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CÉSAR 2014 | Un palmarès incohérent

Présentée par la pétillante mais gaffeuse comédienne belge Cécile de France (qui aura eu le mérite de faire preuve de fraîcheur et d’énergie face à une salle plutôt endormie), la cérémonie des César avait lieu ce vendredi 28 février au Théâtre du Châtelet. Ce week-end, l’Académie des César se réunissait en effet pour récompenser ceux qui avaient fait l’année cinématographique française. Tout du moins, elle était supposée le faire. En oubliant complètement (ou presque) de récompenser l’un des plus beaux films français de la décennie, les votants de l’Académie se sont embarrassés devant le monde entier. Retour sur cette étrange soirée au dénouement aussi bancal qu’absurde… 

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César du Meilleur Film et du Meilleur Réalisateur

Reparti du Festival de Cannes avec une Palme d’Or unanime et légitime, La vie d’Adèle devait en toute légitimité s’imposer en décrochant le César du Meilleur Film. En choisissant son petit chouchou de la Comédie Française, l’Académie a confirmé cette tendance bien française à ne pas savoir apprécier le succès. La Vie d’Adèle est un film d’une densité et d’une beauté rares, il a été le métrage français le plus estimé internationalement, il est reparti couvert d’éloges de la croisette. Mais ce ne fut visiblement pas suffisant pour les votants qui ont préféré le théâtre filmé de Gallienne… Le choix le plus révoltant de la soirée, sachant qu’il a aussi reçu celui de meilleur premier film (comme quoi, finalement, le règlement a encore de belles failles malgré sa modification après le double-couronnement de Tahar Rahim).

On s’attendait en revanche à un vote sanction pour Abdellatif Kechiche qui, après la polémique autour des conditions de tournage et ses accrochages à répétition avec Léa Seydoux, allait être pénalisé. Ce fut le cas et c’est Roman Polanski, très surpris d’avoir été élu, qui a obtenu le César du meilleur réalisateur. Ce choix par défaut n’est pas scandaleux, La Venus à la fourrure étant remarquablement bien mis en scène. Le film méritait bien une petite récompense et le sulfureux metteur en scène a choisi de le dédier à ses deux interprètes.

 

 

 

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César du Meilleur Acteur et de la Meilleure Actrice

Si Mathieu Amalric et Albert Dupontel pouvaient postuler grâce à leurs rôles dans La venus à la fourrure et 9 mois ferme, on savait que cela se jouerait entre Mads Mikkelsen pour son Michael Kohlhaas et Guillaume Gallienne pour son très personnel Les garçons et Guillaume à table. Alors que le comédien de la Comédie Française méritera l’année prochaine d’être nommé pour sa belle prestation en Pierre Bergé dans Yves Saint Laurent, son sacre pour GGAT me laisse en revanche beaucoup plus sceptique. On s’interrogera ainsi sur le favoritisme qui lui a été réservé au point de s’interroger sur la légitimité d’une telle razzia. 

C’était l’anomalie des nominations. Pour une sombre histoire de règlement, Adèle Exarchopoulos ne figurait pas dans cette catégorie qui lui aurait offert un César amplement justifié tellement la jeune actrice est renversante dans La vie d’Adèle. C’est sa compère à l’écran, Léa Seydoux, qui fut ainsi nominée mais qui ne fut pas récompensée. Elle aussi a probablement du payer ses écarts de conduite et ses attaques répétées à l’intention de son metteur en scène. La favorite n’a donc pas gagné mais les talentueuses Catherine Deneuve (Elle s’en va), Bérénice Bejo (prix d’interprétation à Cannes) et Sara Forestier (touchante dans Suzanne), toutes déjà récompensées aux Césars, sont elles aussi restées sur le carreau puisque c’est l’outsider Sandrine Kiberlain (effectivement très drôle dans 9 mois ferme) qui a été sacrée pour la première fois. Une récompense qui ressemble davantage à un prix pour l’ensemble de sa carrière… Un choix honorable, bien que subjectif. 

 

 

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César des Meilleurs Seconds Rôles Masculin et Féminin

Je le clamais depuis l’été dernier. La prestation de François Damiens dans Suzanne était déchirante de justesse et de pudeur, elle méritait les honneurs. Malheureusement, c’est comme prévu le très expérimenté Niels Arestrup qui a été choisi par la profession pour son rôle « à contre-emploi » dans Quai d’Orsay. Un choix compréhensible mais frustrant.

Du côté des femmes, c’est en revanche une vraie satisfaction… Nommée pour la troisième fois, Adèle Haenel a enfin remporté ce trophée face à la favorite Françoise Fabian… Son discours de remerciement était l’un des plus beaux de la soirée, avec des mots maladroits, touchants et sincères. Cette dernière s’est même fendue d’une petite déclaration d’amour en forme de coming-out spontané et courageux. Si Julie Gayet avait finalement fait le déplacement, elle est repartie bredouille en toute logique. 

