À CŒUR BATTANT
Julie et Yuval s’aiment et vivent à Paris. Du jour au lendemain, ce couple fusionnel doit faire face à une séparation forcée. Lui à Tel Aviv, dans sa ville natale, elle à Paris avec leur bébé, ils continuent à vivre ensemble mais par écrans interposés. Cette vie par procuration va vite connaître ses limites. La distance mettra leur amour à rude épreuve…
Critique du film
Drame romantique dans l’air du temps, À cœur battant suit un homme et une femme séparés par la distance pour une question de visa. Fraîchement parents, ceux-ci utilisent la technologie pour rompre l’éloignement du quotidien. Mais ce qui est censé nous rapprocher finit parfois par nous isoler et le film de Keren Ben Rafael l’illustre avec justesse.
Exacerbant les difficultés du quotidien ou les divergences d’opinion (sur l’éducation d’un jeune enfant, le rapport au professionnel…), la distance peut désormais être contrariée grâce aux infinies possibilités de communication – qui furent autant un atout qu’une limite pour chacun durant les semaines de confinement. Skype et consorts créent effectivement cette illusion d’intimité mais n’accentue-t-elle finalement pas la frustration de ne pas être réunis ?
Questionnant notre rapport à la technologie et ses nombreux effets secondaires insidieux, À cœur battant est aussi une radiographie d’un couple condamné à l’attente face aux vicissitudes de l’exil et les contradictions administratives. En creux, le long-métrage évoque aussi la charge mentale féminine (concilier les responsabilités maternelles et le versant professionnel) ainsi que le déracinement et les sacrifices qu’il induirait pour cet homme israélien qui devra (presque) tout quitter pour retrouver la femme qu’il aime et voir grandir son jeune garçon.
Parvenant à restituer la trajectoire de cet amour à distance exclusivement par le prisme de Skype, À cœur battant réussit admirablement à mettre son dispositif au service de ce récit, drôle, touchant et subtil. Porté par deux comédiens formidables de justesse, Judith Chemla (Ce sentiment de l’été) et Arieh Worthalter (Girl, Douze mille…), ce drame intime et romantique se ponctue par une ultime séquence de toute beauté, aussi enivrante que déchirante.
Bande-annonce
30 septembre 2020 – De Keren Ben Rafael, avec Judith Chemla, Arieh Worthalter, Noémie Lvovsky
