SAFE HOUSE
D’après l’histoire de Lindis Hurum, une travailleuse norvégienne de Médecins Sans Frontières en poste en République centrafricaine lorsque la guerre civile éclate en 2013. La veille de Noël dans un hôpital de campagne situé à l’extérieur d’un camp de réfugiés dans la capitale, Bangui. Lindis et ses collègues travaillent sans relâche pour sauver des vies, un musulman désespéré se précipite dans la clinique, fuyant les persécutions d’une foule chrétienne en colère.
Critique du film
Présenté en ouverture au festival de Göteborg le mois dernier et en avant-première française à Visions Nordiques, Safe house est inspiré de faits réels qui se sont déroulés la veille de Noël en 2013. Écrit par Harald Rosenløw Eeg et Lars Gudmestad et mis en scène par Eirik Svensson, ce thriller dramatique suit Linn, 35 ans, à la tête d’une équipe de travailleurs humanitaires qui œuvrent sans relâche pour sauver des vies dans une clinique de fortune à proximité d’un immense camp de réfugiés chrétiens. En pleine guerre civile en République centrafricaine, leur mission est essentielle, d’autant que leur organisation est la seule présente sur place, contrairement à d’autres ONG qui jugent le contexte trop dangereux.
Le 24 décembre 2013, un musulman fuyant la persécution s’introduit dans la clinique et s’y réfugie. Rapidement découvert par l’équipe soignante, il implore leur compassion et demande à rester, toute sortie à l’extérieur de l’établissement le plaçant en danger de mort. Malgré les réticences de certains collègues, Linn doit prendre une décision cruciale tandis qu’une foule agressives et les milices chrétiennes exigent que le fuyard leur soit remis. Le temps est compté et les enjeux sont lourds. Linn doit agir vite, mettant en balance la sécurité de son équipe et la valeur d’une seule vie.
Récit des quinze heures de tension au coeur de l’équipe de Médecins Sans Frontières présente à Bangui ce jour-là, Safe house rend hommage au courage des soignant·e·s présents en plein conflit, tentant de soigner la population et de sauver ceux qui peuvent l’être, alors que le pays fait face à une épidémie de rougeole. Face à l’indifférence de la communauté internationale, leur implication et l’existence de ce centre de soin sont vitales. Le dilemme moral est énorme pour Linn, qui est consciente qu’elle met en péril leur travail et la sécurité de son équipe, mais qui ne peut se résoudre à sacrifier la vie d’un homme dont on sait qu’il subira les représailles de la milice chrétienne.
Porté par l’interprétation solide (et polyglotte) de la talentueuse Kristine Kujath Thorp (Sick of myself) dans la peau de cette femme courageuse et dévouée, le drame d’Eirik Svensson, efficace et de bonne facture, met en lumière un conflit méconnu et l’importance de préserver chaque vie humaine, peu importe son genre, sa confession religieuse ou ses exactions.