LES GARÇONS ET GUILLAUME, À TABLE !
Le premier souvenir que j’ai de ma mère c’est quand j’avais quatre ou cinq ans. Elle nous appelle, mes deux frères et moi, pour le dîner en disant : « Les garçons et Guillaume, à table ! » et la dernière fois que je lui ai parlé au téléphone, elle raccroche en me disant : « Je t’embrasse ma chérie » ; eh bien disons qu’entre ces deux phrases, il y a quelques malentendus.
Fiston à sa môman…
Ce qui rencontre un (éventuel) succès au théâtre fonctionne-t-il forcément au cinéma ? On se posait déjà la question après avoir enduré l’interminable et affligeante non-adaptation de la pièce Le prénom, portée à l’écran par le tandem franco-français La Patellière-Delaporte. On est en droit de se poser la même question avant et après le visionnage de Les garçons et Guillaume, à table ! Couvert d’éloges par une presse sympathisante et particulièrement indulgente (chaque année, elle nous refait ce sale coup du copinage, comme ce fut le cas précédemment avec Camille redouble), Les garçons et Guillaume à table est supposée être la fusion réussie entre comédie populaire et divertissement bobo-branchouillard certifiée par Les Inrocks. Il n’y a pourtant rien de populaire à singer les vieux bourges (cible un peu facile) et rien de branché à jouer la carte de la fausse transgression en accumulant les clichés.
Cherchant à justifier son label Comédie Française, l’acteur en fait des tonnes jusqu’à l’excès. Celui qui s’était fait connaître par ses sketchs parodiques à l’humour appuyé et caricatural (il y a quelques années au Grand Journal, sur Canal+) n’a vraisemblablement rien perdu de son « art » puisqu’il applique ici la même recette en espérant s’engouffrer dans la brèche des DanyBouses lobotomisant le box-office. Il poursuit sur cette voie du travestissement égocentrique avec un long-métrage ressemblant à une succession de scénettes qui ne forment même pas un tout digne d’être nommé « film ».
Visiblement, celui-ci fonctionne pourtant (pour l’instant) avec un démarrage honorable qui a largement bénéficié du buzz bien organisé par les différents médias (du groupe Canal+, qui bizarrement produit le film). Toutefois, vu le nombre de retours mitigés et négatifs lus ou entendus depuis la sortie du film, il semblerait que ce film extraordinaire ne le soit pas tant que ça et il ne serait guère surprenant que la fréquentation s’effondre dans les semaines à venir. Après tout, qui a envie de gaspiller temps et argent pour suivre la psychothérapie oedipienne d’un Stéphane Bern narcissique qui aura mis trente années à couper le cordon ?
La ficheLES GARÇONS ET GUILLAUME, À TABLE !
Réalisé par Guillaume Galienne
Avec Guillaume Galienne
France – Comédie narcissique
20 novembre 2013
Durée : 85 min
« Il a osé » et il a bien raison…
Tu es bien dur avec ce film. Déjà, c’est clair que si l’on aime pas les adaptations théâtrale au cinéma, on ne peut pas aimer ce film sympathique. Il n’est pas le film de l’année mais il n’est pas dénué d’intérêt
Mais ce n’est pas un « film », c’est une succession de sketchs entrecoupée de monologues théâtraux. Et les adaptations de pièces, ça peut être réussi mais il faut du talent et un sens cinématographique : http://www.lebleudumiroir.fr/?p=1219
Ah mais c’est clair que ce n’est pas la meilleure adaptation.
Malgré tout, le style reste sympa et la mise en scène et adaptation au cinéma est intéressant
Accumuler les clichés et les scènes-gags, mettre un peu de musique anglaise en tombant dans l’eau et faire le singe en se travestissant, je n’appelle pas ça du « style ».
Comme tu le sais je suis entièrement d’accord. Cette promotion m’a écœuré. Comme d’habitude, les français qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez et de leur télévision vont voir en masse ce film narcissique, pas drôle et homophobe…Et tu vas voir : César du premier film, de l’adaptation, de l’acteur… 🙁
Lvovsky est tout de même repartie bredouille, j’ai bon espoir.
T’es content, t’as réussi à m’énerver !!! 😉 Comparer ce film (oui FILM, car c’en est un ! il y a du cinéma dans sa mise en scène, même si le film enchaine (avec un bon fil conducteur) les scènettes) à du Dany Boon ???
Egocentrique ? peut-être, mais quelle autodérision ! et surtout il y a une universalité dans le propos et un vibrant hommage aux femmes, qui font que ce n’est pas qu’une autobiographie égocentrique.
Je suis tout à fait d’accord avec toi!
Désolé mais j’assume, c’est du Dany Boon pour bobos : on accumule les clichés, on véhicule les lieux-communs et les pires idées hypocrites derrière des singeries insupportables. Le tout saupoudré d’une grosse promo sympathisante et hop une jolie pomme empoisonnée !
Bonjour, je suis moins dure mais je suis restée perplexe devant ce film. Bon dimanche.
