LA BELLE ET LA BÊTE
1810. Après le naufrage de ses navires, un marchand ruiné doit s’exiler à la campagne avec ses six enfants. Parmi eux se trouve Belle, la plus jeune de ses filles, joyeuse et pleine de grâce. Lors d’un éprouvant voyage, le Marchand découvre le domaine magique de la Bête qui le condamne à mort pour lui avoir volé une rose. Se sentant responsable du terrible sort qui s’abat sur sa famille, Belle décide de se sacrifier à la place de son père.
La Blonde et la Brute
Tout le monde connait l’histoire du conte fantastique La belle et la bête. Que vous soyez plutôt Cocteau ou plutôt Disney, vous avez sûrement guetté la sortie de cette nouvelle adaptation made in France, avec curiosité ou scepticisme. La première bande-annonce annonçait déjà la couleur mais il était toujours possible de croire en l’impossible.
Car cette version de Christophe Gans (Le pacte des loups, Silent Hill) se veut un divertissement familial, un blockbuster à la française, avec son budget faramineux qui en fait un pari risqué et onéreux. Malheureusement, ce pari-là n’est pas relevé. En bâclant, voire en expédiant de façon révoltante la relation se tissant progressivement entre Belle et la Bête, Gans se tire déjà une balle dans le pied. L’intérêt du conte était là : l’acceptation de l’autre, au delà de son apparence et de ses erreurs passées. Une pauvre vision-flashback, envoyée en rêve à Belle par magie, suffit à la blonde pour tomber éperdument amoureuse du prince maudit. La femme passe ainsi pour une greluche sentimentale s’amourachant en trois jours d’un odieux connard tortionnaire ayant jadis buté sa nymphe des bois. Vision misogyne ou absence totale de propos ?
Si l’histoire est saccagée sans vergogne, sacrifiant l’intrigue sur l’autel du spectacle (en images de synthèse), l’interprétation n’aide pas non plus à se sentir transporté. Plus mauvaise que jamais, Princesse Leïa Seydoux débite son texte sans conviction ni relief. Face à elle, Vincent Cassel fait du mieux qu’il peut en doublant le gros matou costumé et chapeauté. Le carnage est encore plus frappant du côté des seconds rôles avec une Audrey Lamy mauvaise à s’en crever yeux et tympans, tandis qu’André Dussolier n’est jamais aussi bon que lorsqu’il somnole. Que dire enfin des fistons du marchand ou de la bande de méchants, certainement castés du côté d’NRJ12 ?
Certains apprécieront peut-être la beauté plastique du film ou encore ses costumes et décors plutôt soignés. Si l’on concédera le deuxième argument, on ne pourra en revanche valider le premier tellement l’image est trop souvent gâchée par l’utilisation constante de filtres et de flous artistiquement douteux lui conférant une esthétique surannée.
Doté d’un budget de 35 millions d’euros et d’un matériau en or, Christophe Gans réussit l’étourdissant exploit de dépouiller une oeuvre formidable de toute sa substance en offrant un désastre de blockbuster aussi laid que stupide. Si personne en France n’est capable de proposer mieux, ne nous étonnons pas de voir les salles se vider et des navets comme Les trois frères – le retour atteindre facilement le million.
La ficheLA BELLE ET LA BÊTE
Réalisé par Christophe Gans
Avec Léa Seydoux, Vincent Cassel, André Dussolier, Audrey Lamy
France – Fantastique, Romance
12 février 2014
Durée : 112 min
La BA suffisait pour voir le fait que c’était une daube, je ne te contredirai pas ^^
[…] de son bien-avisé copain mécène Jérôme Seydoux – qui (lui) n’en finit plus de niveler par le bas la production française à coups de dizaines de millions d’euros. […]
Aie je vais être banni mdrrr, j’ai plutôt apprécié, mais j’y suis allé en spectateur non averti, bon public, avec les retours de quelques proches… Etant un inconditionnel de Dussolier, je peux difficilement lui reprocher quelque chose, les autres acteurs laissant à désirer toutefois…. Oui, la déco m’a parlé, les quelques effets aussi, notamment les géants qui sortent de terre, c’est fun ! Bon, pas le film de l’année évidemment, mais dans tout ce qui est sorti dernièrement, c’est pas le pire
[…] La Belle et la Bête – Christophe Gans […]