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BIG EYES

4
Enième déception

À la fin des années 50 et au début des années 60, le peintre Walter Keane a connu un succès phénoménal et révolutionné le commerce de l’art grâce à ses énigmatiques tableaux représentant des enfants malheureux aux yeux immenses. La surprenante et choquante vérité a cependant fini par éclater : ces toiles n’avaient pas été peintes par Walter mais par sa femme, Margaret. L’extraordinaire mensonge des Keane a réussi à duper le monde entier. Le film se concentre sur l’éveil artistique de Margaret, le succès phénoménal de ses tableaux et sa relation tumultueuse avec son mari, qui a connu la gloire en s’attribuant tout le mérite de son travail.

Mauvais oeil.

Des lustres que l’on ne s’est pas régalé devant un bon film de Tim Burton. Depuis presque dix ans nous suit cette impression d’un cinéaste précurseur peinant à retrouver sa forme d’antan et cette créativité qui l’a rendu si populaire chez les cinéphiles comme pour le grand public. Presque une éternité. Dark Shadows avait déçu – même si Eva Green était là pour apporter un peu de fraîcheur – Frankenweenie avait douché nos premiers espoirs nés d’une entame prometteuse, tandis que son Alice au pays des merveilles nous avait traumatisé la rétine. Big eyes apparaissait presque comme la dernière chance d’un auteur en mal d’inspiration. 

Malheureusement, il faut se rendre à l’évidence : cet auteur jadis adulé (à juste titre) n’est désormais devenu qu’une pâle copie de lui-même, un fantôme artistique. Sans relief et réalisé sans personnalité (un comble), Big eyes est dépourvu de toute audace. Ne dépassant jamais le cadre du biopic paresseux, Tim Burton ne s’empare même pas des enjeux liés au consumérisme et au sournois microcosme du marché de l’art. À peine perçoit-on quelques vagues allusions au mercantilisme de cette époque ayant consacré Andy Warhol et Roy Lichtenstein. 

Cette oeuvre bien morne, dénuée de folie, se repose nonchalamment sur la présence volubile d’un Christoph Waltz plus cabotin que jamais, tandis qu’Amy Adams peine (comme souvent) à donner à son personnage une dimension conséquente. Linéaire et vaguement mollasson, Big eyes déroule son intrigue avec une superficialité et une paresse indignes du rang de son auteur. Si bien que lorsque surgit le générique, une question s’impose : Big eyes ne sonnerait-il pas le glas d’un artiste appartenant désormais à une autre époque ? 

La fiche

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BIG EYES
Réalisé par Tim Burton
Avec Amy Adams, Christoph Waltz, Danny Huston…
Etats-Unis – Biopic, Drame, Comédie
Sortie en salle : 18 Mars 2015
Durée : 107 min




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mymp
9 années il y a

Oui, qu’on sonne le glas et qu’on ne nous parle plus de Burton, perdu à tout jamais dans les entrailles de la médiocrité artistique !

Marla
9 années il y a

Ah, tu trouves ? Il est pourtant pas si mal, ce Burton: http://marlasmovies.blogspot.fr/2015/03/big-eyes-de-tim-burton-pour-lamour.html

avoir un regard
9 années il y a

Tes posts mon donner envie de te lire et surtout à lire les prochains.

Le toine
Le toine
9 années il y a

salut,

je viens de le voir, certes le scénario fait un peu soup opéra mais j’ai trouvé la photographie du film super sympa. la musique est cool également. Je te rejoins sur un point, il aurais pu mettre un peu plus en avant les personnages féminins, j’ai également trouvé ce film beaucoup plus coloré que ces précédant.

Widescreen
Widescreen
9 années il y a

Mais non, bien au contraire.

Ceci n’est pas « un Tm Burton ». C’est pourtant le meilleur film du réalisateur depuis bien longtemps. Réussite des scénaristes, ceux de Ed Wood, qui réitèrent la bio outcast (Qui sont les Kean ?) et décalé. C’est plutôt une histoire qu’un tranche de vie d’untel qui nous est compté. Gloire à la vo qui se joue avec l’association big et le son « ail »
TB n’est pas en retrait, cette réalisation gagne en maturité et finesse. On se retrouve un peu en spectateur de Burton comme le spectateur de l’histoire, quand la peintre pour retrouver le droit à une légitimité artistique, revendiquer des tableaux, évite les Big eyes pour créer des peintures différents tout en gardant des similitudes avec son style. Ici un univers coloré appartenant aussi bien à la peintre qu’à TB ou quand Waltz (beau personnage de mytho) fait un numéro proche de J. Depp dans une scène de tribunal très drôle et en décalage de ton avec le reste du film, plus romantique, sentimental et à l’ironie subtile.
Ne pas oublier le beau boulot de DP fr Bruno Delbonnel et la musique d’Elfman en rapport avec ce film, loin des musiques des autre TB.
Déçus de Burton, retrouvez le au meilleur et lui-même, le réa, à l’image de ses personnages de sa filmo, différent et décalé. Un nouveau souffle ?

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