amour-surcote-alterlove

Amour(s) à l’épreuve : ALTERLOVE et L’AMOUR C’EST SURCOTÉ

Le hasard (ou le calendrier des distributeurs) fait bien les choses : ce mercredi sortent Alterlove de Jonathan Taïeb et L’amour c’est surcôté de Mourad Winter. Ces deux comédies romantiques françaises assument leur ambition : chercher à renouveler le genre, en confrontant les récits amoureux aux questionnements contemporains. Tandis que le premier parie sur l’élan d’une nuit parisienne, l’autre raconte le désenchantement d’un homme face à ses relations. Si les intentions sont louables, les résultats restent inégaux.

Dans Alterlove, Jonathan Taïeb met en scène la rencontre fortuite de Jade et Léo, deux inconnus qui errent dans Paris, le temps d’une nuit suspendue. Si le dispositif rappelle celui de Before Sunrise, il ne tutoie jamais la même densité émotionnelle. On saluera cependant une volonté de capturer l’instant et l’élan du verbe, mais les dialogues sonnent parfois de manière trop artificielle pour réellement convaincre. Ainsi, à force de chercher la vérité dans la parole, le film oublie parfois de faire exister ses personnages autrement que par des discours d’intention. Leur passé reste flou et leur présent peu incarné. Le naturel affiché devient pose, et le minimalisme, une limite plus qu’un choix de style.

Face à lui, L’amour c’est surcoté propose une comédie plus accessible autour d’un homme en crise, englué dans ses désillusions sentimentales. Mourad Winter assume une comédie du désenchantement, qui cherche sa place entre satire sociale et introspection mélancolique. Si certains dialogues font mouche, notamment grâce au panache comique de Laura Felpin, l’ensemble peine à dépasser l’exercice de confession un peu nombriliste. Le film se contente trop souvent de juxtaposer des situations et abuse de son regard faussement acide, presque complaisant dans sa lucidité désabusée, jusqu’à en oublier de proposer un contrechamp satisfaisant à la solitude du personnage, qui traine sa nonchalance tout du long.

Ces deux tentatives de redéfinir le récit amoureux au cinéma, que l’on devine sincères, se révèlent malheureusement inabouties. L’une rêve d’un amour possible dans les interstices du quotidien ; l’autre décrète qu’il ne reste plus rien à en attendre. Pourtant, ni l’un ni l’autre ne parvient vraiment à réinventer les formes ou les structures d’un genre qu’ils cherchent à bousculer. Leurs critiques du couple ou du romantisme restent davantage énoncées que vécues, peinant à s’incarner dans des trajectoires fortes ou à proposer un regard véritablement neuf. Reste une volonté commune, malgré tout : parler de l’amour autrement. Le questionner, le mettre à l’épreuve, lui faire perdre son vernis. C’est déjà pas mal — à défaut d’être plus audacieux et plus incarné.


Au cinéma le 23 avril 2025