CANNES 2021 | La sélection de la 74e édition
Le Festival de Cannes sera le premier grand évènement post-pandémie. C’est en tous cas ce que Thierry Frémaux, aux côtés de Pierre Lescure, a annoncé lors de la conférence de presse de la 74ème édition du Festival de Cannes, qui se tiendra exceptionnellement du 6 au 17 juillet prochain.
Une édition placée sous le signe du renouveau, qui entend bien fêter le cinéma sous toutes ses formes, après un report en 2020 et une année particulièrement sinistre pour la culture. La création d’une nouvelle section Cannes Premières, accueillera cette année des cinéastes confirmé‧es, comme Andrea Arnold (Fish Tank, American Honey) qui y présentera son nouveau long-métrage Cow, ou encore Hong-Song Soo, Oliver Stone et bien d’autres. Un Certain Regard renouera avec ses origines et la volonté de Gilles Jacob de projeter un cinéma d’auteur, jeune et protéiforme, qui fera la part belle à des réalisatrices à surveiller de très près, comme Gessica Généus, réalisatrice haïtienne de Freda ou la russe Kira Kovalenko et son Unclenching the fists. La Semaine de la Critique fêtera quant à elle son soixantième anniversaire, dans une édition qui promet d’être aussi riche que surprenante.
Une sélection alléchante
C’est Annette qui ouvrira le bal de dix jours de festivités. Et qui de mieux que Leos Carax pour rassembler les foules, huit ans après Holy Motors et sa célébration poétique du cinéma ? Le réalisateur de Mauvais Sang quitte le romantisme parisien pour les collines d’Hollywood dans un opéra-rock emmené par la bande-son de The Sparks. Adam Driver et Marion Cotillard sont à l’affiche d’un film qui risque d’enchanter la Croisette, et qui sortira simultanément en salle dans le reste du pays.
Déjà annoncé en 2020, Wes Anderson confirme sa présence en Sélection Officielle avec The French Dispatch. Tourné à Angoulême, le dixième film du cinéaste s’articule autour de plusieurs récits publiés dans un magazine américain situé dans la ville d’Ennui-sur-Blasé. Si le mystère autour de la venue des équipes internationales demeure encore aujourd’hui entier, The French Dispatch laisse espérer un beau tapis rouge, avec entre autres Bill Murray, Tilda Swinton, mais aussi Willem Dafoe ou encore Saoirse Ronan.
Autre grande attente, et pas des moindres, celle de Memoria du réalisateur thaïlandais Apichatpong Weerasethakul. Après une Palme d’Or pour Oncle Boonmee, celui qui se souvient de ses vies antérieures en 2010, le réalisateur quitte son pays natal pour la Colombie dans un drame en anglais qui évoque la solitude d’une botaniste en quête de sa soeur et hantée par des bruits extérieurs. Habitué aux acteuri‧ces inconnu‧es, c’est cette fois Tilda Swinton qui tient le premier rôle et qui, sur le papier, intègre à merveille l’univers mystique du cinéaste.
Une sélection made in France
Cette année, alors qu’on espérait une Compétition plus paritaire, on retrouve seulement quatre femmes en lice pour la Palme d’Or, dont trois françaises. Parmi elle, la réalisatrice Catherine Corsini avec La Fracture, film intimiste d’un couple au bord de la rupture qui se retrouve dans un hôpital en marge des manifestations de gilets jaunes en France. Marina Foïs et Pio Marmaï se donnent la réplique, aux côtés de Valeria Bruni Tedeschi.
En 2017, la sensation Grave marquait le “renouveau” du cinéma de genre en France à la Semaine de la Critique. Julia Ducournau intègre désormais la Sélection Officielle avec Titane, son nouveau long-métrage horrifique. Un deuxième film tourné en pleine pandémie avec Vincent Lindon et Agathe Rousselle, sur fond d’une série de meurtres macabres. Une première image a été dévoilée il y a quelques semaines et promet un film organique et inquiétant.
L’année dernière, Eté 85 était le premier film à sortir en salle accompagné du label Cannes 2020. Le prolifique François Ozon rejoint à nouveau la Sélection Officielle avec Tout s’est bien passé. Le cinéaste français adapte cette fois le roman éponyme d’Emmanuèle Bernheim qui raconte la fin de vie et l’euthanasie du père de l’autrice, à la suite d’un AVC, avec Sophie Marceau et André Dussollier.
L’excentricité de Bruno Dumont risque de bouleverser la Croisette avec France, son nouveau film. Près de cinq ans après le succès critique de Ma Loute, le réalisateur s’entoure de Léa Seydoux, Blanche Gardin et Benjamin Biolay, à travers le portrait d’une journaliste. Fidèle au style décalé du cinéaste, le film promet un regard caustique sur le monde des médias.
Le retour de cinéastes attendus
Quatre ans après son précédent film Thelma, Joachim Trier présente The worst person in the world. Une comédie dramatique qui suit les mésaventures sentimentales de Julie, une trentenaire en pleine remise en question existentielle. Le film vient clore une trilogie, entamée en 2006 avec Nouvelle donne, puis par Oslo, 31 août en 2011.
Everybody knows ouvrait la Compétition en 2018 avec Penelope Cruz et Javier Bardem. L’Iran sera à nouveau représenté par Asghar Farhadi et son film A hero. Le réalisateur retourne cette fois dans son pays d’origine, après Une Séparation et raconte le récit de Rahim qui, après un séjour en prison pour une dette non payée, “tente de convaincre son créancier de retirer sa plainte contre le versement d’une partie de la somme.”
Nitram de Justin Kurzel promet d’être l’un des moments de cette compétition et marque le retour de l’Australien après 6 ans d’absence. Inspiré du massacre de Port Arthur en Tasmanie 1996, le film crée déjà la controverse avant même sa sortie en salle, puisque plusieurs familles de victimes ont demandé à ce que le projet soit abandonné et que le film ne soit pas financé par le gouvernement australien. Le cinéaste entend bien raviver le débat autour du port d’armes, tout en évitant de montrer l’horreur de la tuerie à l’écran.
Enfin, sur un ton plus léger, Sean Baker présente Red Rocket, une comédie dramatique autour d’une star du porno qui retourne dans son Texas d’origine. Le cinéaste s’entoure du chef op Drew Daniels, bien connu pour son travail sur Euphoria. Avec Simon Rex, ancien acteur porno gay avant de devenir présentateur sur MTV incarnera le rôle principal, Sean Baker prolonge son désir de travailler avec des acteurs non professionnels.
Rendez-vous demain pour la 2e partie de notre tour d’horizon de la sélection du festival de Cannes 2021