ADAM À TRAVERS LE TEMPS
Un pilote entreprend un voyage dans le temps aux côtés de l’enfant qu’il était et de son père disparu afin de soigner les plaies du passé, tout en sauvant l’avenir.
Critique du film
L’été dernier, nous étions revenus sur la sortie de Free Guy en s’attardant sur la manière dont un studio, et le système industriel qu’il incarne, peut écraser l’innocence d’un cinéaste émerveillé par son métier comme Shawn Levy. Dans ce blockbuster inscrit dans l’air du temps, des idées aussi stimulantes qu’une comédie romantique premier degré entre une développeuse de jeu-vidéo et un PNJ et la réalisation de ce dernier de sa condition programmée furent jetés au profit d’une overdose de comédie ratée et de fan-service publicitaire en incorporant le plus de propriétés intellectuels que possède Disney possible. Les limites du blockbuster moderne ont-ils eu raison de Shawn Levy ? C’est dans ce contexte qu’Adam à travers le temps débarque sur la plateforme.
Ce film de science-fiction marque plusieurs retrouvailles avec le réalisateur : celle avec Netflix, après avoir contribué au succès de la plate-forme avec le hit Stranger Things, et celle avec le comédien Ryan Reynolds, héros éponyme de Free Guy. Adam à travers le temps suit l’histoire d’un jeune homme, affrontant difficilement un deuil paternel, qui va rencontrer son « lui » du futur (incarné alors par Reynolds). Ensemble, ils vont alors partir dans une aventure temporelle pour réparer leurs failles et tenter de sauver leur père (incarné par Mark Ruffalo).
Démarrant sur une course-poursuite spatiale en 2050, le film capte tout de suite par l’attention accordée à ce qui est racontée. En évitant l’écueil du sur-découpage, le film affiche d’emblée une générosité dans l’action qu’il propose. Une séquence d’ouverture à l’image de celles qui succéderont, mettant un point d’honneur à ce que l’image soit visible, témoignant également d’une envie de se réinventer à chaque scène, qui pourrait chacune paraître banale si elle ne s’accompagnait pas aussi d’un affect palpable qui créé de l’empathie envers les protagonistes chez le spectateur.
On le devine dès le moment où le jeune Adam s’apprête à découvrir sa version adulte, dans une scène qui renvoie immédiatement au jeune Elliot qui rencontre E.T chez Spielberg, Shawn Levy a compris ce qui faisait la force des films de la Amblin. Cette générosité visuelle, mais également la place importante accordée aux personnages, à leurs fêlures et leur évolution se retrouvent dans Adam à travers le temps, où le personnage titre se confronte non seulement à son entourage (relation maternelle difficile avec sa mère, jouée par Jennifer Garner) mais aussi face à des épreuves plus sombres comme le deuil. L’évolution du récit de science-fiction s’avère introspective, apportant au film un véritable supplément d’âme auquel le reste du casting contribue – on pense notamment à Zoe Saldana et Catherine Keener.
Derrière son apparent classicisme, Adam à travers le temps devrait facilement émouvoir et redonner foi en le blockbuster contemporain. Libéré de contraintes publicitaires flagrantes et d’une mise en scène plate, il offre un divertissement sans prétention, si ce n’est celle d’offrir un spectacle réjouissant pour la famille.
Critique du film
11 mars 2022 (Netflix) – De Shawn Levy, avec Ryan Reynolds, Mark Ruffalo, Jennifer Garner