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BIRDY

Malgré leurs différences, Al et Birdy sont devenus inséparables. Dans leur banlieue défavorisée de Philadelphie, Al, sportif, exubérant et populaire, ne pense qu’à séduire les filles, quand Birdy, réservé et étrange aux yeux des autres, voue une admiration sans bornes aux oiseaux… Mais la guerre a mis fin au temps de l’insouciance et les deux amis ont vécu le traumatisme du Viêt Nam. Revenu défiguré, Al est appelé à l’hôpital militaire pour aider Birdy : totalement mutique, il semble persuadé d’être une créature pouvant voler…

CRITIQUE DU FILM

Disparu en 2020, Alan Parker fait partie d’une génération de cinéastes anglais issus de la publicité et des documentaires qui ont su s’imposer à l’orée des années 1970-1980 avec des succès mondiaux, avec Ridley Scott (Alien), Hugh Hudson (Les Chariots de feu), Adrian Lyne (Flashdance)… Cinéaste éclectique ayant abordé de nombreux genres et sujets variés, Parker a toujours manifesté un grand intérêt pour la musique, fil rouge qui parcourt toute sa carrière, que ce soit dans son premier long métrage Bugsy Malone (1976), un film historique musical, le célèbre Fame (1980), ou bien sûr avec Pink Floyd The Wall (1982), The Commitments (1991) ou encore Evita (1996).

Tiré du roman éponyme de William Wharton publié en 1978, Birdy en transpose l’action de la Deuxième Guerre mondiale à celle du Viêt-Nam. L’amitié entre Birdy (dont on ne saura jamais le vrai nom), un jeune homme timide passionné par les oiseaux, et Alfonso, un coureur de jupons sûr de lui, est brisée quand ils sont tous les deux mobilisés pour partir au front. Chacun en reviendra profondément marqué, l’un physiquement (Al a été blessé au visage), l’autre psychologiquement (Birdy reste prostré dans sa chambre d’hôpital, muet et adoptant des poses d’oiseau).

Cherchant probablement à s’écarter de Voyage au bout de l’enfer, qui avait marqué les esprits six ans plus tôt avec sa construction en trois temps (avant la guerre, pendant, et après), Birdy adopte lui une structure narrative éclatée qui met à mal la continuité. Ce choix de narration peut au premier abord paraître problématique, car il empêche de s’identifier aux personnages en suivant leur évolution. Il prend toutefois tout son sens au fur et à mesure que les pièces du puzzle s’assemblent même si les quelques scènes de guerre, traitées en flash-back, sont impressionnantes mais trop courtes pour installer le trouble.

Cette discontinuité narrative ne suffit pas à masquer les faiblesses du film, principalement le manque d’alchimie entre les deux acteurs principaux. Leur amitié semble plutôt improbable vu leur différence de caractère et si Matthew Modine habite son personnage avec une étonnante intensité, Nicolas Cage impressionne moins et ne déclenche pas l’émotion.

Malgré ces quelques défauts, le film s’impose par la solidité de sa réalisation et la beauté de ses images. Birdy raconte simplement l’histoire d’un jeune homme qui cherche à vivre libre et qui se rêve en oiseau (surprenantes scènes de vol avec la Skycam inventée par Garrett Brown). Sa vie brisée par la guerre, il fait de son rêve une réalité tandis que son ami fait tout pour l’aider, en perdant lui-même sa santé mentale. Surprenante, la fin est savoureuse.

Birdy bénéficie en outre de la première bande originale de Peter Gabriel, qui sera suivie par beaucoup d’autres. Mélange de synthétiseurs et d’instruments ethniques, elle participe à l’étrange poésie du film, dont l’atmosphère est entêtante. Récompensé par le Grand Prix du Jury au Festival de Cannes 1985, le film a rencontré un succès modeste en salle mais il a marqué les esprits.


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