ALICE ET LE MAIRE
La ficheRéalisé par Nicolas Pariser – Avec Fabrice Luchini, Anaïs Demoustier…
France – Comédie politique – Sortie : 2 octobre 2019 – Durée : 103 mn
Synopsis : Le maire de Lyon, Paul Théraneau, va mal. Il n’a plus une seule idée. Après trente ans de vie politique, il se sent complètement vide. Pour remédier à ce problème, on décide de lui adjoindre une jeune et brillante philosophe, Alice Heimann. Un dialogue se noue, qui rapproche Alice et le maire et ébranle leurs certitudes. Peu à peu, une question se pose : la pensée et la pratique politique sont-elles compatibles ?
La critique du film
Si l’on fait exception de Pierre Schoeller (L’Exercice de l’Etat) ou Bertrand Tavernier (Quai d’Orsay) pour les exemples récents, les comédies ancrées dans le monde politique se font plutôt rares, comme si de nombreux cinéastes craignaient de se casser les dents sur cet univers complexe. Nicolas Pariser n’est pas de ceux-là. Après Le grand jeu, il persiste et signe avec l’excellent Alice et le maire, présenté (et récompensé) à la Quinzaine des Réalisateurs.
Plongeant à nouveau dans les arcanes du pouvoir avec cette plume affûtée, il s’intéresse cette fois à la question des « idées » dans la politique autour d’un maire de Lyon, Paul Théraneau, entièrement dévoué au service de sa cité et de son pays, mais souffrant d’une carence de nouvelles idées après vingt-cinq ans de mandat. Son cabinet embauche alors Alice Heimann, une universitaire trentenaire, discrète et cultivée, l’affectant sur un poste municipal aux objectifs nébuleux. Les interactions de ce duo détonnant et inter-générationnel offrent une porte d’entrée dans une exploration dynamique, ludique et émouvante de notre mode de vie actuel. Sous couvert d’un divertissement chic mais accessible, il donne surtout matière à réfléchir en profondeur sur l’état actuel de la gauche comme celui, plus large, de la démocratie.
À l’image d’un Aaron Sorkin – dont il ne nie pas l’admiration – , il fait preuve d’une entière confiance en l’intelligence du spectateur et offre de merveilleuses scènes dialoguées portées par deux interprètes au diapason d’un matériau brillant, au cœur de la mairie lyonnaise. Développant un vaste champ d’exploration sur la place des idéaux dans le cadre de l’exercice républicain, Alice et le maire s’impose comme une référence en matière de comédie politique et un formidable moteur de réflexion aussi rafraîchissant qu’intelligent.