POLISSE
Le quotidien des policiers de la BPM (Brigade de Protection des Mineurs) ce sont les gardes à vue de pédophiles, les arrestations de pickpockets mineurs mais aussi la pause déjeuner où l’on se raconte ses problèmes de couple ; ce sont les auditions de parents maltraitants, les dépositions des enfants, les dérives de la sexualité chez les adolescents, mais aussi la solidarité entre collègues et les fous rires incontrôlables dans les moments les plus impensables ; c’est savoir que le pire existe, et tenter de faire avec… Comment ces policiers parviennent-ils à trouver l’équilibre entre leurs vies privées et la réalité à laquelle ils sont confrontés, tous les jours ? Fred, l’écorché du groupe, aura du mal à supporter le regard de Melissa, mandatée par le ministère de l’intérieur pour réaliser un livre de photos sur cette brigade.
Copie inégale.
Sacré à Cannes par un Prix du Jury qui avait ravi le gratin journalistique française, Polisse de Maïwenn Le Besco est sorti ce mercredi sur nos écrans. Dans une salle parisienne comble – et surexcitée – la projection démarre avec la chanson de Casimir, évident (et déjà pénible) contre-pied censé illustrer l’innocence perdue des enfants du film.
D’ailleurs, Polisse mérite-t-il le statut de « film » ? Peu de choses dans ce film sont fictives. Des situations toutes plus glauques (et réelles) les unes que les autres à certaines scènes inutilement narcissiques, ce métrage souffre de son positionnement incertain entre docu et fiction.
Le personnage de Joey Starr, certainement le point fort de son oeuvre, sert de point d’identification pour le spectateur et symbolise à lui seul ce sentiment de révolte et d’impuissance face à la cruauté vécue par ces enfants qu’ils reçoivent dans leurs locaux. La cinéaste en herbe offre par son biais deux belles séquences particulièrement émouvantes et quelques répliques cyniques assez drôles. L’humour, justement, est le second atout de Polisse. Les moments de dérision sont bienvenus, comme des soupapes, pour les personnages comme le spectateur, permettant de supporter tout le reste.
Car, en deux heures, Le Besco tartine d’innombrables scènettes accolées les unes aux autres jusqu’à saturation. Mal monté et mal réalisé, Polisse semble ne jamais (ou presque) prendre le temps de se poser. Il semblerait que dans cet essai documentaire, Maïwenn Le Besco ait voulu être la plus exhaustive possible et évoquer le plus de situations représentatives du quotidien de la brigade des mineurs. Mais on frôle souvent l’overdose. À vouloir tout survoler (viol, inceste, exclusion, banlieues, roms, trafics, prostitution, anorexie, divorce, religions, drogue, abandon, politique…) en une paire d’heures, le film navigue à vue, sans cap, et perd le spectateur derrière cette accumulation de misère. Si la bonne volonté est indéniable, pour traduire sa révolte face à cette perversion humaine, le trait est bien trop appuyé et cela donne lieu à de trop nombreuses scènes douteuses et un épilogue presque risible.
L’obsession de Maïwenn Le Besco à coller à la réalité brute (jusqu’à se mettre elle-même en scène avec son fiancé et sa propre famille) apparait d’une naïveté adolescente et Polisse ressemble à la dissertation d’une lycéenne, pas forcément sotte et bien intentionnée, qui aurait tellement de choses à dire qu’elle ne parviendrait pas à organiser sa pensée, et finirait par accumuler les lieux communs. Ainsi, l’élève Le Besco rend une copie inutilement longue et dense, là où plus une oeuvre plus synthétique et plus soignée aurait été plus efficace. On relèvera néanmoins quelques belles idées (séquences) et une belle distribution qui se démène dans leurs rôles stéréotypés. Ce cinéma-là manque, pour l’instant, de maturité artistique et de distanciation.
