BENJAMIN
Critique du film
Il y a dans Benjamin beaucoup des ingrédients classiques de la comédie romantique. Ainsi son protagoniste principal, le Benjamin du titre, est un jeune cinéaste anglais aux multiples angoisses, notamment celle d’être aimé et d’assumer d’aimer, qui va s’éprendre d’un chanteur français, Noah, plus jeune et plus insouciant que lui. On sent rapidement que leur histoire va être jalonnée d’embûches avant que, peut-être, ils finissent ensemble. Certains personnages secondaires sont assez typiques de la comédie romantique, comme l’indispensable meilleur ami. Le ton du film est aussi celui de la rom-com, alternant les situations drôles, qui pour la plupart moquent le milieu du cinéma ou de l’art en général, et les instants romantiques.
Mais Benjamin va au-delà de la comédie romantique, son enjeu n’étant pas que l’évolution de son couple en formation, et s’étoffe d’un arc plus dramatique à travers son personnage principal, totalement bloqué par son angoisse face à l’amour, au point de devenir un handicap social (il a beaucoup de difficultés à communiquer) et de le plonger dans un état dépressif. Porté par Colin Morgan (connu pour avoir été Merlin sur le petit écran), le personnage touche par sa détresse émotionnel et s’impose comme l’atout majeur de Benjamin. Il évince d’ailleurs peut-être un peu trop les seconds rôles, qu’on aurait aimé voir plus développés.
S’aimer et être aimé
Benjamin offre quelques jolis moments, soit par leur délicatesse (la scène du bain notamment), soit par leur imagerie poétique, lorsque la photographie joue avec la couleur et la lumière. Ces séquences en suspension sont sûrement les plus belles du film, qui aurait gagné à les multiplier d’avantage en sachant prendre plus son temps. On a parfois l’impression que Simon Amstell, réalisateur et scénariste du film (qui s’inspire de sa propre expérience), a du mal à s’écarter de ce qu’il a écrit et de laisser son histoire voler de ses propres ailes. Ce qui finalement, il est vrai, colle plutôt bien à la psychologie de son personnage principal (et vraisemblablement du réalisateur), mais on aurait aimé que le masque de Benjamin se fissure de temps en temps pour se frayer un chemin vers ses émotions enfouies.
Ce premier film de Simon Amstell, même s’il n’est pas sans défauts, possède suffisamment de potentiel pour qu’on ait envie d’explorer un peu plus en profondeur l’univers de son auteur dans un prochain long-métrage.