BOHEMIAN RHAPSODY
Le destin extraordinaire du groupe Queen et de leur chanteur emblématique Freddie Mercury, qui a défié les stéréotypes, brisé les conventions et révolutionné la musique. Du succès fulgurant de Freddie Mercury à ses excès, risquant la quasi-implosion du groupe, jusqu’à son retour triomphal sur scène lors du concert Live Aid, alors qu’il était frappé par la maladie, découvrez la vie exceptionnelle d’un homme qui continue d’inspirer les outsiders, les rêveurs et tous ceux qui aiment la musique.
Nothing really matters (to me).
Après un tournage chaotique, mené au point d’orgue lorsque Bryan Singer s’est salement embrouillé avec Rami Malek et que le réalisateur américain a dû laisser sa place pour d’obscures affaires à Dexter Fletcher, Bohemian Rhapody finit par gigoter jusqu’à nous. Soit un biopic traditionnel centré sur Freddie Mercury, évidemment, interprété par un Rami Malek qui donne tout ce qu’il a (les mauvaises langues diront qu’il n’a pas grand chose), mais qui n’occulte pas les trois autres membres du légendaire groupe de rock britannique Queen.
Quand on pense à Freddie Mercury en concert, on pense immédiatement à démesure, dans l’acte, dans le charisme, dans la personne, dans la salle en elle-même qu’on qualifie mieux de stade ambulant. Pendant un bon trois-quart de film, les séquences de concert sont terriblement pauvres, ne laissant d’angle que pour la scène. Le magnétisme de Rami Malek ne suffit pas, celle des autres membres du groupe non plus, eux trop appliqués à refaire au mouvement prêt les postures d’un autre temps. Surtout, Bohemian Rhapsody souffre de ne jamais mettre en relation les musiciens et le public, les séparant inexorablement, et laissant le spectateur sur sa faim d’une communion sacrée. Jusqu’à ce qu’elle survienne en fin de film, recréant le mythique concert de Wembley de 1986. Du moins, aurait dû survenir. Où l’on comprend pourquoi public et Queen n’étaient jusque là jamais réunis : pour des raisons de thunes ou de temps (du moins espère-t-on), les effets numériques sont plaqués à la truelle et le factice est plus que désagréable.
L’apparente et sympathique complicité entre les acteurs et la joie d’entendre fort les classiques du groupe sauvent-elles la séance ? Trop tard pour se poser la question, au moment où l’image suintante de nostalgie a déjà perdu le spectateur qui ne veut pas s’y adonner corps et âme – les consentants, on peut le reconnaître, se régaleront. La grande déception ne vient pas forcément de son parti pris de mise en scène, mais dans la sélection de ses morceaux choisis : à voir ce Bohemian Rhaposdy, on pourrait presque penser que la carrière de Queen n’a rien de plus ni de moins que « Groupe de rock X » ou « Formation pop Y ». Le film est composé comme un de ces morceaux hits qu’on oublie : intro-formation de groupe fauché, couplet-petits soucis entre musiciens, refrain-consécration, couplet-petits soucis entre musiciens, refrain-re-consécration, outro-souvenirs. Si ce n’est que la stricte vérité, elle est bien faiblarde : on préfère pencher du côté du manque d’inspiration à l’adaptation, pâle comme une reprise cover acoustique sur YouTube. Ah, et on n’a pas parlé d’homosexualité ? Le film non plus.
La fiche
BOHEMIAN RHAPSODY
Réalisé par Bryan Singer, Dexter Fletcher
Avec Rami Malek, Lucy Boynton, Aaron McCusker…
Etats-Unis – Drame
Sortie : 31 octobre 2018
Durée : 134 min
