AFTER MY DEATH
Kyung-min a disparu. Le sac à dos de la lycéenne a été retrouvé au milieu d’un pont, au-dessus du fleuve. Elle avait passé une partie de la nuit avec deux camarades de classe, dont Young-hee qui tout de suite apparaît aux yeux de tous comme la responsable de la disparition de sa camarade. Mais que s’est-il vraiment passé, cette nuit-là ?
En quête de vérité.
Le milieu scolaire en Corée du sud est souvent décrit comme très policé, studieux, porté par un désir d’excellence qui n’a d’égal que sa voisine japonaise. Des réalisateurs comme Shin Suwon (Suneung en 2013) ou Lee Hwan (Park Hwayoung, 2018), ont désiré montrer une jeunesse habitée par ses doutes et présentant des fêlures contrastant cette image de perfection des écoliers coréens. Premier film de Kim Ui-seok, After my death prolonge cet effort autour du mystère de la disparition d’une lycéenne. Si l’intrigue prend des accents d’enquête policière avec de longs interrogatoires typiques du genre, c’est dans le drame que se nourrit le film. Le réalisateur prend un malin plaisir à ne jamais vraiment dévoiler son histoire, restant dans la suggestion, dans le non-dit le plus troublant. Chaque réponse se déploie en une nouvelle question qui obscurcit d’autant une narration qui refuse de se livrer totalement.
Kyung-min est elle morte ? Était-elle victime ou plutôt actrice d’une vengeance contre ses camarades ? Ces interrogations portent le récit mais ne le résume pas non plus. Le portrait de ce groupe d’adolescentes révèle avant tout la noirceur d’une génération qui brille par sa cruauté et sa capacité à nuire par jeu ou par désœuvrement. Chaque direction explorée par Kim Ui-seok permet d’appréhender une nouvelle facette de la personnalité troublée du personnage principal, et avec elle de toute sa tranche d’âge. Lâcheté, jalousie, amour contrarié, rien de positif ne semble pouvoir émerger de ce groupe, passé au crible du regard de Kyung-min, absente et pourtant juge omniscient de ses camarades de classe. S’il est difficile de discerner la vérité dans une histoire où tout le monde ment, on est happé dans ce tourbillon d’émotions brutes et abrasives qui ne laissent pas indemne.
After my death est un film éprouvant psychologiquement, sans concession avec ses jeunes actrices, qui a obtenu le Grand prix de la compétition « new currents » au dernier festival de Busan, plus gros festival de cinéma en Asie.
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