BROOKLYN SECRET
Olivia travaille comme soignante auprès d’Olga, une grand-mère russe ashkénaze de Brighton Beach à Brooklyn. Fragilisée par sa situation d’immigrante philippine, elle paie secrètement un Américain pour organiser un mariage blanc. Alors que celui-ci se rétracte, elle rencontre Alex, le petit fils d’Olga, avec qui elle ose enfin vivre une véritable histoire d’amour…
Critique du film
Troisième film de la réalisatrice Isabel Sandoval, Brooklyn Secret contient en lui une part du vécu de son auteure, et relate, non sans une certaine noirceur, la relation complexe d’une femme trans immigrée philippine et d’un homme cis. Réalisatrice, mais également actrice, Isabel Sandoval déconstruit le rêve américain et retrace les doubles difficultés d’une femme trans et non-blanche dans une Amérique repliée sur elle-même.
La menace qui plane sur le personnage d’Olivia est invisible, mais se reflète dans le caractère quasi-mutique du film. Brooklyn Secret amplifie les silences, tranchés brutalement par les interventions radiophoniques de Trump pleines d’une violence sourde. Le film traduit ainsi l’angoisse d’un entre-deux, dans lequel Olivia est tiraillée entre ses désillusions du sol américain, et est sans cesse ramenée à ses Philippines d’origine par les coups de fil incessants de sa famille.
Une certaine vulnérabilité à laquelle vient s’ajouter une romance complexe avec Alex, un homme cis, empêtré dans une éducation viriliste. Isabel Sandoval filme Olivia avec beaucoup d’empathie, mettant en lumière toute la difficulté de l’immigration où le mariage blanc devient un absolu non-romantique et une ultime porte d’entrée vers la liberté.
Si Brooklyn Secret pâtit de la sobriété de sa mise-en-scène, amenuisant l’émotion, il n’en reste pas moins le récit difficile et pessimiste de populations en marge d’une société américaine cis, blanche et masculine.
Bande-annonce
1er juillet 2020 – De Isabel Sandoval, avec Isabel Sandoval, Eamon Farren et Ivory Aquinon
Grand Prix au Festival Chéries-chéris 2019
