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BEAST

Le Dr. Nate Daniels revient en Afrique du Sud, où il a autrefois rencontré sa femme aujourd’hui décédée, pour y passer des vacances prévues de longue date avec ses deux filles dans une réserve naturelle, tenue par Martin Battles, un vieil ami de la famille, biologiste spécialiste de la vie sauvage. Mais ce repos salvateur va se transformer en épreuve de survie quand un lion assoiffé de vengeance, unique rescapé de la traque sanguinaire d’ignobles braconniers, se met à dévorer tout humain sur sa route et prend en chasse le docteur et sa famille.

Critique du film

Après avoir monté une douzaine de pièces classiques et des comédies musicales (HairThe Rocky Horror Show), tant dans son propre théâtre qu’au Théâtre national d’Islande, le comédien et metteur en scène islandais Baltasar Kormakur s’est fait connaitre dans le registre du film d’action testostéroné (Contrebande, 2 guns) et le survival grand public à grands renforts de violons (À la dérive, Everest). Pour son nouveau film de survie, il s’envole cette fois en Afrique du Sud avec Idris Elba, lui aussi désormais (trop ?) souvent cantonné aux séries B musclés.

Le prologue donne le ton. Quelques ordures massacrent un groupe de lionnes pour faire commerce de leurs cadavres. Cette mise à mort violente et expéditive se termine tout juste alors que le mâle, chef de meute, s’attaque à deux d’entre eux, les réduisant à leur tour au même sort sanglant qu’ils méritaient. Oeil pour oeil, dent pour dent. Loi du talion ou loi de la jungle ? L’animal sauvage, traumatisé par cet acte de barbarie, va devenir l’agresseur au centre de l’intrigue de Beast, bien décidé à se venger des bipèdes occupant son territoire. Une fois ce postulat (qui n’est pas sans soulever de sérieuses interrogations) posé, le film se recentre autour d’un Américain et ses deux filles venues explorer la réserve sous la tutelle d’un ami de longue date, spécialiste de la jungle et défenseur de la cause animale.

Dans la jungle, terrible jungle, le lion te mord ce soir

Ce dernier leur fait d’ailleurs rapidement rencontrer quelques lions qu’il a élevés puis relâchés dans leur habitat naturel. Quelques câlins homme/félins plus tard, l’excursion se poursuit mais ne se déroule pas comme prévue. Après avoir découvert le massacre perpétré par une bête sauvage dans un village de modestes paysans, l’équipage croise bientôt la route de ce fameux lion bien moins docile. Attaqués et séparés de leur compagnon bien avisé, diminué par de vilaines blessures, ils vont devoir rivaliser de courage et d’imagination pour survivre en pleine nuit sur le territoire du prédateur. Le tout sans véhicule, puisque celui-ci est rapidement rendu inutilisable suite à une sortie de route.

Beast film

Qui est la bête ?

Le problème essentiel du film ne vient pas de la prestation de son comédien principal, comme souvent crédible en tant que pilier d’un film d’action, ni même de l’exécution efficace de Kormakur, mais bien du postulat même de l’histoire qui place la bête comme l’antagoniste terrifiant du scénario alors qu’il n’est rien d’autre qu’une victime ayant été agressée sur son lieu de vie et ayant vu sa meute décimée par une bande d’impitoyables criminels. Ainsi, si la compassion se portera bien évidemment sur cette pauvre famille à la merci d’un drame abominable, voir ce brave père de famille combattre un animal meurtri ne procure absolument pas l’effet escompté. Car, aussi surprenant que cela puisse encore paraître, un animal sauvage n’est fondamentalement pas programmé pour faire des câlins à ceux qui l’oppressent ou le détiennent en captivité.

Pour ne rien arranger, certains comportements des personnages frisent le ridicule – jusqu’à nous interroger sur leur quotient intellectuel – et n’apparaissent que comme de simples leviers afin de relancer le suspens alors qu’un peu de bon sens aurait permis d’éviter certaines prises de risques inconscientes. Le spectateur, conscient de ce qu’il est en train de visionner, n’aura ainsi pas besoin d’être particulièrement intelligent pour deviner le déroulement narratif de Beast – et, en soi, ce ne serait pas bien grave si seulement cela n’était pas aussi peu inspiré jusqu’à un épilogue expédié négligemment. Un plaisir coupable pour certains (Idris Elba v. un lion), un coup d’épée dans l’eau pour d’autres. Mais vraiment pas de quoi rugir de plaisir…

Bande-annonce

24 août 2022De Baltasar Kormákur, avec Idris ElbaSharlto Copley