui a transmis sa passion pour le monde marin. Intrépide et débrouillarde, Lena est d’ailleurs particulièrement douée pour la navigation. 

Du scénario au travail sur la lumière et les couleurs, tout est mis en œuvre dans Sea Sparkle pour que nous vivions l’histoire à travers le regard de Lena. Du bonheur lumineux qu’elle éprouve lorsqu’elle est entourée de ses proches, à la soif d’aventure qui l’anime, en passant par la confusion et la colère qu’elle découvre quand la mer lui arrache son père, Domien Huyghe retranscrit en images toute l’intensité et la complexité des émotions qui traversent sa jeune héroïne.

sea sparkle

Le cinéaste porte également un regard très sensible sur le contexte dans lequel évolue Lena. Au-delà de la fascination qu’il inspire à l’héroïne, le monde marin est également représenté comme un monde en mutation, à l’image des enjeux climatiques avec lesquels grandit la génération de Lena. De manière générale dans le film, tout ce qui arrive à l’héroïne, à commencer par la perte de son père, peut aussi traduire le bouleversement qu’implique le passage de l’enfance à l’âge adulte. Par ailleurs, le décor naturel est un point d’ancrage si important dans la vie de Lena, qu’il en devient presque personnifié : la mer qui l’a toujours fascinée, devient vite l’objet de sa colère et de ses tourments. 

Pour raconter le caractère intime du deuil et les multiples manières de le traverser, Sea Sparkle utilise le fantastique, faisant appel aux contes, aux légendes et à l’imagination de notre enfance. Ainsi, le deuil de Lena devient une quête, celle de percer le mystère d’un gigantesque monstre marin, qu’elle tient pour responsable de la mort de son père. Malgré l’inquiétude de ses proches, la jeune fille téméraire et déterminée ne recule devant rien pour leur prouver, ainsi qu’à elle-même, l’existence d’une telle créature. Grâce à cette dimension fantastique, l’histoire de Lena résonne comme un récit entre le drame, le coming of age et le film d’aventure, sensible et touchant par sa sincérité. 

Avec Sea Sparkle, Domien Huyghe trouve un très bel équilibre entre justesse et poésie afin de raconter le deuil à tous les âges, mais aussi de lever un certain tabou et, pourquoi pas, d’ouvrir un dialogue pédagogique sur cette période difficile.

Bande-annonce


13 décembre 2023De Domien Huyghe, avec Saar RogiersLynn Van RoyenSebastien Dewaele