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COLLECTION TCHÈQUE MALAVIDA

Parmi les pans de l’histoire du cinéma qui regorgent de merveilles à découvrir ou à redécouvrir, la production tchèque des années 1960 constitue une véritable mine d’or dont les trésors sont régulièrement exhumés pour notre plus grand plaisir. Et c’est l’occasion de constater à quel point cette période vibre encore aujourd’hui d’une originalité, d’une vitalité et d’une grande liberté de ton. Et reste très moderne. Par son humour, l’acuité de sa vision et son courage, au regard de la situation politique de l’époque à laquelle ces longs métrages ont été tournés. Nous reviendrons dans les lignes qui suivent sur trois œuvres très différentes, formellement et thématiquement, attestant qu’à toutes les qualités déjà citées précédemment on peut ajouter une très belle diversité et une créativité remarquable.

Fin août à l'hotel Ozone

Fin août à l’hôtel Ozone 

Tourné en 1966 par Jan Schmidt, dont c’était le premier film, Fin août à l’hôtel Ozone constitue une incursion radicale dans le genre du film post-apocalyptique, à travers un drame de science fiction dans lequel nous suivons un groupe de neuf femmes préoccupées par leur survie et qui cherchent à trouver des hommes encore vivants pour perpétuer l’espèce. Parmi ces survivantes, seule celle qui semble commander le groupe a connu l’ancien monde qui s’est éteint une cinquantaine d’années plus tôt. Confrontées au pire, mues par un instinct de conservation et n’ayant connu aucune  contrainte sociale, ces femmes font preuve d’une combativité et d’une endurance peu communes mais aussi d’une brutalité compréhensible par rapport à leur situation qui n’est jamais édulcorée par le cinéaste. A l’origine produit par l’armée tchèque afin de sensibiliser au risque nucléaire, Fin août à l’hôtel Ozone ne sacrifie jamais au spectaculaire. Au contraire, il s’agit d’une œuvre sobre et esthétique qui en dit long sur la nature humaine. 

Happy end

Happy end

Oldrich Lipsky, le réalisateur d’Happy end, venait du théâtre, a réalisé des films dès les années 1950, très souvent des comédies, des pastiches. Dans Happy end, Lipsky s’amuse avec les codes et la forme du cinéma muet. A travers ce qui constitue l’un des premiers grands films dont la narration est inversée, bien avant Memento ou Irréversible. Débutant par l’exécution d’un homme qu’on va guillotiner, l’histoire va nous révéler ce qui a amené cet homme à ce funeste destin, même si ce personnage ne semble pas plus bouleversé que cela par cette fin violente. Happy and se trouve constamment traversé par des trouvailles visuelles éblouissantes et poétiques, magnifiées par la très belle restauration dont le film a bénéficié. La chronologie inversée donne lieu à des incohérences verbales réjouissantes et à de belles scènes absurdes ou spectaculaires. Les comédiens s’en donnent à cœur joie, particulièrement Vladimir Mensik, vu notamment dans Un jour, un chat ou Les Amours d’une blonde. Un film marqué par un humour noir dévastateur mais aussi par des qualités esthétiques qui en font une grande réussite. 

Ecce Homo Homolka

Ecce Homo Homolka

Jaroslav Papousek, une des grandes figures de la Nouvelle Vague tchèque, était un artiste aux multiples talents : écrivain, peintre, sculpteur et réalisateur. Son deuxième film, tourné en 1969, Ecce Homo Homolka, nous livre une représentation au vitriol de la famille, du couple et de la nature humaine. Lâcheté, compromissions, violence domestique, mépris de la femme, veulerie…Tout y passe avec humour et  une vérité psychologique sans concessions. Ce qui n’exclue pas une certaine tendresse pour ces personnages perdus dans leurs contradictions, leurs faiblesses et leurs regrets éternels de n’être que ce qu’ils sont. Cette radiographie de la cellule familiale et d’une société corsetée, qui semble dépourvue d’oxygène, fait beaucoup rire mais émeut également et peut renvoyer au spectateur un miroir, déformant ou non assez dérangeant.

Ces trois films sortent en DVD le 24 août, dans des versions restaurées et éditées par Malavida, dans la Collection Tchèque ! Chacun des DVD contient un livret instructif qui revient sur la genèse du film et offre textes et analyses de Jean-Gaspard Palenicek. 


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