BILAN | Les meilleurs films de juillet 2024
CHAQUE MOIS, LES MEMBRES DE LA RÉDACTION VOUS PROPOSENT LEUR FILM PRÉFÉRÉ LORS DU BILAN DU MOIS, CELUI QU’IL FALLAIT DÉCOUVRIR À TOUT PRIX EN SALLE OU DANS VOTRE SALON (SORTIES SVOD, E-CINEMA…). DÉCOUVREZ CI-DESSOUS LES CHOIX DE CHAQUE RÉDACTEUR DE LE BLEU DU MIROIR POUR LE MOIS DE JUILLET 2024.
LE CHOIX DE FLORENT BOUTET
Si les mois d’été sont plus des moments idéaux pour les ressorties de films de patrimoine, ou pour une désaffection des salles de cinéma, il faut admettre que 2024 est plus l’occasion de multiples sorties de grand intérêt. Au milieu de nombreuses propositions de talent, comme Matria, El profesor, Santosh ou Eat the Night, on retrouve le deuxième film de Jérémie Clapin, le premier en prise de vue directes, saupoudrés de quelques séquences d’animation aussi charmantes que nécessaires pour créer de subtiles ruptures de ton. Au sein d’un film qui traite de la science-fiction avec beaucoup de simplicité, on remarque une sensibilité extrême, qui mérite toute notre admiration. C’est avec beaucoup d’amour que Clapin parle d’une fratrie, ou le sacrifice est au centre de toutes les considérations, avec des choix terribles que doit prendre le personnage principal. Découvert dans la fraîcheur de l’hiver berlinois, Pendant ce temps sur Terre mérite toute la chaleur qu’on peut lui donner, à l’image de son coeur tout chaud qu’il nous délivre sans retenue.
Le choix de François-Xavier Thuaud
Cinéma de l’infra-ordinaire et du micro-organique, Here se soustrait au souci dramaturgique pour naviguer dans une réalité qui prend des allures de disponibilité. Stefan travaille à édifier, ShuXiu s’intéresse à la vie des mousses et Bas Devos met en scène une Bruxelles murmurée. Fugue citadine en sol majeur, Here invite à ralentir, observer et considérer. Tout ce que l’été permet.
Le choix d’Antoine Rousseau
Sous couvert d’un thriller haletant et implacable, Les fantômes explore avec brio la question de l’horreur de la guerre et de la torture, sans jamais montrer cette dernière. Porté par l’interprétation hypnotique d’Adam Bessa, le film se présente comme une longue et fascinante plongée au plus près des tumultes intérieurs d’un héros traumatisé qui a tout perdu, tout en rejouant efficacement les motifs du film de vengeance. Un coup d’essai impressionnant qui impose d’entrée de jeu Jonathan Millet comme un réalisateur sur lequel il va falloir compter.
Le choix d’Eric Fontaine
Full river red, sorti en Chine au début de l’année 2023, a déjà connu les honneurs de plusieurs grands festivals et remporté un grand succès mérité sur son propre territoire. Le film vaut pour son intrigue à tiroirs ingénieuse, ses scènes de corps à corps très bien menées, ses dialogues où menaces et jeux de dupes abondent et son esthétique particulièrement soignée. À la fois riche en actions et en dialogues brillants, le film de Yimou brille par son originalité, sa réussite plastique et son interprétation très convaincante.
Le choix de Matthieu Touvet
Bel exemple d’un film surmarketé qui tient ses promesses. En l’occurrence, celles de créer un film d’horreur qui ose s’aventurer dans un registre nouveau. Dans cette enquête, pas de jump scare donc, ni de climax qui joue avec nos nerfs. Ici, l’effroi pénètre de manière lancinante et insidieuse et plus on s’enfonce dans ce tableau sordide et froid, plus on se rapproche du mal absolu, incarné par un Nicolas Cage dont le personnage mystérieux et déstabilisant glace le sang. Rendant hommage à ses références évidentes (Le Silence des agneaux et les films de Fincher, entre autres), l’image au grain stylé et aux couleurs éteintes donne un éclat particulier à Longlegs, premier long métrage d’Oz Perkins.
Le choix de Thomas Périllon
Outre le joli Here, qui dévoile progressivement sa poésie insoupçonnée, et Les fantômes qui déroule sa tension à pas feutrés, ce mois de juillet offrait surtout la possibilité de revoir Paris, Texas en salle et de replonger dans la sublime errance mélancolique de Wim Wenders. Du côté des sorties inédites, l’attention s’est portée sur Sons de Gustav Møller, qui avait surpris tout le monde il y a quelques années avec son The guilty qui faisait de son économie de moyens une véritable force. Dans un dispositif en quasi huis-clos, mais plus étoffé, il confie à l’excellente Sidse Babett Knudsen la charge de porter son drame intime et carcéral. Un pari presque entièrement gagnant, malgré un dernier segment moins inspiré.