BEING THE RICARDOS
Une plongée dans les coulisses d’une semaine de production de la sitcom « I Love Lucy », alors que Lucille Ball et Desi Arnaz font face à une série de crises à la fois personnelle et professionnelle qui menace leur émission, leurs carrières respectives et leur mariage.
Critique du film
En France, Being The Ricardos a été retitré Hollywood 1953. Un nouvel intitulé pour le moins obscur pour un public qui ne connaît rien de Lucy et Ricky Ricardo, les héros des 179 épisodes de I Love Lucy. Dire que cette sitcom, qui a diverti les Américains par dizaines de millions le temps de six saisons entre 1951 et 1957, fut un phénomène est un euphémisme. Plus de soixante ans plus tard, son aura persiste dans la pop culture outre-Atlantique. En 2020, l’ultime saison de Will & Grace lui a rendu hommage le temps d’un épisode – We Love Lucy – plongeant ses protagonistes new-yorkais dans le costume de ceux d’antan. En 2021, WandaVision, exercice de style made in MCU autour des codes des sitcoms, y faisait référence dès son premier épisode…
Carnet de Ball
Nul doute que le public d’outre-Atlantique, familier de cette œuvre séminale, dégustera le film d’Aaron Sorkin avec un regard complice et connaisseur. Being The Ricardos n’égare pas pour autant les béotiens. Avec son intrigue resserrée sur cinq jours, le scénario jongle entre les enjeux. On y suit l’équipe d’I Love Lucy du lundi au vendredi, dans les coulisses de la construction d’un épisode. Lucille Ball (Nicole Kidman), la comédienne incarnant l’héroïne titre, est déstabilisée : son mari, Desi Arnaz (Javier Bardem), qui joue également son époux de fiction, fait couler l’encre dans la presse à scandale avec des rumeurs d’infidélité. Et en plus de ça, l’actrice est soupçonnée dans d’autres médias d’être communiste – synonyme d’infamie et d’excommunication dans le Hollywood de ces années-là.
Aaron Sorkin agrège à cet arc narratif des éléments biographiques racontant l’histoire du couple Ball-Arnaz et leur ascension vers le succès télévisé. Il montre aussi comment Lucille Ball s’impliquait dans l’écriture des sketches, son obsession pour le timing comique et la plausibilité de chaque blague. Autrement dit combien le rire était pour elle une affaire sérieuse. Il aborde enfin un angle plus contemporain en livrant une réflexion, à travers ses personnages, sur la représentation des femmes à l’écran, tout en mettant en évidence les symptômes du paternalisme et du patriarcat.Aaron Sorkin ne déroge pas à ce qui fait sa patte de scénariste, l’omniprésence des dialogues et du « walk and talk » – ces séquences au cours desquelles les personnages s’échangent leurs répliques en marchant sont cependant ici portion congrue. D’aucuns trouveront Being The Ricardos trop verbeux ou didactique. Nous préférons y voir une autopsie respectueuse et captivante d’un monument de la pop culture américaine.
Bande-annonce
21 décembre 2021 (Prime Vidéo) – De Aaron Sorkin, avec Nicole Kidman, Javier Bardem