J’ai adoré ce film ! Oui, la promo peut paraître saoûlante mais ça fait partie du jeu ! En tout cas, le film a déjà dépassé le million, je pense qu’il peut encore rameter du monde, au contraire ! (et sans vouloir te décourager, à mon avis, il aura au moins le césar du meilleur premier film)
Pour une première réalisation, j’ai trouvé que Gallienne s’en sortait très bien et l’aspect théâtral ne m’a pas dérangé et je trouve qu’il se justifie même. L’ensemble m’a à la fois fait rire et ému, et j’ai trouvé le sujet extrêmement bien traité, avec subtilité et pudeur. Ca aurait pu être prétentieux mais je ne l’ai pas trouvé. Quant à la vision bobo, d’habitude, j’avoue que ça me dérange, mais le regard apporté reste quand même plus intéressant par rapport à ce qu’on voit d’habitude dans le cinéma français.
La promo fait partie du jeu mais la promo sympathisante et forcément élogieuse, j’appelle ça du conflit d’intérêt ou du piston. Il est bien gentil de Gallienne avec ses sketchs et ses déguisements, mais de là à en faire un film qui n’en est pas un…
Je le trouve traité avec égoïsme et mièvrerie, avec grossièreté également. Et puis cette volonté de se croire mieux que les autres alors qu’on véhicule les pires clichés sur la bourgeoisie et l’homophobie refoulée.
Il y a de quoi rester perplexe, effectivement.
Enfin, ils vont quand même pas dire que son film c’est de la merde (je veux dire, c’est se fâcher ou se mettre une balle dans le pied), à part vraiment dans les quelques émissions où ils balancent cash ce qu’ils pensent! Même les mauvais films avec Kad Merad (par exemple, Safari = ça, ce n’est pas un film !) ne sont pas descendus en flèche dans les émissions tv… J’ai trouvé que ça ressemblait à un film, d’un point de vue cinématographique, j’ai vu vraiment bien pire. Je n’ai pas du tout vu l’ensemble comme une succession de scènes et j’ai trouvé qu’il a bien raccordé le film avec les scènes qui se passent au théâtre. Franchement, ça m’a vraiment surprise, d’habitude, le théâtre au cinéma, ça a tendance à me gonfler. Je redoutais justement cet aspect, mais ça passe bien.
Je respecte évidemment totalement ton avis, et ça ne me dérange pas du tout qu’on ne partage pas la même opinion, mais j’ai du mal à comprendre comment tu as pu voir dans ce film de l’égoïsme. Quand tu parles de grossièreté, c’est dans le sens « vulgaire » ou c’est plus dans le sens « gros, cliché » ? Qu’il y ait des trucs gros, je comprends ce que tu veux dire, par contre, pour moi, ce n’est pas du tout vulgaire.
Après, les clichés, dans une comédie, y en a toujours plus ou moins, mais si on prend l’histoire comme une autobiographie, ils paraissent beaucoup moins gros je trouve. Et puis, bon après, si ça se trouve, tu détestes ce film et mon exemple va tomber complètement à plat (bon allez je tente quand même), mais un film comme La Cage aux folles est quand même assez cliché et gros, et franchement le film reste très drôle ! Y a peut-être quelques faits grossis, mais pour ma part les scènes sont passées comme une lettre à la poste ! Et concernant le milieu bobo, voire même bourgeois, franchement j’ai vu bien plus cliché, et surtout plus agaçant dans le cinéma français !
(et je n’ai rien contre Dany Boon, j’ai bien aimé ses films derrière la caméra, mais franchement, y a quand même plusieurs mondes entre Boon et Gallienne, que ce soit dans l’humour, ou la manière d’aborder les personnages).
Il y a beaucoup d’humour dans Les Garçons et Guillaume, à table ! Mais cette comédie de Guillaume Gallienne est assez démodée. Elle séduira nettement un public âgé ou aisé en mal de décoinçage. Au fur et à mesure que Guillaume se découvre, on a l’impression que la morale est une forme cachée d’éducation orientée politique de droite. En effet, toute son enfance le personnage s’est identifié aux filles au point de croire en être une. Il aime sa mère et toutes les femmes. Il les connaît par cœur et est bien sûr attiré par ce qu’il ne connait pas : les hommes. Mais quand chère tante lui explique qu’il faut tester les choses pour savoir ce qu’on en pense, il comprend ce qu’il aime vraiment : ce qu’il connaissait déjà si bien…Guillaume Gallienne met en scène son film en Moi Je avec tellement de kitchissisme que son objectif devient flou. On passe un bon moment mais on reste pantois devant la volonté du réalisateur à en faire une déclaration aux femmes, une guerre contre les clichés de l’homosexualité ou au contraire une éducation à l’hétérosexualité affirmée.
