A CHIARA
Chiara, 16 ans, vit dans une petite ville de Calabre. Claudio, son père, part sans laisser de trace. Elle décide alors de mener l’enquête pour le retrouver. Mais plus elle s’approche de la vérité qui entoure le mystère de cette disparition, plus son propre destin se dessine.
Critique du film
Troisième film de Jonas Carpignano, après Mediterranea et A Ciambra, A Chiara démarre par une très belle et longue séquence de fête familiale. Une fête d’anniversaire. On s’amuse, on danse et on plaisante. Le père refuse de faire un discours, explique à sa fille qu’il ne faut pas lui forcer la main. Cette scène de fête, très réussie, très naturelle, installe un climat, une ambiance dont on n’arrive pas tout de suite à cerner si elle est saine ou délétère.
Le père de Chiara va disparaître, partir sans laisser de traces. Quelles sont les raisons qui ont poussé cet homme à tout laisser derrière lui. Sur les réseaux sociaux, Chiara croit comprendre que son père n’est pas l’homme honnête et banal qu’elle pensait. Il appartiendrait en fait à la Ndrangheta, la mafia calabraise. Chiara veut connaître la vérité, questionne sa famille, mène son enquête. Elle veut savoir qui est vraiment son père, quitte à se confronter à sa famille.
Chiara va devoir faire des choix, accepter ou non un lourd héritage familial. On ne sait pas exactement ce qu’elle veut faire, où elle veut aller. Mais cette recherche de la vérité sur son père va marquer un passage de l’adolescence à l’âge adulte marqué comme souvent par une profonde désillusion, une perte de l’innocence. Le monde des adultes, moins vertueux que prévu, a peut-être beaucoup construit sur le mensonge, ou tout au moins le non-dit, la dissimulation.
On voit à plusieurs reprises Chiara s’entraîner dans une salle de sport, sur un tapis de course. Elle court mais n’avance pas, tout comme elle fait à un moment du surplace dans l’appartement familial avant de se retourner, dans un de ces moments d’onirisme qui parcourent le film. Il va lui falloir apprendre à réellement avancer et pour cela refuser ce qu’on lui impose, que ce soit sa famille ou les services sociaux.
Swamy Rotolo, qui joue le rôle de Chiara, constitue une vraie révélation et possède à la fois charisme et puissance de jeu. Le parcours de son personnage, est le véritable sujet de ce long métrage, entre quête de la vérité sur sa famille et recherche de son propre destin, celui dont elle veut et pas celui qui ne serait que le fruit d’un atavisme, d’une hérédité qui ne correspondrait pas à sa vraie nature.
Quel que soit le choix que fera Chiara, celui-ci ne sera pas monochrome, mais un mélange complexe de plénitude et de profonde tristesse, de soulagement et de regrets éternels. A Chiara est un film beau et douloureux, intense et sensible.
Bande-annonce
13 avril 2022 – De Jonas Carpignano, avec Swamy Rotolo, Claudio Rotolo, Carmela Fumo
Festival Les Arcs 2021 // Compétition