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CE N’EST QU’UN AU REVOIR

Les amitiés de lycée peuvent-elles durer toute la vie ? Une chose est sûre, dans peu de temps Aurore, Nours, Jeanne, Diane et les autres diront adieu à leur chambre d’internat, aux baignades dans la Drôme, aux fêtes dans la montagne. Louison coupera ses dreads et la petite famille éclatera. Pour certaines d’entre elles, ce n’est pas la première fois et ça fait encore plus mal…

Critique du film

Si la vieillesse est vraiment un naufrage, Guillaume Brac l’a bien compris. Avec Ce n’est qu’un au revoir, il continue sa tendre radioscopie des états d’âme d’une jeunesse qui évolue en temps réel. Et d’ailleurs, à bien y réfléchir, quelque chose de plus précis est en train de se dessiner dans sa filmographie, l’exploration des principes de fin et de début. Ce phénomène précieux et unique, cet endroit aussi passionnant que fugace, bien précis, fait de multiples regrets et d’autant de promesses. La fin de l’adolescence et le début de l’âge adulte. La fin de l’été et le début d’une nouvelle destinée. La fin de l’innocence et le début des emmerdes. Ces données se retrouvent dans chacun de ses documentaires (on ne peut d’ailleurs que vous recommander de découvrir le merveilleux L’Île au trésor) et celui-ci n’y coupe pas. On assiste aux derniers instants de lycée d’un groupe d’élèves en internat avant qu’ils ne démarrent un nouveau chapitre dans leur vie étudiante.

Avec un art de l’effacement qui confine à la magie, la formule de Brac a trouvé un équilibre d’une rare authenticité, qui lui permet à la fois une distance pudique et une proximité intime avec ses personnages. Il parvient alors à capter des moments d’ordinaire réservés à la promiscuité d’une chambre à coucher, à une oreille compréhensive, à la discrétion d’un confident qui n’aurait pas de jugements. Ainsi, avec une fraîcheur et un naturel que seul le documentaire permet de capter, ces jeunes idéalistes se confie sans retenue mais de manière consentante, comme si chaque spectateur faisait partie du petit groupe.


Avec son œil bienveillant, le réalisateur nous donne à voir toutes les joies et les peines vécues en dehors des salles de classe et d’examens. Le récit, resserré autour d’une poignée de protagonistes, alterne entre l’évocation d’angoisses passagères, de projections exaltées, d’argumentations rassurantes et de récits de drames bien réels. Joueuse, la caméra capture également des moments amusants, allant des tentatives ratées d’expéditions nocturnes aux parties de jeux improvisées dans le couloir. À l’image de son sujet, Ce n’est qu’un au revoir contient des moments de vulnérabilité autant que de bravoure, comme en témoigne ce passage montrant le groupe lors d’une action militante, protégeant un site naturel face à des policiers venus les déloger.

L’engagement qui anime la bande est montré avec le même point de vue que les échanges anodins. Car, loin d’être idéalisée et encore moins fantasmée, la jeunesse chez Brac est toujours partante, fougueuse et collective, mais jamais circonscrite ni essentialisée. Elle imprègne désormais le cinéma solaire et optimiste de celui qui, loin des comédies dramatiques de ses débuts (les fictions Tonnerre ou Un monde sans femmes), s’est construit petit à petit une œuvre riche et captivante.

Documentaire de Guillaume Brac.


Cannes 2024 – Acid




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