JULIETTE AU PRINTEMPS
Juliette, jeune illustratrice de livres pour enfants, quitte la ville pour retrouver sa famille quelques jours : son père si pudique qu’il ne peut s’exprimer qu’en blagues, sa mère artiste peintre qui croque la vie à pleines dents, sa grand-mère chérie qui perd pied, et sa sœur, mère de famille débordée par un quotidien qui la dévore. Elle croise aussi le chemin de Pollux, jeune homme poétique et attachant. Dans ce joyeux bazar, des souvenirs et des secrets vont remonter à la surface.
Critique du film
Avec son quatrième long-métrage, Juliette au printemps, qui fait suite à Annie Colère, Blandine Lenoir adapte le roman graphique de Camille Jourdy : Juliette, les fantômes reviennent au printemps. Dès le début, on sent Juliette – jouée par Izia Higelin – assez stressée, même angoissée d’avouer au contrôleur qu’elle n’a pas de billet. Elle vient rendre visite à sa famille et on comprend assez rapidement que la jeune femme traverse une période difficile. Illustratrice de livres pour enfants, Juliette dort mal, souffre d’aménorrhée depuis un an et va donc retrouver son père – Jean-Pierre Darroussin – qui passe son temps à plaisanter, sans doute par pudeur, à travers des saillies où il ne rechigne pas à se dévaloriser.
Elle revoit également sa sœur, Marylou – Sophie Guillemin – mère de famille complètement débordée, sa mère – Noémie Lvovsky – peintre spécialisée dans des œuvres mettant en exergue les poitrines et sexes de femmes. Quant à sa grand-mère, qu’interprète Liliane Rovère, on vient de la placer dans un EHPAD et sa maison doit être vidée. Au cours de son séjour, Juliette va faire la connaissance de Pollux, jeune homme sensible et attachant, mais des secrets de familles pourraient bien remonter à la surface.
Juliette au printemps parle de choses intimes, graves ou douloureuses avec toujours beaucoup de pudeur et de justesse, mais aussi un humour salvateur. C’est également un film sur la dépression, celle de Juliette, bien sûr, ainsi que sur les névroses des membres de sa famille : son père qui se descend souvent en flèche dans ses réflexions humoristiques ou sa sœur Marilou, toujours énervée, contre ses enfants, son mari – Eric Caravaca – et refusant de s’engager avec son amant – Thomas de Pourquery. Il est aussi question d’émotions refoulées, de souvenirs enfouis et de difficultés à se confronter à certaines réalités de l’existence, ou au quotidien qui érode les sentiments et le goût de la vie. Le thème de l’incommunicabilité est aussi très présent.
Œuvre très attachante, pleine de tendresse pour ses personnages aux failles et à la vulnérabilité évidentes, Juliette au printemps amuse et émeut, toujours par petites touches. Le rire n’y est jamais vulgaire ou méchant. Au contraire, le film est constamment traversé par une forme de légèreté et une joie de vivre, le tout accompagné par la partition délicate de Bertrand Belin.