AU POSTE | La nouvelle comédie noire de Quentin Dupieux
Qui ?
Après une longue période américaine, le réalisateur français Quentin Dupieux (« Mr. Oizo ») revient en France pour son nouveau long-métrage intitulé Au Poste.
Référence incontournable du non-sens et de l’humour noir, Quentin Dupieux a su construire, en quelques années, une oeuvre cohérente et profondément singulière. Depuis son Nonfilm (2001), sorte de mise en abîme absurde et déroutante du tournage du film que l’on regarde, Dupieux a construit un cinéma qui constitue aujourd’hui une influence importante de la comédie française contemporaine. En témoignent, par exemple, les récents films de l’excellent Eric Judor, qui, avec La Tour 2 contrôle infernale et Problemos, semble avoir été contaminé par l’absurdité presque surréaliste propre aux films de Dupieux. L’acteur-humoriste a d’ailleurs tourné à trois reprises avec le réalisateur : Steak (2007), dans lequel il joue le rôle de Gorges, qui découvre une société dans laquelle la chirurgie esthétique devient un rite de passage, Wrong (2012), et Wrong Cops (2013), dans lequel il joue un policier borgne rêvant de devenir compositeur de musique techno. A noter que Judor partageait l’affiche de Wrong Cops avec un certain Marilyn Manson…
En 2015 sortait Réalité avec Alain Chabat, Jonathan Lambert et Elodie Bouchez. Le film poussait le principe de la mise en abîme dans ses retranchements les plus surréalistes, proposant une véritable « réflexion », absurde et lynchéenne, sur la réalité, en tant qu’elle serait co-extensive d’une narration labyrinthique, déroutante et comique.
Au Poste signe le retour du réalisateur en France, après avoir tourné ses quatre films précédents aux Etats-Unis. L’impressionnant casting du film fait également office de nouveauté au sein du cinéma de Dupieux, en ce sens qu’il ne fait plus strictement appel à des acteurs comiques et à des musiciens. Certes, nous retrouvons Benoît Poelvoorde dans le rôle principal, Grégoire Ludig (moitié du Palmashow), Marc Fraize (hilarant dans Problemos), Philippe Duquesne (Les Deschiens) pour les humoristes, Orelsan pour les musiciens, mais également Anaïs Demoustier (Marguerite et Julien, Bird people).
Anais Demoustier se confiait l’an passé sur ce projet qu’elle avait « hâte » de rejoindre :
« Je suis super contente. C’est un cinéaste très singulier et un garçon hyper intéressant. Quand j’ai lu le scénario, j’ai énormément ri. J’avais très envie d’en faire partie, même si je n’aurais qu’un rôle secondaire. Il a un ton atypique, il se distingue des comédies passe-partout. »
Quoi ?
Le film serait un huit-clos se passant dans un poste de police et opposerait un commissaire, chargé de résoudre une affaire de meurtre, au principal suspect.
Quand ?
La nouvelle comédie noire de Dupieux débarquera pour fêter son indépendance le 4 juillet sous la bannière Diaphana, déjà distributeur de son précédent film dans l’hexagone.
Pourquoi ?
Déjà en préparation pour un autre film (Le Daim, dans lequel Jean Dujardin entretiendrait une relation obsessionnelle avec la veste 100% daim de ses rêves), Quentin Dupieux est un réalisateur prolifique qui cherche la mise en difficulté, cherchant des pitches de plus en plus lunaires, et franchement jouissifs pour les adeptes d’absurde. Attention néanmoins à ne pas confondre « absurde » et « vain », en ce sens que les films de Dupieux se doublent d’une véritable réflexion sur nos sociétés modernes, sur leur Paraître triomphant et sur leur vénération (plus ou mins explicite) de la stupidité consumériste adepte d’un sensationnalisme totalement démystifié et artificiel. Le regard de Dupieux est à la fois amusé et angoissé de cette réalité, et ce regard est unique.