BILAN | Nos films du mois de septembre 2019
Chaque mois, les membres de la rédaction vous proposent leur film du mois, celui qu’il fallait découvrir à tout prix en salle ou dans votre salon (sorties SVOD, e-cinema…). Découvrez ci-dessous les choix de chaque rédacteur de Le Bleu du Miroir pour le mois de septembre 2019.
Et ce mois-ci, un film marque les esprits de façon extraordinaire. Plus qu’un plébiscite, c’est quasiment une unanimité. Assurément l’un des grands films de l’année.
Le choix de Thomas Périllon
Après son Bande de filles décevant, Céline Sciamma frappe très fort avec Portrait de la jeune fille en feu. Magnifiquement photographié par Claire Mathon, son nouveau long-métrage fait partie de ces œuvres à combustion lente faites de regards, de toucher et d’engagement émotionnel. Elle dresse trois portraits de femmes, avec grâce et délicatesse, et offre deux rôles grandioses à ses comédiennes, Adèle Haenel et Noémie Merlant.
Le choix de Fabien Genestier
Portrait de la jeune fille en feu est incontestablement, pour le moment, le meilleur film de l’année et risque d’être difficile à battre. A la tête d’une filmographie sans faute, Céline Sciamma conserve sa ligne directrice et la hisse même à un niveau encore supérieur. Portrait de la jeune fille en feu est un voyage sensoriel et émotionnel qui vous embarque, vous transporte et ne vous lâche plus même une fois la salle quittée. Visuellement sublime, le film est parcouru d’une profonde douceur mais cache en fait un cri d’une force extraordinaire, celui des femmes. Et celui de deux femmes. Car Portrait de la jeune fille en feu est avant tout une histoire d’amour et de désir, dans toute son universalité, que Céline Sciamma capte dans les moindres détails et comme rarement d’autres avant elle, de ses premières palpitations à l’éclatement total de sa beauté. Ajoutez à cela les prestations d’une très grande subtilité de Noémie Merlant et Adèle Haenel et vous obtenez un film immanquable.
Le choix de Florent Boutet
Céline Sciamma est de ces réalisatrices qu’on a bonheur suivre depuis leurs premiers coups d’éclat. Si elle est également une brillante scénariste, elle l’avait prouvé avec Ma vie de courgette, film d’animation de Claude Barras, Portrait de la jeune fille en feu est un nouveau rappel de son talent de metteur en scène. Ce nouveau projet est en effet une affaire de regard, de ce que l’on montre et de ce que l’on représente et de quelle manière on s’y prend. Dès les premiers instants du film, Noémie Merlant indique la tonalité face caméra : les larmes perlent déjà dans ses yeux. Quelques scènes plus loin, on se perd en courant après Adèle Haenel, il est déjà trop tard, la caméra de Sciamma ne nous lâchera plus de son étreinte puissante. L’énergie qui se dégage de chaque plan, de chaque idée de mise en scène font du Portrait un film déstabilisant, foudroyant, trouvant son aboutissement dans un paroxysme d’émotions. Il faut aller voir Portrait de la jeune fille en feu, embrasser ce sublime projet de cinéma qui ne ressemble à aucun autre.
Le choix de Florent Dufour
Absolument sublime. J’ai beau chercher, je ne trouve strictement rien à lui reprocher. Un choc aussi bien esthétique qu’émotionnel. Ça paraît invraisemblable qu’il ne soit reparti qu’avec le Prix du Scénario à Cannes. Même si j’ai adoré Parasite, celui-là a quand même une belle tête de Palme. Bon allez, je lâche le mot : je crois que c’est un chef-d’œuvre.
Le choix de Amandine Dall’Omo
C’est d’abord avec un regard distancé que l’on observe Portrait de La Jeune Fille en Feu, qui esquisse lentement les traits d’une romance interdite. Puis sans prévenir, on devient acteur d’un amour charnel, érotique, incandescent. C’est beau à en pleurer, car l’on vit soi-même l’expérience de cette passion, qui nous abandonne dans son grave silence avec un souvenir indélébile. C’est sans aucun doute la marque des chefs-d’œuvre.