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[…] saisissante de justesse de l’homme derrière le génie, Pierre Bergé. Celui qui agaçait jusqu’alors (avec ses pitreries, ses travestissements et ses questionnements très […]
[…] Si Mathieu Amalric et Albert Dupontel font plutôt bien le travail dans La venus à la fourrure et 9 mois ferme, c’est Mads Mikkelsen qui mérite selon moi le César pour son Michael Kohlhaas. Portant le film de Arnaud Des Pallières sur ses solides et charismatiques épaules, le danois livre une performance éblouissante dans ce drama à petit budget, dans la langue de Molière s’il-vous-plait. Malheureusement, il est fort à parier que ce cabotin de Guillaume Gallienne remportera le prix avec ses pitreries travesties dans le très irritant Les garçons et Guillaume à table. […]
Vous êtes bien gentil avec vos critiques à 2 balles, mais de là a en faire un site et à étaler votre prose boueuse à la face du monde…
Merci Bob pour ce commentaire courageux et argumenté.
Attention, je parle (sauf erreur de ma part) d’égocentrisme. Tout ça est très narcissique avec un fond latent de « OUF je ne suis pas PD » assez désagréable. Egalement, je lui trouve d’énormes facilités en terme de gags (le massage suédois, le nettoyage rectal…) qui font qu’il manque franchement de subtilité. Enfin, je n’ai pas trouvé ça drôle, désolé.
Et le problème de la promo est que les scènes de sa mère avait déjà tourné en boucle sur toutes les chaînes…
Merci pour ce commentaire que je valide majoritairement (je ne vais pas chipoter) 😉
Mais y’a pas de quoi mon petit bonhomme, y’a pas de quoi!
Pas trop mal à vos petites fesses après la cérémonie des Césars? Faut-il vous envoyer de la pommade?
Le « ouf je suis pas PD » n’est pas le fait qu’être gay soit mal, c’est juste qu’il a trouvé son identité sexuelle. Et quand on sait qui on est, on ne souffre plus, on peut réellement vivre.
Après, l’humour reste subjectif. Si t’as pas trouvé ça drôle, c’est comme ça 🙂
(t’as dû criser aux César hier, non ?)
Et oui Tina, j’ai effectivement « frisé » à chaud, j’étais franchement écoeuré. Qu’on ait aimé le film soit. Qu’on lui ait trouvé des qualités, passe encore. Mais qu’on le sacre doublement comme MEILLEUR 1ER FILM et MEILLEUR FILM en oubliant de sacrer le meilleur film français de la décennie (ayant reçu la Palme), c’est juste ridicule.
[…] entre Mads Mikkelsen pour son Michael Kohlhaas et Guillaume Gallienne pour son très personnel Les garçons et Guillaume à table. Si le comédien de la Comédie Française méritera l’année prochaine d’être nommé […]
comme j’ai vraiment adoré « … à table! », et que je trouve La vie d’Adèle surestimé (même s’il est bon) t’imagines que j’étais quand même contente. Mais effectivement y a quelques hics. Pourquoi Léa Seydoux était nommé en premier rôle alors qu’il s’agit d’un deuxième rôle ? Pourquoi Exarchopoulos n’était pas nommée dans la catégorie meilleure actrice ? Pourquoi Ali Mosaffa n’a t-il pas été nommé ? Après je pense que Kechiche n’a pas été récompensé à cause des nombreuses polémiques. D’ailleurs, il n’a même pas pris la peine de se déplacer.
Quelle critique agressive et de mauvaise foi: « bobo-branchouillard certifiée par Les Inrocks »,pourquoi pas « socialo-communiste »,tiens d’ailleurs les Inrocks n’ont pas aimé le film,et un cliché,un!, »sketchs parodiques à l’humour appuyé et caricatural »,vous parlez de ces désopilantes pastilles d’humour qu’étaient « les bonus de Guillaume »? ,la comparaison grotesque (et complètement inappropriée) avec Dany Boon (et bientôt avec Max Pécas,pourquoi pas tant qu’on est dans le n’importe quoi).
Bref,votre critique est limite haineuse,donc pas passionnnante.Au moins aux Inrocks,il y a des vrais arguments autres que « c’est pas marrant « , » c’est boboïsant »(pfff), »c’est rien que du copinage, »les déguisements c’est trop nul ».Etre critique de ciné,ce n’est pas ça,non! (je précise que j’ai assez aimé le film,sans plus et que 5 césars,c’est 3 de trop selon moi)
Merci monsieur pour cette leçon de bon goût, de syntaxe et de dactylographie. Vous êtes un exemple, je bois vos paroles.
Sachez également mon cher que je ne cite pas Les Inrocks au hasard, mais peut être ne connaissez-vous pas l’utilité d’un lien et d’une souris (cet outil qui permet de cliquer sur le-dit lien) ?
Pour venir à votre rescousse de moralisateur blessé par mon billet, voici la critique très élogieuse des Inrocks : http://www.lesinrocks.com/cinema/films-a-l-affiche/les-garcons-guillaume-table/
Je suis sûr qu’elle vous fait chaud au coeur et oublier ma prose de mauvaise foi.
À bon entendeur, merci d’être passé déverser votre bile, vous qui confondez sarcasme et haine, deux termes peut-être trop complexes pour vous qui êtes visiblement trop indulgent en matière de comédie.