MAÏWENN LE BESCO | FRANCE | 127 MIN | 19 OCTOBRE 2011 | KARIN VIARD, JOEY STARR, MARINA FOIS |
Moi j’ai vraiment adoré ce film qui m’a laissé complètement bouleversé. J’avoue que la non transition entre les scènes m’a parfois étonné mais je ne m’y suis pas arrêtée
J’ai trouvé que le sujet (particulièrement difficile) n’ai pas tombé facilement dans le pathos comme il l’aurai pu et Maïwenn a bien su nous montrer la complexité des personnages. Et si comme tu dis le film est vraiment four tout car il aborde beaucoup de thèmes, c’est aussi parce que le sujet est très complexe.
je crois que dans la salle personne n’est resté indifférent, il y a d’ailleurs eu beaucoup de rires nerveux à des moments plein de tension. ce qui prouve bien que le film est une réussite, au moins de ce point de vue.
Ps : je n’ai pas trop compris moi non plus la scène du repas de famille …
C’est vrai que le film est mal monté. C’est vrai qu’elle veut trop en dire, quitte à perdre l’essentiel. Reste que le film est fort, par son sujet et par sa mise en scène fébrile. Dans la masse des films mièvres qui nous sont proposés, je trouve qu’il tient la route.
Bonsoir Deborah,
Merci pour ce commentaire. Je ne suis pas vraiment d’accord avec ce que tu dis. Mais ce qui me gêne le plus dans celui-ci c’est cette argument : « personne n’est resté indifférent, il y a eu des rires nerveux, ce qui prouve bien que le film est une réussite ». Je suis désolé mais mettre les gens mal à l’aise ne veut pas dire réussir un film. Et si « les gens » étaient une référence pour dire qu’une oeuvre est réussie ou non, alors ça voudrait dire que « Bienvenue chez les Ch’tis » est à classer au Panthéon du cinéma. Egalement, quand ils voient du sang (ex : Drive), les gens rient de façon gêné, ce qui est consternant. Non, définitivement cet argument n’est pas recevable pour moi.
En tout cas, pas de soucis si certains ont aimé ce film, il a de belles qualités mais aussi beaucoup de grossières erreurs de jeunesse. Mais comme le dit Neil il se détache un peu de la masse donc on peut dire qu’il « tient la route » 🙂
Bonne soirée !
Je comprends absolument tous les défauts que tu trouves au film, le côté listing, vouloir en dire un max en 2h, la fin pas très fine, intégrer trop d’elle-même dans le film. Cependant ce choix de mise en scène, de ne jamais s’arrêter et d’en faire des tonnes, concoure indéniablement à l’atmosphère du film, à sa force et son impact sur le spectateur. Maintenant, je comprends qu’on puisse ne pas y adhérer (j’en ai discuté pendant 1h avec l’amie avec qui je suis allé voir le film, et qui avait une opinion proche de la tienne), par contre je pense que dire que le film est mal réalisé est un poil exagéré.
Au passage : j’adore le nouveau design de ton blog !
Je suis désolé je le trouve vraiment mal filmé et mal monté. Cela m’a beaucoup dérangé. En revanche, dès qu’elle prend le temps de poser sa caméra et de laisser une scène prendre de l’ampleur, ça devient tout de suite beaucoup mieux. Ca laisse de l’espoir !
Pas d’accord, pas d’accord, pas d’accord 😉
Mais ce commentaire me rappelle celui que j’ai fait sur LVT et sa caméra à l’épaule qui m’a donné la nausée dans « Melancholia », alors que ses plans fixes étaient somptueux.
Bien vu la dissertation de lycéenne qui veut jouer les fayotes, car Polisse ressemble effectivement ça. Tu connais mon avis sur le film, encore plus mitigé que le tien tout en lui trouvant quelques qualités quand même. Et puis cette fin… Je n’arrive pas à comprendre que pas mal de blogueurs ne soient pas dérangés par cet épilogue raté et complaisant et vantent le film comme si de rien n’était. Bizarre…
Et sinon, très sympa le nouveau look de ton site, très élégant et très clair.
