BORDER
La ficheRéalisé par Ali Abbasi – Avec Eva Melander, Eero Milonoff…
Suède, Danemark – Drame, fantastique – Sortie : 9 janvier 2019 – Durée : 101 min
Synopsis : Tina, douanière à l’efficacité redoutable, est connue pour son odorat extraordinaire. C’est presque comme si elle pouvait flairer la culpabilité d’un individu. Mais quand Vore, un homme d’apparence suspecte, passe devant elle, ses capacités sont mises à l’épreuve pour la première fois. Tina sait que Vore cache quelque chose, mais n’arrive pas à identifier quoi. Pire encore, elle ressent une étrange attirance pour lui…
La critique du film
Il est de ces films dont il est difficile de parler sans gâcher toute la surprise, et dont Border fait indéniablement partie. Grand prix de la catégorie Un Certain Regard au dernier Festival de Cannes, le troisième film de Ali Abassi se situe à la frontières des genres : entre fantastique, film policier et comédie. Un mélange aussi détonnant que réussi.
Border surprend car il frappe où on ne l’attend pas. À travers le portrait d’une femme laide, plus ou moins intégrée dans une société qui la rejette insidieusement, le film se mue dans un réalisme-magique, et offre un plaidoyer pour la différence rempli d’humanité. Tina, douanière à l’odorat sur-développé, est un personnage singulier, mais d’une douceur qui la rend immédiatement attachante. Celle qui pensait avoir trouvé la paix dans la société voit son identité remise en question avec la rencontre de Vore, sorte d’alter-égo physique et spirituel.
Freaks
Le film alterne entre crasse et beauté, et offre des moments de grâce étrange dans une nature quasi-mythologique. Véritable personnage, celle-ci fait la transition entre une liberté extraordinaire et la morosité urbaine. Des corps grossiers se dégage une poésie et une tendresse inattendues. En interrogeant la place des freaks dans notre société, le film questionne frontalement notre humanité, à la fois bienveillante et terriblement cruelle.
Conte de fée nordique hautement déstabilisant – sa scène de sexe est pour le moins déroutante -, Border ne peut laisser indifférent. Rarement des « monstres » de cinéma n’auront été filmés avec autant d’intimité et d’humanité. Une belle surprise.