CANICULE & FOLLE À TUER
Folle À Tuer : À peine sortie d’un hôpital psychiatrique, Julie Bellanger est engagée comme gouvernante du neveu d’un riche chef d’entreprise. Un jour, lors d’une promenade dans un parc, elle et l’enfant sont enlevés par un tueur à gages.
Canicule : Suite au hold-up manqué d’une banque d’Orléans, Jimmy Cobb, un gangster américain vieillissant, s’enfuit avec le magot et trouve refuge dans une ferme de la Beauce. Là, une bande de culs terreux vont lui mener la vie dure.
CRITIQUE EXPRESS
Cela fait des années que Folle À Tuer demeurait invisible et Canicule introuvable (ou alors proposé en DVD à des prix élevés sur les sites de commerce en ligne). Chose réparée puisque StudioCanal a sorti depuis le 31 juillet un combo 2 Blu-ray + 2 DVD des deux films, restaurés en Haute Définition, dans la collection Make My Day ! dirigée par le spécialiste Jean-Baptiste Thoret.
Yves Boisset est à l’honneur cette année pour les home-cinéphile avec la sortie en Blu-ray chez ESC Distribution du film Un Condé (1970) et ces deux films dont nous allons parler que sont Folle À Tuer et Canicule. Deux films qui se redécouvrent avec grand plaisir et qui montrent que le cinéma français en avait sous le coude ces années-là. Il y avait des risques que personne ne prendrait aujourd’hui. Ce sont deux vrais films de genre « jusqu’au boutiste » qui ne perdent jamais leurs spectateurs en cours de route.
Folle À Tuer est une formidable réussite. Dès le départ, le film nous emmène avec le personnage de Julie (interprété par la magnifique Marlène Jobert) dans une histoire de folie où coups de théâtre s’enchaînent jusqu’à la révélation finale. Les comédiens sont fabuleux, Marlène Jobert et le petit Thomas Waintraup en tête. Accompagnés dans leur voyage par les excellents Tomas Milian (qui surprend assez dans un rôle inhabituel), Victor Lanoux et le grand Michael Lonsdale, Marlène Jobert et Thomas Waintraup sont aussi très bien dirigés. Même si le film manque parfois de folie dans la mise en scène, on ne peut qu’être satisfait de découvrir un long-métrage de cette qualité aujourd’hui.
Canicule prend un petit peu de temps à démarrer, le temps de présenter les personnages principaux et secondaires. Poisseux à souhait, montrant un côté « vieille France » plus que dépassé (encore que…), avec d’excellents dialogues signés Michel Audiard et un très bon chef d’orchestre en la personne d’Yves Boisset. Aucune morale ici, au contraire, Boisset joue avec ses personnages, pour la plupart demeurés et sans aucun but (entre la nymphomane jouée par une méconnaissable Bernadette Lafont, deux frères paysans complètement à côté de la plaque brillamment interprétés par Jean Carmet et Victor Lanoux, un jeune garçon qui va voir des prostituées et un agent de police aux allures humoristiques (Henri Guybet, excellent dans ce rôle), le film nous décrit vraiment le quotidien de ces paysans. Quotidien qui va être bouleversé par le gangster américain Cobb (Lee Marvin dans l’un de ses derniers rôles) qui va trouver refuge dans leur demeure et va croiser le destin de Jessica, personnage féminin bad ass du film, interprété par Miou-Miou. Boisset ne lésine pas sur les références et, à quelques reprises, n’hésite pas à s’inspirer des plans de La Mort Aux Trousses d’Alfred Hitchcock.
Deux films qui n’auraient sans doute jamais vu le jour s’ils avaient été tournés aujourd’hui. Heureusement, la hargne et le culot de l’époque en ont fait deux thrillers policiers français qu’il faut découvrir.
LES BLU-RAY : TEST
Le test des Blu-ray de Folle À Tuer et Canicule, disponibles chez StudioCanal, ont été réalisés à partir de deux check-discs.
Image : 3.5/5
Deux jolies restaurations HD, pas tout le temps bien définies (surtout sur Canicule, certainement à cause des tons trop chauds) mais très agréables quand même. Le grain argentique est présent sur les deux films, il n’y a pas de défaut de pellicule apparent et les couleurs sont assez chatoyantes, surtout sur Folle À Tuer, où les magnifiques yeux bleus de Marlène Jobert sont perceptibles sur toute la durée du film.
Son : 3.5/5
Une seule piste originale Française en DTS-HD Master Audio 2.0 Mono pour le premier film, une piste Française en DTS-HD Master Audio 2.0 Stéréo pour le second. Dialogues pas tout le temps audibles sur les deux films, mais les musiques, effets sonores, et ambiances sont très bien restitués. Aucune distorsion.
Interactivité : 3.5/5
Tous les bonus sont proposés en SD et en VF, sauf précision.
Sur le Blu-ray du Folle À Tuer
Préface De Jean-Baptiste Thoret (HD, 6 minutes) : Présentation du film dans sa globalité et dans la carrière de son réalisateur. Attention, à voir plutôt après le film si vous ne l’avez jamais vu car il y a pas mal de révélations dans les propos de Jean-Baptiste Thoret.
Entretien Avec Yves Boisset Pour L’Émission « Cinéscope » (1984) (4/3, 48 minutes) : Émission d’archive de la RTBF (télévision belge), cet entretien revient sur la carrière d’Yves Boisset (entrecoupé d’extraits de ses films) et de sa place dans le cinéma français. Supplément de qualité.
Bande-Annonce Originale Du Film (2 minutes).
Sur le Blu-ray de Canicule :
Préface De Jean-Baptiste Thoret (HD, 7 minutes) : Présentation du film dans sa globalité et dans la carrière de son réalisateur. On apprend entre autres comment Boisset a récupéré le poste de réalisateur, notamment grâce à Michel Audiard.
Making Of (1983) (4/3, 1h27, VF et VOST) : Intitulé Il Était Une Fois… Un Film, ce long making of de presque 1h30 revient sur le tournage de scènes compliquées où tout nous est montré. On y voit des interviews également de Michel Audiard, Yves Boisset, des comédiens, etc. On retient surtout les quelques images montrant Jean Carmet et Lee Marvin discuter chacun dans sa propre langue, mais sans se comprendre. Une excellente archive.
Bande-Annonce Originale Du Film (4/3, 2 minutes).
Menus : Les menus sont très légèrement animés et sont muets. Joli choix graphique en adéquation avec le packaging.
Packaging : Les 2 Blu-ray et les 2 DVD sont présentés dans une sorte de digipack cartonné, au format DVD. Joli visuel.
Conclusion : Une technique au meilleur de sa forme (vous ne verrez jamais ces deux films en meilleure qualité) malgré un manque de définition au niveau de l’image et des dialogues inaudibles au niveau du son de temps en temps. Une interactivité d’époque comprenant des archives très enthousiasmantes. Il est regrettable de ne pas avoir proposé de documentaires ou d’interviews rétrospectifs du réalisateur ou de Marlène Jobert et Michael Lonsdale. Menus corrects et joli packaging.
Crédits images : © StudioCanal / Captures Blu-ray : Kévin Cattan pour Le Bleu Du Miroir
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