BEFORE SUNSET
Neuf ans auparavant, Jesse et Céline se sont rencontrés par hasard à Vienne, et ont passé une nuit ensemble dans les rues désertes de la ville. En se séparant, quatorze heures plus tard, ils s’étaient promis de se revoir six mois après. Aujourd’hui, il se retrouvent à Paris alors que Jesse est venu présenter son nouveau roman. Ils passent l’après-midi ensemble dans des cafés, des parcs et sur les quais de la Seine, retrouvant instantanément leur ancienne complicité. Comme lors de leur première rencontre, ils ont énormément de choses à se raconter…
Valse parisienne
Je me souviens tout particulièrement du jour où j’ai découvert Before Sunset. Il fallait en vouloir pour voir la suite de Before Sunrise en salle obscure si l’on n’habitait pas la capitale. Projeté dans seulement dix salles au moment de sa sortie, le deuxième Before du trio Linklater-Delpy-Hawke ne bénéficiait même pas de sa nomination au César du meilleur scénario original pour disposer d’une exploitation décente. Plébiscitée par la critique et depuis considéré pour beaucoup comme une oeuvre incontournable du début de 21e siècle, il me fallut dénicher un minuscule cinéma d’arts et essais, dépourvu de toute enseigne et perdu dans une petite impasse, une salle de 45 sièges à vue d’œil, un caisson de basse et 4 enceintes pour le son et un écran de 6m. x 4m. Cette ambiance bien particulière, et ce film tout aussi extra-ordinaire, rendirent ce moment unique. Bonheur éphémère de cinéphile.
Quel pari risqué que cette suite où Céline et Jesse se retrouvent dans la capitale française l’espace d’une heure et demie et rattrapent les neufs ans passés depuis cette nuit magique partagée à Vienne. Grâce à des dialogues riches et savoureux, à une caméra fluide suivant sur les deux protagonistes arpentant les ruelles du quartier latin, ce moment de cinéma devient plus que rafraîchissant et émouvant. Ce film aux allures de film expérimental, intimiste et minimaliste, interprété par le complice tandem Julie Delpy et Ethan Hawke, est un régal, une petite merveille audiovisuelle.
On ne s’ennuie jamais. On rit, on sourit, on est intrigué et amusé, on est ému par ces retrouvailles. La sincérité des personnages est attendrissante. Leurs regrets, leurs désillusions mais aussi leurs petits bonheurs. Quel plaisir que de les suivre et de partager avec eux ces minutes à promener dans Paris en philosophant. L’alchimie est intacte. Les avis fusent, s’embrassent et, parfois, s’entrechoquent. La nostalgie, le désir, les utopies. Tout est perceptible, à travers leurs mots et leurs regards.
Celle qui laissait déjà apparaître une sensibilité certaine et un tempérament bien trempé dans Before Sunrise est devenu une femme obstinée qui a décidé d’agir plutôt que de râler contre ce monde qui ne tourne plus très rond. Des petits pas pour faire avancer les choses, contrairement à certains – moi le premier – qui ne font que le constater avec résignation. Face à elle, il y a cet homme, toujours aussi immensément romantique, qui tente de rester optimiste mais qui s’ennuie de sa vie familiale et conjugale, encore hanté par cette rencontre juvénile devenue l’objet de son roman. Lorsque les échanges se font plus retenus, que le tempo de l’admirable rythmique des dialogues commence à se tasser, restent ces regards, qui en disent tout autant, si ce n’est plus. Arrive alors un petit air composé par Julie Delpy, une valse sur laquelle le film se conclue en points de suspension. Et que chacun interprètera comme il l’entendra.
Quel ravissement que de flâner avec Jesse et Céline sur les quais de la Seine, d’entrer dans leur intimité et de sourire de cette complicité artistique à l’écran comme en coulisse qui rend cette oeuvre touchante et personnelle assez atypique et ce regard sur la vie et les relations amoureuses inédit au cinéma. La magie opère d’autant plus. … Un film sur les rêves, les désillusions, la mélancolie, sur le fil de la vie où chacun fait ce qu’il peut pour avancer sans tituber. Une merveille.
La ficheBEFORE SUNSET
Réalisé par Richard Linklater
USA/FRA – 80 min – Promenade amoureuse
Avec Ethan Hawke, Julie Delpy
16 Mars 2005
Scénario nominé aux Oscars.
Oui, je sais, je dois le voir….
Je le loue ce WE !! Merci de cette critique !!
J’en suis ravi. J’espère que cette échappée d’une heure et demie te plaira. En toute sincérité, en toute simplicité. Un petit plaisir.
Ah, mais moi aussi un de mes films culte que je place tout prêt de mon dvd de Garden State, ou de ma collection de dvd de Kevin Smith…
L’intelligence philosophique, parce que pour une fois, on peut oser le dire, du film est époustouflante, mais c’est aussi la simplicité qui accompagne ces deux personnages remplie de charme, surtout Delpy qui a le plus belle accents qu’il soit !
Je suppose qu’il n’existe pas en VF, et il vaut mieux 😀
La version française est un beau gâchis, pour avoir écouté deux minutes.
D’accord pour le reste 😀
Merci pour ton joli com sur mon blog et heureux de partager un même avis sur ce petit bijou intimiste, très audacieux et complètement original 🙂
ça y est maintenant il ne me reste plus qu’à le voir ! 🙂
Je compte sur toi… pour revenir me dire ce que tu en as pensé
Vu et aimé, mais pas à ce point. Je conviens de l’aspect audacieux, presque « expérimental » de la forme. D’une belle balade. Un joli moment, sincèrement bon même.
Sans transition et c’est juste bienveillant : je viens de découvrir l’index du blog et ne pensait pas le blog déjà aussi complet. C’est dommage que je ne soit tombé dessus que maintenant ; il est peu visible, peut-être que ça pénalise le blog pour les lecteurs -tout ça est de la moindre importance, et j’admet ne pas suivre les conseils des ophtalmo.mais quand même-
[…] égocentrés de notre chère Delpy (pour qui j’ai pourtant beaucoup d’affection depuis le dyptique avec Linklater et Hawke) qui ne parvient à donner la réplique de façon satisfaisante au très bon Chris Rock, qui (lui) […]
[…] troisième volet était-il nécessaire ? Before Sunset était exemplaire de subtilité, de finesse d’écriture et de poésie. Before Midnight rompt […]
[…] d’idées et, parfois même, de génie. Nous avions été transcendés par Before Sunrise et Before Sunset, nous avions aimé son virage docu-fiction tandis que nous étions restés plus sceptiques devant […]