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RUE BARBARE

Daniel Chetman, alias Chet, ancien malfrat, est aujourd’hui un homme nouveau et droit. Un soir, alors qu’il rentrait chez lui, il surprend des délinquants en train de violer une jeune chinoise et décide donc de lui porter secours. Les truands appartiennent au gang de Mathias Hagen, avec qui il faisait affaire par le passé. Mathias décide de tirer un trait sur cette histoire mais Daniel, ne supportant la violence qui règne dans son quartier, décide de s’opposer à lui, quoi qu’il lui en coûte.

Critique du film

Avec Rue barbare, tourné en 1983 et sorti en janvier 1984, Gilles Béhat adaptait pour son cinquième long-métrage, un roman de l’écrivain américain David Goodis : Épaves, un roman de série noire sombre, désespéré. Le scénario auquel s’étaient attelés Gilles Béhat et Jean Herman transpose l’histoire, initialement située à Philadelphie, dans une banlieue française, probablement dans le Nord. Gilles Béhat avait été très marqué par le film de Jean-Jacques Beineix, La Lune dans le caniveau, adapté du même auteur et avait souhaité raconter une histoire également issue de ce grand écrivain qui a par ailleurs inspiré à plusieurs reprises le cinéma : Tirez sur le pianiste, Le Casse ou plus tard Descente aux enfers font partie des films adaptés d’œuvres de David Goodis. 

Daniel Chetman – joué par un Bernard Giraudeau au physique musculeux impressionnant – est un ouvrier, un soudeur, ancien malfrat qui s’est juré de ne plus se mêler des affaires des autres et qui fait mine de ne rien voir quand les hommes de Hagen, qui tient la petite ville sous sa coupe, sévissent, terrorisent et rackettent les commerçants. Mais certains événements et l’intervention d’un certain Temporini – Pierre Frag – qui cherche à le sortir de sa torpeur et de sa passivité, pourraient bien le faire basculer et lui faire reprendre le chemin de la violence.

Rue barbare appartient très probablement aux tout premiers films français dans lesquels on utilise la boxe thaïlandaise, ou du moins une forme de combat s’en approchant. Bernard Giraudeau avait d’ailleurs emmené Gilles Béhat dans des salles d’entraînement avant le tournage pour lui faire découvrir cet art martial. Un autre aspect original qui frappe quand on découvre ou revoit ce film, est son univers visuel proposant quelque chose d’alors assez inédit dans le cinéma français où l’on ne cherche pas forcément le réalisme. Le réalisateur souhaitait livrer une sorte de fable ou de tragédie. Hagen – Bernard-Pierre Donnadieu, implacable et marmoréen – dirige une bande de brutes, qu’on pourrait qualifier de horde ou de meute, des hommes sans pitié et sans honneur. La description de ces hommes de main ressemble à un croisement entre les personnages de The Warriors et de ceux de Mad Max, influences possibles pour Gilles Béhat. 

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L’atmosphère étouffante, l’absence d’espoir et d’horizon parcourent ce film dur et violent, qui attira 2 millions de spectateurs à sa sortie et fut une véritable onde de choc. La distribution compte également Michel Auclair en père libidineux et amoral, Jean-Pierre Kalfon, Christine Boisson, Corinne Dacla, Jean-Pierre Sentier et Nathalie Courval. Après ce film, Gilles Béhat allait réaliser encore d’autres longs-métrages pour le cinéma : Urgence, Les Longs manteaux, Dancing Machine ou Diamant 13, avec plus ou moins de succès, avant de se consacrer à la télévision. 

Sans conteste, Rue barbare reste son film phare pour son ambiance presque apocalyptique psychiquement, la musique de Bernard Lavilliers, sa singularité et sa représentation de la violence sans concession, mais jamais racoleuse. Si le film s’était fait rarement visible et que l’on pouvait craindre qu’il ait mal vieilli, il n’en est rien. Le film est certes très ancré dans une certaine époque, mais il garde toute sa force, sa vitalité avec ce récit d’hommes et de femmes qui cherchent aussi à fuir une vie sordide, rêvent d’un ailleurs peut-être hypothétique 


Rue barbare est disponible en Blu-Ray depuis le 18 septembre, édité par StudioCanal dans la nouvelle collection, Nos Années 80, qui compte 5 autres titres : Josépha, Le Choix des armes, Une Etrange affaire, Le Téléphone sonne toujours deux fois et Pour cent briques t’as plus rien. Cette édition de Rue barbare comporte plusieurs suppléments : une présentation du film par Jérôme Wybon, des interviews – Gilles Béhat, Bernard-Pierre Donnadieu, interview des interprètes principaux – et une bande annonce. 

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