CANNES 2017 | LA SÉLECTION OFFICIELLE
Annoncé par Pierre Lescure comme un anniversaire dans un « temps suspendu », le 70ème Festival de Cannes s’est dévoilé ce matin sous les atours d’une exigeante Sélection Officielle. Parmi les quarante-neuf films retenus, dix-huit d’entre eux seront présentés en compétition et tenteront de décrocher la Palme d’Or qui sera remise par Pedro Almodovar le 28 mai prochain.
Le temps des surprises et de l’ouverture
C’était l’une des grandes inconnues de cette conférence de presse : le Festival de Cannes allait-il inclure des séries ou un long-métrage Netflix à sa sélection ? La réponse ne s’est pas faite attendre bien longtemps puisque Thierry Frémaux a évoqué d’entrée de jeu les événements de cette 70ème édition dont la diffusion de la saison 2 de Top of The Lake (répondant au doux nom de code « China Girl ») ainsi que la projection des premiers épisodes de la nouvelle saison de Twin Peaks. Deux faveurs accordées à deux têtes connues du festival, respectivement Jane Campion et David Lynch.
Toutefois, si cette décision semble logique, le choix d’intégrer deux films Netflix, Okja de Bong Joon-Ho et The Meyerowitz Stories de Noah Baumbach, à la compétition officielle paraît beaucoup plus audacieux et porteur d’un véritable désir d’ouverture. Ce désir relance en tout cas le débat quant à une sortie en salles en France, peu crédible mais espérée par de nombreux cinéphiles. Toujours en séance spéciale, ce Festival de Cannes sera également marqué par un film inédit de 6 minutes d’Alejandro Gonzalez Iñarritu, Carne y Arena, proposé en réalité virtuelle.
Une sélection d’incontournables
Si certaines annonces ont créé la surprise, d’autres étaient, de toute évidence, plus prévisibles. La présence en compétition de Michael Haneke et de son Happy End, briguant une troisième Palme d’Or après Le Ruban Blanc et Amour, semblait ainsi acquise depuis un long moment. Idem pour celle d’Andrey Zvyagintsev pour Loveless, trois ans après avoir reçu le prix du scénario pour Leviathan. Prenant pour toiles de fond leurs sociétés respectives, les deux films risquent fort de s’imposer comme de redoutables concurrents.
De retour après Carol (prix d’interprétation féminine en 2015), Todd Haynes aura une belle carte à jouer avec le très attendu Wonderstruck, où deux enfants sourds sont connectés par un mystère à des époques différentes. Avec sa nouvelle sélection pour l’intrigant The Killing Of A Sacred Deer, inspiré par une tragédie d’Euripide, Yorgos Lanthimos a, lui aussi, toutes les chances de dynamiter la Croisette comme il l’avait fait il y a deux ans grâce à The Lobster. Plus méconnu du grand public, l’ukrainien Sergei Loznitsa livrera, pour sa part, le film-fleuve de la compétition (2h40), A Gentle Creature, pour sa troisième présence dans cette catégorie (en autant de longs-métrages).
Joute française, trio féminin
Du côté français, Le Redoutable de Michel Hazanavicius s’est finalement glissé en compétition tandis qu’Arnaud Desplechin a récupéré la lourde tâche d’ouvrir le festival avec Les Fantômes d’Ismaël. Retrouvant les honneurs de la Sélection Officielle, François Ozon devra, quant à lui, convaincre avec son drame hitchcockien, L’Amant double, tout comme Jacques Doillon (Rodin) et la surprise Robin Campillo (120 battements par minute).
Toutes deux absentes de Cannes depuis plusieurs années, Sofia Coppola et Lynne Ramsay feront partie des trois réalisatrices en compétition (aux côtés de Naomi Kawase) avec deux films prometteurs. La première proposera une nouvelle adaptation du roman de Thomas P. Cullinan, Les Proies, tandis que la seconde dirigera Joaquin Phoenix dans un thriller sur un vétéran de guerre, You Were Never Really Here.
Plus inhabituelle, la sélection des frères Safdie en compétition est, a contrario, une surprise de taille après leur excellent Heaven Knows What. Présenté par Thierry Frémaux comme un « film de genre » avec Robert Pattinson, Good Time pourrait faire souffler un vent de fraîcheur bienvenu sur la Croisette.
Les grands absents
Cette année encore, la liste des absents est cruellement longue. Alors que leurs places paraissaient quasiment assurées en compétition, Joachim Trier (Thelma) et Michael R. Roskam (Le Fidèle) ne monteront finalement pas les marches à Cannes 2017, à l’instar de Xavier Beauvois (Les Gardiennes) et Deniz Gamze Ergüven (Kings). Outre-Atlantique, on peut également s’étonner du sort réservé à Kathryn Bigelow (Detroit) ou à Alexander Payne (Downsizing) qui figuraient en tête de nombreux pronostics. Souhaitons que plusieurs ajouts de dernière minute viennent prochainement compenser ces quelques oublis.