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ANNETTE

Los Angeles, de nos jours. Henry est un comédien de stand-up à l’humour féroce. Ann, une cantatrice de renommée internationale. Ensemble, sous le feu des projecteurs, ils forment un couple épanoui et glamour. La naissance de leur premier enfant, Annette, une fillette mystérieuse au destin exceptionnel, va bouleverser leur vie.

Critique du film

Après une année de misère culturelle, le Festival de Cannes s’ouvre en grande pompe avec l’opéra-rock Annette de Leos Carax, près de huit ans après avoir foulé le tapis rouge avec Holy Motors. Un film prometteur, orchestré par la musique des Sparks – décidément partout cette année, y compris chez Edgar Wright. Un projet en préparation depuis des années, qui a vu défiler les noms de Rihanna et de Rooney Mara pour au final conserver ceux d’Adam Driver et de Marion Cotillard. Une chose est sûre, Annette ne laissera personne indifférent.

Dès son ouverture, Leos Carax façonne son Los Angeles tel un théâtre de marionnettes.  L’enthousiasme inaugural entraîne tout sur son passage, dans un univers mi-grotesque, mi-romantique. Les quelques instants de grâce se révèlent paradoxalement dans ce que le film offre de plus vivant : l’amour et le sexe. 

Paradoxalement, car Annette est un film de mort. La frénésie se teinte progressivement de tragédie. Le petit monde de papier s’écroule soudainement, en proie aux ténèbres de l’industrie. Et c’est justement par la mise en abyme – ou abîmes, on ne sait plus – que Leos Carax démonte le monde du spectacle. La belle Los Angeles, capturée dans le sillon d’une moto en pleine nuit, broie celles et ceux qui s’y aventurent. Du monde du spectacle, Carax n’en tire qu’un vortex mortel où chacun.e chante pour échapper à l’angoisse du vide. Et le constat est sinistre : le Beau n’existe que dans le secret. 

Pourtant, malgré une superbe mise en bouche, Annette ennuie. Leos Carax tire des ficelles un peu trop grosses dans un univers qui tourne rapidement à vide. Dès lors qu’il délaisse les sentiers inconnus, le film perd de sa splendeur et surtout de son émotion. Les images, certes magnifiées par Caroline Champetier, sonnent comme des coquilles vides. La myriade de symboles se vide de sa poésie et n’a plus rien d’autre à offrir que de la lassitude. 

Passé l’émerveillement sincère de son ouverture, et sauvé in-extremis par une scène de fin pleine de grâce, Annette peine à convaincre. Drôle de choix d’ouvrir un festival qui appelait aux retrouvailles avec un film comme Annette : clivant sans doute, profondément cynique, très certainement.

Bande-annonce

6 juillet 2021Avec Adam DriverMarion CotillardSimon Helberg