CESAR 2017 | Et si «Victoria» battait «Elle»?
Les jeux sont loin d’être faits ! A la vue de la liste des nominations aux César 2017, difficile de se prêter aux paris et aux pronostics tant aucun favori ne se dégage véritablement. Bien sûr, Elle et Frantz arrivent en tête des citations – ils sont nommés onze fois chacun -, mais rien ne dit que les votants porteront au final leur suffrage vers le sulfureux film de Paul Verhoeven ou vers le drame historique de François Ozon. D’autant que ce dernier n’est jamais le plus verni quand vient l’heure de la remise des prix.
«Divines», l’outsider de poids
Du côté de la catégorie meilleur film, il n’y a que Mal de pierres qui semble véritablement hors course. Le long métrage de Nicole Garcia compte huit nominations au total, mais il risque surtout de faire de la figuration lors de la cérémonie. Les Innocentes d’Anne Fontaine devrait connaître un sort similaire. Divines, le film « qui a du clito », en revanche, apparaît comme un sérieux outsider face à Elle et Frantz. Il concourra à la fois dans les catégories meilleur film et meilleur premier film, résultat, son auteure, Houda Benyamina, se retrouve assez logiquement en lice du côté des réalisateurs. Décrocher une ou plusieurs statuettes conclurait en beauté l’aventure de cette œuvre qui a fait sensation sur la Croisette où elle a reçu la Caméra d’or.
Egalement présentés à Cannes, Ma Loute et Victoria sont aussi en lice pour le César du meilleur film. L’exubérance et la folie du premier n’a pas, sur le papier, de quoi faire l’unanimité chez les votants. La comédie mélancolico-dramatique de Justine Triet apparaît en revanche plus consensuelle et pourrait tirer son épingle du jeu.
Virginie Efira versus Isabelle Huppert
L’interprète du rôle titre de Victoria, Virginie Efira, pourrait d’ailleurs bien récupérer le César de la meilleure actrice qui semble promis à Isabelle Huppert. Le statut d’archi-favorite de celle qui peut également prétendre à un Oscar pourrait jouer contre elle. Judith Chemla, sensationnelle dans Une Vie, et Marina Foïs, génialement flippante dans Irréprochable, sont en embuscade. En revanche, on imagine plus difficilement Sidse Babett Knudsen (La fille de Brest) repartir avec un nouveau César un an après celui qu’elle a obtenu pour son second rôle dans L’Hermine. Pour Soko, se retrouver dans la liste avec La Danseuse est déjà une récompense en soi, et elle devrait s’en contenter. Marion Cotillard, elle, est nommée pour Mal de pierres alors qu’elle a livré sa prestation la plus marquante l’an passé dans Juste la fin du monde.
Vers un plébiscite pour Dolan ?
Le cas du film de Xavier Dolan est intéressant puisque, si le Québécois est nommé parmi les meilleurs réalisateurs, il ne peut convoiter la statuette du meilleur film. Il pourra tout de même se consoler avec sa nomination en meilleur film étranger – dans cette catégorie, seuls Toni Erdmann et Moi, Daniel Blake semblent en mesure de le faire trembler. Gapard Ulliel, Nathalie Baye et Vincent Cassel sont également nommés pour Juste la fin du monde, respectivement en meilleur acteur et meilleurs seconds rôles féminin et masculin.
Chez les acteurs, c’est ouvert
La catégorie des meilleurs acteurs est sans nul doute la plus ouverte. Elle s’équilibre entre vieux de la vieille – François Cluzet (Médecin de campagne), Fabrice Luchini (Ma Loute) –, talents en pleine ascension – Pierre Deladonchamps (Le fils de Jean) et Pierre Niney (Frantz) – et ex-jeunes premiers en plein tournant dans leur carrière – Nicolas Duvauchelle (Je ne suis pas un salaud) et, donc, Gaspard Ulliel. Omar Sy (Chocolat) complète le tableau.
Un petit trio de films d’animation
Au Bleu du miroir, on se réjouit de voir deux chouchous de 2016, Ma vie de Courgette et La tortue rouge, en lice pour le César du meilleur film d’animation. Aucune surprise là-dedans. En revanche, on s’étonne que la catégorie ne comprenne que trois œuvres – La jeune fille sans mains est également nommé – alors que Louise en hiver ou Ballerina auraient pu leur tenir compagnie.
Les grands absents : «Réparer les vivants», «Personal Shopper»…
L’absence de ces deux films est tout de même moins criante que celles de films pour lesquelles plusieurs nominations semblaient acquises. Il paraît assez incompréhensible que Réparer les vivants de Katell Quillévéré n’ait droit qu’à une citation (meilleur scénario adapté) alors qu’il pouvait prétendre à figurer dans les meilleurs films, réalisateurs et seconds rôles féminins (Anne Dorval), entre autres.
Idem pour Personal Shopper et Nocturama qui, eux, ont été complètement zappés. Pourtant, Olivier Assayas et Bertrand Bonello ont signé deux des films français les plus forts de l’an passé. Quoi qu’on en pense, ils avaient le mérite de faire de véritables propositions de cinéma, là où un Mal de pierres sonnait relativement creux.