À TROIS ON Y VA
Charlotte et Micha sont jeunes et amoureux. Ils viennent de s’acheter une maison près de Lille pour y filer le parfait amour. Mais depuis quelques mois, Charlotte trompe Micha avec Mélodie… Sans rien soupçonner, se sentant toutefois un peu délaissé, Micha trompe Charlotte à son tour… mais avec Mélodie aussi ! Pour Mélodie, c’est le vertige. Complice du secret de chacun. Amoureuse des deux en même temps…
Amour pluriel.
Il y a beaucoup de choses dans À trois on y va, le dernier film de Jérôme Bonnell. Un peu de Musset et de Marivaux, un parfum de sitcom qui s’échappe de la mise en scène légère, parfois burlesque, voire quelques réminiscences de la Nouvelle vague.
Douce sérénade, drôle et sensuelle, À trois on y va assume sa posture naïve pour ne garder que la beauté des sentiments. Sentiments imprégnés, ceux qui unissent Micha et Charlotte, attirance passionnée et charnelle, entre Charlotte et Mélodie, flirt coupable mais concrétisé, entre Micha et Mélodie. Dans son dernier film, Jérôme Bonnell nous emporte dans une enivrante ôde à l’amour pluriel, aussi amusante qu’envoûtante malgré ses maladresses. Le metteur en scène filme le badinage amoureux de ces trois jeunes gens avec délicatesse et bienveillance. Il nous les montre, fragiles et vulnérables, séduisants et séducteurs, perdus et consommés d’une passion qui les dévore.
Le film distille son humeur singulière, nous offre même la grâce de certains instants, la sensualité qui se dégage de ces trois êtres volages emportés par le torrent des amours et des incertitudes. On s’esclaffe autant que l’on s’émeut, c’est un ravissement que l’on ne ressent que rarement au cinéma ces derniers temps. L’enthousiasme que déclenche le film est indiscutable.
Pourtant, subsiste au moment du générique un léger sentiment de regret. Première réserve sur le film, même si celle n’empêche cependant pas l’alchimie d’opérer, ce déséquilibre qui semble s’observer dans le trio du fait de l’interprétation des comédiens : Anaïs Demoustier rayonne et Sophie Verbeek intrigue tandis que le sympathique Felix Moati reste plus en retrait, ne parvenant toujours pas à se débarrasser d’une interprétation un peu trop lisse.
Et puis il y a ce dénouement, trop abrupt, qui arrive comme un cheveu sur la soupe en réveillant une impression d’inachevé. Il manquerait presque une scène, entre l’antépénultième et la dernière. Quelque chose qui expliquerait ce choix, soudain. Ces amours imaginaires avaient tout pour devenir éternels. Pourquoi ne pas être resté sur cette nuit américaine, superbe, où chacun s’abandonne aux autres dans l’amour trilatéral qu’ils ont décidé d’embrasser ? Bonnell a préféré choisir, nous imposant cette issue discutable qu’il défendra pourtant en l’assimilant à un cadeau d’amour.
Rien de trop pénalisant cependant tellement le charme de cette comédie romantique délicate et attachante suscite spontanément notre plus grande indulgence.
La fiche
À TROIS ON Y VA
Réalisé par Jérôme Bonnell
Avec Anaïs Demoustier, Félix Moati, Sophie Verbeeck…
France – Comédie, Romance
Sortie en salle : 25 Mars 2015
Durée : 86 min
Si j’adhère à peu près à l’ensemble de ta critique, je ne suis pas d’accord avec toi concernant Félix Moati, son côté « lisse » vient du personnage et de sa candeur. Je l’ai trouvé très juste.
Concernant la fin, qui effectivement à de quoi diviser (y compris dans ma tête, je suis un peu schizo…), je lui reconnais une certaine audace. J’aurais moi aussi aimer voir cet amour au pluriel durer éternellement mais, pour le coup, cette fin aurait été céder à la facilité, dire au spectateur : « débrouille-toi avec tout ça ». Là où je te rejoins, c’est que ce dénouement est trop abrupt. Si sa façon de mettre fin à la relation à trois est plutôt subtile (il a raison lorsqu’il l’assimile à un cadeau d’amour, et c’est plutôt beau), il ne prend effectivement pas suffisamment le temps d’amener, d’expliquer ce choix (même s’il donne quelques pistes en amont dans le film).
Je pourrais te rejoindre à propos de Moati si je ne retrouvais pas ce défaut-là dans ses autres rôles 😉
Quant à la fin, je pense que l’on est d’accord, en fait.
C’est drôle, mon cœur balance (c’est le cas de le dire) entre vos deux avis. J’aurais bien aimé l’absence de choix: puisque ce trio amoureux fonctionne bien, pourquoi y mettre fin ? En même temps, le choix de Charlotte possède une certaine beauté. En effet, quand on aime, il faut partir: http://marlasmovies.blogspot.fr/2015/03/a-trois-on-y-va-2-filles-1-garcon-3.html