BILAN | Les meilleurs films de septembre 2024
CHAQUE MOIS, LES MEMBRES DE LA RÉDACTION VOUS PROPOSENT LEUR FILM PRÉFÉRÉ LORS DU BILAN DU MOIS, CELUI QU’IL FALLAIT DÉCOUVRIR À TOUT PRIX EN SALLE OU DANS VOTRE SALON (SORTIES SVOD, E-CINEMA…). DÉCOUVREZ CI-DESSOUS LES CHOIX DE CHAQUE RÉDACTEUR DE LE BLEU DU MIROIR POUR LE MOIS DE SEPTEMBRE 2024.
LE CHOIX DE FLORENT BOUTET
Le mois de septembre est un beau mois de rentrée où l’on retrouve les plus beaux films du dernier festival de Cannes, et son joyau, le dernier film de Mohammed Rasoulof, Les graines du figuier sauvage. Si l’on pointe facilement l’importance de son sujet, la dénonciation de la barbarie d’un régime toujours plus liberticide et totalitaire, c’est aussi une magnifique proposition de mise en scène qui sait se muer en thriller après une installation très classique. La rage qui émane du dernier tiers du film, jusqu’à un final libérateur et sublime, en fait l’œuvre la plus aboutie du cinéaste d’Un homme intègre et la démonstration de tout le talent déjà entrevu dans ses long-métrages précédents.
Le choix de François-Xavier Thuaud
Ma vie ma gueule est un film qui se tient au bord : de la vie, de l’humour, de la tragédie, des larmes. Chez Sophie Fillières, la fantaisie est une politesse, le burlesque une béquille. Barberie Bichette, dite Barbie, ne convient à personne, même pas à elle-même et pas grand chose ne lui agrée. Le langage la blesse, les souvenirs l’encombrent, la vie l’embarrasse. Ma vie ma gueule, c’est le Métier de vivre posthume de Sophie FIllières qui a trouvé avec Agnès Jaoui une sorte de double idéal. Elle traverse le film comme un miracle, semblant affronter la gracieuse pesanteur du monde comme on boxe dans le vide. Baberie pourrait être la soeur de Simon Polaris, l’anti-héros dépressif de Kennedy et moi (Sam Karmann, 1999) alors interprété par Jean-Pierre Bacri. Parfois c’est tout au bord que le coeur cogne le plus fort.
Le choix de Matthieu Touvet
Ce film accidentel, quasi miraculeux, revient de loin (personne n’avait prévu de filmer cette excursion et les bandes ont finalement été perdues pendant 20 ans) et se développe à la manière de poupées russes. C’est un vibrant récit d’humanité, d’un genre unique, qui dévoile ses atouts les uns après les autres dans une format hybride. En effet, Riverboom est à la fois un documentaire, un carnet de voyage, un reportage de guerre et un film sur le journalisme. Guidés par la joyeuse narration en voix off, on embarque instantanément au long du voyage imprévisible d’un trio de fortune aux personnalités aussi différentes que complémentaires. Loin d’être dans la dramatisation du conflit et sans pour autant l’occulter, c’est un documentaire lumineux et très drôle sur le dépassement de soi et le pouvoir de l’amitié.
Le choix d’Eric Fontaine
Avec ses personnages très bien dessinés, son choix d’une violence non édulcorée mais jamais complaisante, Ni Chaînes, ni maîtres de Simon Moutaïrou constitue une oeuvre forte, un film engagé et nécessaire, qui ne s’interdit pas pour autant de divertir et d’offrir une fresque romanesque de grande ampleur. Les interprètes servent cette histoire, qui mêle également réalisme et mysticisme, avec beaucoup de conviction. Ni Chaînes, ni maîtres, premier long-métrage de son réalisateur, s’avère aussi abouti plastiquement que scénaristiquement.
Le choix de Thomas Périllon
Deux adolescentes, l’une française et l’autre allemande, s’apprivoisent et se découvrent à l’occasion d’un échange. Entre non-dits, faux-semblants et besoin d’attention, elles s’imaginent un monde plus juste, dévoilent leurs colères, leurs blessures et leurs frustrations. Pour son 2e long-métrage en solo, Claire Burger signe un très beau film initiatique sur la découverte de soi, de ses désirs et de comment l’on se ment parfois autant à soi-même qu’aux autres afin d’exister. Empli d’une fureur de vivre autant que de désespoir, Langue étrangère raconte cette jeunesse en quête de sens et de matière, au-delà des mensonges et des faux alibis. Une jeunesse féminine qui ne veut résolument plus se soumettre, qui ne veut plus accepter l’état des choses et ployer le genou. Comme un trait d’union, certes un brin audacieux, avec le puissant Les graines du figuier sauvage.