BACURAU
La ficheRéalisé par Kleber Mendonça Filho & Juliano Dornelles – Avec Sônia Braga, Udo Kier…
Brésil – Comédie – Sortie : 25 septembre 2019 – Durée : 132mn
Synopsis : Dans un futur proche… Le village de Bacurau dans le sertão brésilien fait le deuil de sa matriarche Carmelita qui s’est éteinte à 94 ans. Quelques jours plus tard, les habitants remarquent que Bacurau a disparu de la carte.
La critique du film
Dans la famille des auteurs qui nous ont secoué ces dernières années à Cannes, Kleber Mendonça Filho se trouve en bonne place grâce à son magnifique Aquarius, qui avait illuminé la compétition officielle de l’édition 2016. Pour son nouveau film, nous retrouvons deux actrices fétiches de l’auteur, Barbara Colen et la grande Sonia Braga. Autant dire que les attentes sont élevées et exigeantes quand une telle équipe remet sur la table un nouveau spécimen de son travail. Fer de lance du « nouveau cinéma brésilien », Kleber Mendonça Filho a démontré un goût et un talent pour l’aspect formel dès son premier film Les bruits de Recife, sommet de virtuosité en terme de travail sur le son et œuvre abstraite et théorique assez incroyable.
Pour son nouveau projet, associé à Juliano Dornelles, KMF a voulu explorer de nouveaux horizons et se renouveler. Si l’on retrouve certains aspects de son cinéma atmosphérique dans des plans sublimes, c’est vers de nouvelles pistes que le cinéaste brésilien se dirige. En effet, Bacurau, le nom d’une toute petite ville du nord du pays, s’apparente au film de genre. Situé dans un futur plus ou moins proche, il a tout d’un western. La ville autarcique, le rythme lancinant et aride et des scènes d’action où le plomb vole de part et d’autres. Mais ça ne s’arrête pas là, car le geste est également politique, trait qui semble s’imprimer en filigrane de beaucoup de films de cette 72e édition. Militant et revendicatif, Mendonça Filho met en place les bases d’une fable qui s’apparente à une charge anti-Bolsonaro avant l’heure. Si le film fut terminé ou bien écrit avant l’élection du président d’extrême droite du Brésil, on sent bien le brûlot pamphlétaire dénonçant les dérives nationalistes et populistes qui caractérise le nouveau régime au pouvoir.
Malgré ces qualités énoncées, force est d’admettre que le résultat n’est pas du tout à la hauteur des ambitions initiales. Tout ce qui fonctionnait dans Aquarius, et notamment dans les dialogues et situations développées autour de Sonia Braga, est remplacé par des archétypes assez mal écrits qui n’emportent ni l’adhésion, ni l’émotion du spectateur. L’auteur s’évertue à insuffler un rythme qui confine à l’absurde, avec un humour à l’avenant la plupart du temps, qui ne fait que perdre en cours de route, créant des moments proches de la farce de mauvais goût.
Espérons que Bacurau ne représente qu’une expérimentation éphémère dans sa carrière, qui mérite assurément une prochaine étape plus conforme au talent affiché avec ces deux merveilleux premiers films.