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JOURNAL DE CANNES 2024 | Jour 1 : une furieuse ouverture

Après sa belle cérémonie d’ouverture, parfaitement présentée par Camille Cottin et marquée notamment par la superbe reprise de Modern love par Zaho de Sagazan, le festival de Cannes s’est ouvert avec la projection de la nouvelle comédie de Quentin Dupieux. Mais ce Deuxième acte a beaucoup moins convaincu que la prestation de la maitresse de cérémonie ou les hommages faits à Meryl Streep et Greta Gerwig.

Antoine Rousseau était déjà assez mitigé en sortant du Palais des festivals, y voyant « une nouvelle preuve que le cinéma de Quentin Dupieux piétine dès lors qu’il s’agit de dépasser son amusant dispositif initial » et regrettant un film assez « long, très laid, parfois drôle mais très vain dans ce que ça dit du cinéma ». Pas plus enthousiaste, Florent Boutet regrettait une oeuvre insignifiante, tant sur le fond que la forme, tandis que Thomas Périllon rejoignait la critique très irritée de Victor Van De Kadsye : Ni drôles, ni franchement intelligentes (en se cachant derrière son pseudo second degré), ses plaisanteries grotesques semblent si mal venues au regard du contexte dans lequel s’est ouverte cette 77e édition. Si l’on devine facilement que Dupieux ne se moque pas seulement du politiquement correct, mais également de ceux qui s’en servent pour couvrir leurs bassesses, le fait qu’il refuse de prendre ça autrement qu’à la légère laisse perplexe, autant quant à la finalité d’un tel projet destiné à une obsolescence rapide qu’au choix de placer un tel film en Ouverture d’un festival lancé sous haute tension. »

agathe riedinger

Il fallait donc très vite évacuer l’agacement provoqué par un tel visionnage, et la compétition débutant permettrait cela. C’est la Française Agathe Riedinger qui ouvrait le bal avec son premier film, Diamant brut. qui (pour Florent Boutet) « demeure une énigme, ne se livrant jamais totalement, laissant à quai autant qu’il peut toucher, charmant mais aussi rempli de promesses non tenues. » Bien qu’il ait pu apparaitre aux yeux de la rédaction comme un peu trop « fragile » pour figurer en compétition, Antoine Rousseau saluant le fait que la cinéaste « évite de filmer de haut une jeunesse désœuvrée » mais regrettant qu’elle « enfonce beaucoup trop de portes ouvertes« . Reste que « le film est une promesse, celle des films à venir d’une cinéaste, Agathe Riedinger, qui a tout pour nous surprendre à l’avenir. »

Tandis que la Semaine de la Critique s’est ouverte du côté de Miramar avec la projection de Les fantômes de Jonathan Millet, une oeuvre entre drame intime sur l’impossibilité du deuil et le thriller d’espionnage, la Quinzaine des Cinéastes s’ouvrait aussi au Théâtre Croisette avec la présentation de Ma vie ma gueule, ultime film de la regrettée Sophie Fillières. Marie Sérale a été touchée par ce « film autobiographique délicieusement drôle et décalé, mais aussi très émouvant sur la quête de soi, sur l’existence et ce que l’on laisse« .

Furiosa red carpet

Après la masterclass d’Andrea Arnold, qui recevait le Carrosse d’Or du côté de la Quinzaine, et celle de Meryl Streep qui se confiait en toute humilité et revenait sur son immense carrière devant une salle comble, Debussy accueillait la magnifique ouverture d’Un Certain Regard, présidée cette année par Xavier Dolan. Et c’est avec le très émouvant court-métrage Moi aussi de Judith Godreche que la sélection s’est ouverte, avant la projection du long-métrage d’ouverture, le magnifique When the light breaks, « un très beau film sur le deuil, d’une grande et belle intensité portée par une superbe actrice » selon Florent Boutet.

Au Grand Théâtre Lumière, c’était soirée de la gala avec la projection hors-compétition du très attendu Furiosa de George Miller, tandis que la compétition officielle se poursuivait avec The girl with the needle de Magnus Von Horn, « un long cauchemar qui s’empare d’une sordide affaire criminelle danoise pour interroger l’humanité qui réside dans le monstre et vice-versa. S’il peut être vécu comme complaisant, le film reste d’une puissance visuelle et thématique folle » affirme Antoine Rousseau.

The girl with the needle red carpet

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