 

 

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César du Meilleur Espoir Féminin

Il ne pouvait en être autrement. Le public et la profession la plébiscitaient haut la main pour ce César presque trop petit pour elle. Sacrée meilleur espoir féminin, Adele Exarchopoulos n’a pas oublié de remercier son metteur en scène dès le début de son touchant discours de remerciements. Kechiche aura une nouvelle fois révélé une jeune comédienne éblouissante de justesse, que l’on attend de voir prochainement (sous la caméra de Sara Forestier qui signera ainsi son premier long-métrage) pour voir la confirmation de ce superbe talent émergeant. Ce prix-là, remis en tout début de soirée laissait présager une bonne soirée pour la bande d’Adèle. Il n’en sera rien et la Palme d’Or du dernier Festival de Cannes repartira injustement snobée. 

 

 

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César du Meilleur Film Etranger et César d’honneur

Je l’espérais de tout coeur mais craignais que la présence de Quentin Tarantino ne soit un présage de la future victoire de Django Unchained. Finalement, le cinéaste culte n’aura fait le déplacement que pour saluer la jeune carrière de Scarlett Johansson – qui aura vainement tenté de faire oublier ses propos désobligeants sur les parisiens dans son discours de remerciement. C’est l’excellente surprise de ce palmarès et la seule vraie preuve de courage de l’Académie hier soir : le déchirant Alabama Monroe sacré meilleur film étranger. 

 

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Le reste du palmarès

Pour le reste de la compétition, le César du meilleur espoir masculin a bien été remis à Pierre Deladonchamps dans L’inconnu du lac qui obtient là sa seule récompense de la soirée. Côté technique, Michael Kohlhaas repart avec les César du meilleur son et – plus inattendu – celui de la meilleure musique originale battant au passage les favoris de la catégorie. Le césar des meilleurs décors a bien été attribué à Michel Gondry pour L’écume des jours comme je le prédisais. 

La vie d’Adèle, véritablement boudée par les César, n’a même pas reçu celui (pourtant légitime) du meilleur montage qui est lui aussi reparti dans le besace de la team Gallienne. La meilleure photographie a été attribuée au film de Jean-Pierre Jeunet tandis que Renoir a été récompensé pour ses costumes des mains de la délicieuse Deborah François, vêtue de la robe couleur de Lune de Peau d’âne pour l’occasion. Du côté des courts, Bambi s’est incliné face à Avant que de tout perdre,  tandis que le favori Loulou – l’incroyable secret est bien reparti du théâtre de Châtelet avec son César du meilleur film d’animation.

Note personnelle

Un petit mot enfin pour remercier chaleureusement RTL pour cette invitation et plus particulièrement Jonathan qui m’aura accompagné lors de cette soirée de gala réunissant quelques grands talents du cinéma hexagonal. Merci également à Marine B. de Milky et à Canal Plus pour l’opération #Cesar2014 qui a été visiblement un beau succès sur les réseaux sociaux. 

 

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Cliquez sur l’image pour découvrir le Palmarès complet de ces César 2014

Toutes les vidéos de la cérémonie (diffusée sur C+ et canalplus.fr) sont disponibles sur le site dédié aux César.




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ChonchonAelezig
10 années il y a

Tu y étais ? Waouh la classe !
J’ai trouvé Cécile de France très rafraîchissante ! Comme ça nous changeait des blagues éculées de de Caunes et son sempiternel smoking. Et puis ses gaffes étaient attendrissantes… le stress sans doute ! Pour le palmarès, n’ayant pas encore vu les films, ça m’est difficile de juger. Mais sachant ce que je sais, je dois dire que j’ai été très surprise que Gallienne ait le César du meilleur film… Ca n’est pas représentatif, pour moi, du cinéma. C’est l’adaptation d’une pièce, c’est intimiste… Selon moi on devrait récompenser une œuvre éclatante, un truc qui vous laisse pantelant… Je n’ai pas vu La vie d’Adèle, mais le cinéma de Kechiche me laisse toujours complètement submergée d’émotion.
C’est vrai que Roman Polanski avait l’air totalement surpris de sa récompense ! Avant le spectacle, lui et Emmanuelle ont déclaré qu’ils n’attendaient rien, qu’il y avait du « lourd » !

mymp
10 années il y a

Attends, même pas une photo en smoking au bras de Madds (bon OK, il était pas là) ou Scarlett ?!

Christophe
10 années il y a

Une soirée désolante

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10 années il y a

[…] Césars, où elle pourrait légitimement succéder à la fantastique Adèle Exarchopolous – récompensée pour… La vie d’Adèle, justement. La prometteuse actrice ne devrait pas tarder à voir […]

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9 années il y a

[…] César 2014 n’auront, de toute façon, été qu’une vaste blague. Au moment de recevoir son titre honorifique, elle-même semblait mal à l’aise. Combien de […]

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9 années il y a

[…] peau de Pierre Bergé – et Reda Kateb, très en avant dans Hippocrate. Le premier a été (illogiquement) sacré l’an passé tandis que le second a la côte en ce moment. Ce sera très […]

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9 années il y a

[…] fais le mort), il confirme également le potentiel de la talentueuse Adèle Haenel (légitimement césarisée en février dernier) qu’il utilise dans un registre comique que celle-ci assume avec un naturel et une facilité […]

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