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UNE JEUNESSE CHINOISE

LOU YE | CHINE | 140 MIN | 2007 | HAO LEI,  GUO XIAODONG, HU LING

 

 « J’ai su, dès que je t’ai vu, que nous étions du même côté du monde. »

Ce film est une fresque historique de la Chine et de ce vent de liberté qui a soufflé sur le pays à la chute du Mur de Berlin. Mais il évoque surtout la jeunesse, la découverte de la vie et de soi-même, l’autonomie, les expériences.

Avec mélancolie et érotisme, le réalisateur nous plonge dans l’état d’esprit de l’étudiante et le brouille en faisant quelques apartés sur le jeune homme dont celle-ci est éprise. Nous suivons le chemin d’émancipation de Yu Hong, qui cherche ses repères et se livre dans son carnet intime (la lecture de celui-ci en voix-off accentue cette focalisation et renforce les impressions que nous laissent l’introvertie Yu).

Hao Lei livre une prestation à fleur de peau et incarne toute l’ambiguité et la sensualité juvénile de son personnage.Elle nous émeut, nous heurte, nous laisse songeur et nous bouscule, remet en cause nos idéaux, nous laisse plein d’espoir avant de finalement nous le retirer. C’est un peu le sentiment que le film entier, qu’elle marque de sa présence, peut laisser en sortant de la salle et de nombreuses heures après la projection.

La difficulté d’accepter sa vie comme elle est alors que l’on aspire à autre chose, que l’on se sent différent de ce que l’on vit et qui nous entoure, et ce combat intérieur sont très représentatifs de ce qui se passe dans cette jeunesse chinoise. Yu Hong est un volcan de sensibilité caché derrière un tempérament boudeur et détaché. Elle ne laissera tomber sa carapace qu’au moment où elle se donnera toute entière à son amant. Et Zhou Wei va être celui qui verra en elle, aux côtés duquel elle se sentira exister et qui va marquer son âme au point d’affoler tous ses repères. Une séquence est véritablement éloquente puisqu’elle va même jusqu’à lui annoncer, après qu’ils aient fait l’amour qu’elle préfèrerait qu’ils se séparent maintenant qu’elle ne peut plus se passer de lui.

    Un film dont il est difficile de parler tellement il dégage une palette d’émotions indescriptibles, que seules l’image et la musique illustrent pendant 2h20. L’oeuvre de Lou Ye dégage avec lyrisme et poésie ce souffle romantique de liberté, marqué de frustrations, de mélancolie et de solitude. Il met en images ces bris de vie sur lesquels on s’écorche pour ressentir à nouveau, ou justement, ne plus ressentir pour quelques instants éphémères.

    Ce film est non seulement beau, il en devient parfois terrassant, comme ce bout de jeune femme perdue dans un courant de révolte qu’elle ne contrôle pas, et qui malgré tout tente d’avancer. Il décrit avec pertinence le douloureux apprentissage de cette jeunesse en quête d’identité, aux idéaux déçus, et le contexte politique d’une période marquante de l’histoire mondiale. Son seul défaut est peut-être ce montage assez inégal et confus, qui peut parfois perturber le spectateur dans la chronologie des évènements.

 UNE JEUNESSE CHINOISE ●●●●



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12 années il y a

[…] emballé par Une jeunesse chinoise puis assez touché par Nuits d’ivresse printanière, je reste plus mitigé concernant le […]

NainDien
12 années il y a

En espérant qu’il sorte en dvd. Le cinéma asiatique n’est pas toujours bien distribué.

trackback
11 années il y a

[…] pu le remarquer dans Nuits d’ivresse printanière, Love and Bruises ou l’excellent Une jeunesse chinoise. Dans Mystery, co-financé en France, mais à nouveau réalisé sur le territoire chinois après […]

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