Le choix de Paul Hébert
James Gray s’attaque au genre du « film dans l’espace » pour livrer un film éminemment personnel, montrant le crépuscule d’une humanité qui n’a plus rien à conquérir, enfant unique d’un cosmos désert. Comme dans The Lost City of Z, la transcendance y est synonyme de désillusion (pour les pères), mais pas de désespoir (pour les enfants). Nous comprenons que l’humanité, aussi loin qu’elle puisse aller dans l’univers, n’échappe pas à la dure loi de sa propre condition. Ad Astra, c’est 2001 L’Odyssée de l’espace à l’envers : au lieu d’être ébahis face au monumentalisme presque ésotérique de notre condition originelle, les personnages le sont face à l’absence de tout devenir transcendant et vertigineux. 2001 est divin, Ad Astra est humain.
Le choix de Fabien Randanne
Un film en costumes épuré, aux résonances contemporaines, qui hypnotise l’air de rien et nous laisse la gorge serrée par l’émotion. Il est un de ces grands films dont les images s’accrochent à notre mémoire pour ne plus la lâcher.
Le choix de FX Thuaud
J’aurais aimé découvrir le film sans en rien savoir. J’ai adoré oublier sa « réputation » dès les premières images, subjugué par la beauté du film traversé d’épiphanies esthétiques. J’ai redécouvert Adèle Haenel dont la voix et le corps ne semblent jamais avoir été captée et montré dans cette retenue. Face à elle, la justesse de Noémie Merlant traduit à merveille la liberté et son vacillement. Beaucoup pensé à Pialat, moins à Van Gogh malgré le sujet de la peinture, qu’à Sous le soleil de Satan, pour le secret mué en mystère, et pour l’indéfectible splendeur.
Le choix de Eric Fontaine
Film sur le regard, celui qu’on pose sur l’autre ou sur les événements, mais aussi œuvre sur la peinture et la passion amoureuse, « Portrait de la jeune fille en feu » possède un souffle romanesque qui rappelle les grands chefs d’œuvre du cinéma et de la littérature classique. L’interprétation d’Adèle Haenel et de Noémie Merlant est remarquable de finesse et d’intensité.
Le choix de Robin Souriau
De l’anti-impérialisme à tous les niveaux : de narration, de genre, de mise en scène, méta, pas méta. Des muscles, des rides, des gosses, des drones, des jouets, des viseurs laser. Une belle réflexion sur le sadisme et l’auto-satisfaction de la violence au cinéma, avec toute l’honnêteté du monde.
Le choix de Céline Bourdin
Peu à peu, son image corsetée se fissure pour embrasser un mélodrame où Céline Sciamma questionne l’amour caché, le désir et les regrets dans une esthétique aux allures de tableaux vivants. Superbe.
Le choix de Mathieu Le Bihan
Portrait de la Jeune Fille en feu hape irrémédiablement de sa subtilité nos émotions. D’abord austère, il implose de sa délicatesse devant notre regard ébahi par tant de beauté. Un grand film qui dresse le portrait de deux femmes avec ses pinceaux humanistes. On se surprend à dessiner nous même le contour émotionnelle des actrices, imprimant une image rémanente et indélébile d’une beauté sans pareil. On vit une mise en abîme du mythe d’Orphée, on peint nous-même les esquisses de nos souvenirs dorés. Vous l’aurez compris, bien qu’il puisse en laisser quelques uns sur le côté, le long métrage de Sciamma est un regard précieux de femme à femme. Un écrin dans lequel je me plongerais peut-être de nouveau. Pour mieux laisser les larmes couler.
BILAN SEPTEMBRE 2019
Portrait de la jeune fille en feu (10 voix)
Ad astra et Bacurau (1 voix)