BILLY ELLIOT
Dans un petit village minier du Nord-Est de l’Angleterre, Billy, onze ans, découvre avec stupeur qu’un cours de danse partage désormais les mêmes locaux que son club de boxe. D’abord effaré, il devient peu à peu fasciné par la magie de la gestuelle du ballet, activité pourtant trop peu virile au regard de son père et de son frère Tony, mineurs en grève. Billy abandonne les gants de cuir pour assister discrètement aux leçons de danse professées par Mme Wilkinson. Repérant immédiatement un talent potentiel, elle retrouve une nouvelle énergie devant les espoirs que constitue Billy. Les frustrations larvées explosent au grand jour quand son père et son frère découvrent que Billy a dépensé l’argent consacré au cours de boxe pour des cours de danse.
Danse ta vie.
Le petit Billy Elliot fête cette année ses quinze ans, plus vraiment un gamin donc, mais encore très loin d’avoir des rides. En effet, après ces quelques années de recul, le premier (et meilleur) film de Stephen Daldry semble en passe de devenir l’un des classiques du cinéma anglais des années 2000.
Billy Elliot est né de l’envie de son scénariste, Lee Hall, de parler de la grande grève des mineurs anglais de 1984. Le fait d’être l’un des rares films à aborder directement cet événement majeur de l’Histoire britannique récente, confère déjà à Billy Elliot une certaine importance dans le cinéma anglais. Mais Lee Hall a surtout eu la bonne idée de n’aborder cette grève qu’en toile de fond, et de nous la faire vivre à travers le parcours d’un enfant en opposition totale avec le monde qui l’entoure. La force et la volonté du jeune Billy pour faire tomber les barrières qui le séparent de son rêve de danse viennent alors faire écho au combat des mineurs et créent une bouffée d’espoir vers un ailleurs, là où les mineurs se trouvent enfermés dans un tunnel politique sans porte de sortie.
Même si le scénario de Lee Hall avait déjà un joli potentiel, il n’en était pas moins casse-gueule. L’histoire de ce gamin de mineur, orphelin de mère, et voulant devenir danseur au milieu d’un bassin minier en grève, aurait rapidement pu sombrer dans le mauvais mélo. Mais Stephen Daldry a su sublimer le matériau d’origine. Notamment en plaçant constamment sa caméra à la hauteur de Billy. Le regard de l’enfant offre ainsi tantôt une dose de légèreté nécessaire, tantôt la pureté de l’émotion. Sur ce point, une grande part du mérite revient à Jamie Bell, étonnant de justesse pour son jeune âge (ce rôle lui vaudra même de remporter le BAFTA du meilleur acteur). Billy Elliot se veut ainsi une touchante chronique de la fin de l’enfance, de ce moment où l’on quitte la sécurité parentale pour commencer à se définir en tant que personne. La relation entre Billy et son père (Gary Lewis, touchant), entre confrontation et pudeur, mais sous-tendue d’amour, est particulièrement belle. La difficulté à se détacher du cocon familial est également très bien représentée par le rapport que Billy entretient avec sa mère défunte et par la mère de substitution qu’il trouve en sa professeure de danse (Julie Walters, parfaite). Le film aborde également plutôt subtilement la découverte de l’identité sexuelle et l’évaporation de la candeur infantile, lors des scènes entre Billy et ses deux amis.
Mais n’oublions pas que l’un des thèmes majeurs de Billy Elliot est également la danse. Ainsi, Stephen Daldry donne à son film des allures de comédie musicale (pas étonnant donc que le film ait ensuite été adapté sur scène). Le réalisateur ne se contente ainsi pas de quelques scènes de danse classiques mais, au contraire, dote son film d’une bande originale rock assez jouissive, essentiellement empruntée à l’album « Electric Warrior » du groupe T-Rex. Parmi les séquences les plus notables, on se souviendra notamment d’un Billy évacuant sa colère à coups de claquettes dans les rues de la ville au rythme du « Town Called Malice » des Jam, ou encore d’une course poursuite entre le frère de Billy et les forces de l’ordre au son du « London Calling » des Clash (qui ont d’ailleurs soutenu les mineurs pendant leur grève).
Entre un univers musical très empreint de la culture rock britannique et la description d’une page majeure de l’Histoire anglaise, Billy Elliot avait tout pour séduire le Royaume-Uni. Mais s’il a également réussi à traverser les frontières, c’est grâce à l’universalité de son propos et à la justesse dont Stephen Daldry a su faire preuve pour en faire un film populaire de très grande qualité. Il y a ainsi fort à parier que le petit Billy saura séduire encore quelques générations…
La fiche
BILLY ELLIOT
Réalisé par Stephen Daldry
Avec Jamie Bell, Julie Walters, Gary Lewis…
Grande-Bretagne – Comédie dramatique
Sortie en salle : 20 décembre 2000
Durée : 102 min
très bon film je ne me lasse pas de le revoir, le trouvant meilleur à chaque nouvelle vision, j’adore le plan de la mer à l’horizon avec les maisons sur les côtés, cela me rappelle la maison de mes grands parents, et puis cette musique rock : génialement mise en scène dans plusieurs séquences sans oublier la musique classique (et la danse) avec Casse-noisette qui revient plusieurs fois. Thèmes universels, j’en ai les larmes aux yeux, touché, j’applaudis. Bol d’air et plein d’émotions garantis.