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BILAN | Les meilleurs films d’août 2024

CHAQUE MOIS, LES MEMBRES DE LA RÉDACTION VOUS PROPOSENT LEUR FILM PRÉFÉRÉ LORS DU BILAN DU MOIS, CELUI QU’IL FALLAIT DÉCOUVRIR À TOUT PRIX EN SALLE OU DANS VOTRE SALON (SORTIES SVOD, E-CINEMA…). DÉCOUVREZ CI-DESSOUS LES CHOIX DE CHAQUE RÉDACTEUR DE LE BLEU DU MIROIR POUR LE MOIS DE AOÛT 2024.

LE CHOIX DE FLORENT BOUTET

Passé presque inaperçu dans la catégorie Cannes Première en mai dernier sur la Croisette, le nouveau film des Larrieu n’est pas un film parfait, loin s’en faut. Les portraits au long court qu’il ménage aux différents protagonistes de cette histoire, font la part belle à Karim Leklou, rejetant la cruauté presque toute entière dans le giron de Laëtitia Dosch, celle qui sépare, brise les ponts entre un fils et son père. Au-delà de cette limite d’écriture importante, Le roman de Jim, adaptation du roman éponyme de Pierric Bailly sorti en 2021, est une très belle évocation de la paternité, recelant son lot de beaux moments de cinéma. La mise en scène, linéaire et douce dans son déroulement, épouse le rythme de la vie de son personnage principal, parfaitement mis en valeur par un Leklou magnifique entre douleur et joie, à chaque étape de la vie de son fils. Si l’ensemble est modeste, il est d’une sincérité et d’une authenticité qui font les grandes histoires mélodramatiques, avec une sensibilité sublime et touchante.

Le choix de François-Xavier Thuaud

Un couple en cours de séparation et un film en phase de montage. La vie, le cinéma et une idée qui flotte entre les deux, répétée, rabâchée, bégayée jusqu’à perdre toute substance. Entre Ale et Alex il y a du jeu et c’est précisément ce jeu, dans toute sa polysémie qui fait le sel du nouveau film de Jonas Trueba, Septembre sans attendre, une comédie truffée de références et lardée d’épiphanies mélancoliques. Comme le 2 février est devenu à jamais le jour de la marmotte pour les fans d’Un jour sans fin, le 22 septembre deviendra à coup sûr le jour des inséparables pour les spectateurs de Septembre sans attendre.

Le choix d’Antoine Rousseau

Par bien des aspects, Emilia Perez tient du projet absurde qui menace de s’écrouler à chaque instant. Sur le papier, difficile de donner un tant soit peu de crédit à une comédie musicale mettant en scène un chef de cartel mexicain transgenre en quête de rédemption. Pourtant. Jacques Audiard parvient à trouver un équilibre précaire inattendu, assumant pleinement les ruptures de ton et la tonalité romanesque et mélodramatique de son improbable scénario. Porté par un magnifique quatuor de comédiennes (dont la révélation Karla Sofía Gascón), Emilia Perez insuffle une vitalité revigorante qui ferait presque oublier sa construction dramaturgique (très) artificielle.

Le choix d’Emilien Peillon

creaturas

De son impressionnant geste inaugural – la création dans un espace virtuel d’une forme monstrueuse par une main génératrice de matière – à sa dernière image très douce, Creaturas forme le parcours complexe d’un designer de jeu vidéo face à ses propres démons. L’approche très intériorisée du sujet difficile du film est permise par une mise en scène antidémonstrative, qui demande au spectateur de faire ses propres liens pour recoller les morceaux et mettre le doigt sur les raisons du malaise diffus. Cela témoigne aussi d’une grande confiance dans ses deux interprètes principaux, en particulier Nacho Sánchez, dont le regard triste et perdu reste en mémoire.

Le choix de Victor Van de Kadsye

le roman de jim

D’apparence simple, à l’image de son personnage principal assez calme, Le Roman de Jim marque par ce que les frères
Larrieu racontent de l’instabilité des situations. Ce mélodrame calme réchauffe nos coeurs dans sa manière d’aider son personnage, mais aussi son public, à accepter joyeusement que les choses peuvent ne pas durer éternellement et que la clé est de continuer à gravir des montagnes. L’un des plus beaux rôles de Karim Leklou.

Le choix de Thomas Périllon

D’un drame qui aurait pu basculer dans le sordide, Mika Gustafson fait de Paradise is burning une oeuvre assez solaire qui célèbre la sororité et la fougue de ses trois héroïnes, offrant quelques belles scènes de complicité et de réconciliation. Comme un parent éloigné de Nobody Knows ou de Scrapper, cette exploration d’une jeunesse livrée à elle-même s’efforçant de vivre pleinement son existence malgré la précarité, suscite un véritable attachement mais ne nous épargne pas une certaine crudité. Une vraie réussite que ce premier film de Mika Gustafson, récompensé du prix de la mise en scène dans la section Orizzonti de la précédente Mostra.