Oui, totalement d’accord, et comme toi mymp, je suis gêné par cette fin absolument inutile, qui en rajoute encore dans le côté « catalogue de tragédies ».
Grave. C’est naze, simplet, prétentieux, et même pas beau. Ce film a de faux airs d’une mauvaise comédie, tant on semble sourire plus qu’on est ému. Franchement, à part Joeystarr, que dalle à tirer de ça, et certainement pas un film choc.
Voilà un film que je n’irais pas voir. Ce n’est pas que je n’aime pas Maïwenn (peut être un peu, son côté- j’ai tellement bosser pour mon film m’agace un peu-), mais vu mon boulot ça me branche pas. Je vais au ciné pour me détendre pas pour revoir ce que mes collègues assistantes sociales et amie rencontrent au quotidien (je ne bosse pas à l’ASE mais je connais ce genre de situations pour en avoir rencontrées, et voir des enfants souffrir non). Au vu de la bande annonce, ma non-envie est devenue une résolution.
Un jour peut être, je regarderais, une fois l’effet de surprise estompé. Une fois que j’aurais changer de boulot (pour la retraite mdr!).
Il n’y a pas à dire ton image sur la lycéenne qui remet une copie sage, mais dense est exacte !
Je me suis attachée au film, mais pas pour sa qualité cinématographique…
Je suis assez d’accord avec toi, une réalisation qui manque de maturité. En revanche sur le fond on est quand même en face d’un grand film, brutal, sans concessions, glaçant. Un bon premier film.
Ce n’est pas son premier « film » mais le troisième.
Oups au temps pour moi, tu as effectivement raison, je n’ai pas vu ses deux premiers films… J’étais convaincu que c’était son premier, merci de la rectification 🙂
Bonjour, je suis Jérémy, je suis un kamikaze ! 😉
Ok, j’ai adoré le film. Sans me défiler, je comprends les reproches que l’on peut faire au film. (Je bascule du blog de Mymp au tien… vous êtes siamois ou quoi ?!)
J’aime beaucoup Maiwenn – réalisatrice, car j’ai également du mal avec le « personnage » – lorsqu’elle recherche obstinément et de façon boulimique la vérité des instants, et l’émotion sans surenchère (d’où la fin ratée).
J’aurai aimé faire mon observateur précis et imposer des arguments… malheureusement je me suis fait littéralement porté par la grande sensibilité de ‘Polisse’ et ses portraits follement humains.
C’est mon petit côté fleur bleue tu crois ? Allez, je vais m’prendre un maxi pop corn devant ‘Real Steal’ pour récupérer de la testostérone !!
Pas encore vu, mais je suis curieuse de le découvrir. Je ne suis pas très fan du cinéma-vérité de Maïwenn, mais elle a en elle une sorte de grosse sincérité qui m’émeut, même si c’est un peu bobo. Je crois que la gamine a morflé et son côté d’écorchée me touche. Il parait que JoeyStarr est sublime.
Nous sommes d’accord en effet. Et merci ! 🙂
Et oui, mais le public semble dupe.
Bonne dose de testostérone alors ^^ Moi je passe mon tour malgré mon affection pour Hugh Jackman.
Sublime, faut peut-être pas pousser ^^
J’adhère complètement à cet avis ! Maïwenn la narcissique a encore frappé !
D’accord avec vous. Beaucoup trop de maladresses et de lieux communs.
cela fait un moment que je cherchait un bon film , car tout les grands classics je les ai regardé 20 fois au moins ( apres biensur les gouts et les couleurs ne se discutent pas ) jai plusieur fois hesité a le regarder et finalement jai grave kiffé !!! je ne vois pas quesqui pourrait etre un bon film pour vous mais franchement vous abusez un peu quand meme . putain il est genial vous navez qu’a ouvrir les yeux et pour celles et ceux qui veulent bien me donner le titre d’un film RECENT et aussi bien je suis tout ouie