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CE SENTIMENT DE L’ÉTÉ

7
TOUCHANT

Au milieu de l’été, Sasha, 30 ans, décède soudainement. Alors qu’ils se connaissent peu, son compagnon Lawrence et sa sœur Zoé se rapprochent. Ils partagent comme ils peuvent la peine et le poids de l’absence, entre Berlin, Paris et New York. Trois étés, trois villes, le temps de leur retour à la lumière, portés par le souvenir de celle qu’ils ont aimée.  

Soudain l’été suivant.

Ce sentiment de l’été marche sur un fil aussi ténu que son intrigue – un récit épuré et minimaliste de deuil et de reconstruction. Fragile, le film avance à pas feutrés, se concentrant sur des instants de vie a priori anodins. Mais la banalité et l’absence de soubresauts constitue paradoxalement toute sa force. Car cette (apparente) simplicité touche au cœur et renforce l’identification avec des personnages qui, même si on ne partage ni leur âge, ni leurs horizons, ni leurs préoccupations, nous paraissent infiniment proches.

Ce qui favorise le rapprochement est précisément ce « sentiment de l’été » qu’avance le titre. Un concept que chacun interprétera à sa manière – certains le résumeront simplement à une certaine idée de l’amour – mais qu’il est permis de comprendre comme cette sensation du temps qui se délite et ralentit, cette douceur âpre, fruit d’une chaleur susceptible aussi bien de cajoler les âmes que de les exciter.

Le scénario invite ses deux héros à se croiser durant trois étés, sans se retourner sur ce qui a pu se dérouler lors de ces ellipses béantes, accélérant le cours du temps. Difficile de dire si le film de Mikhaël Hers traite davantage d’un cheminement vers l’apaisement ou d’une histoire d’amour impossible. Car, si les protagonistes sont, d’une certaine manière, familiers aux yeux du spectateur, leur destinée ne suit pas forcément la route qui leur semble tracée.

Hasards, coïncidences et rendez-vous manqués… Claude Lelouch en fait des effets de manche fleur bleue. Mikhaël Hers, lui, les transforme en instants singuliers, stigmates de l’imprévisibilité de la vie. En ce sens, quelle belle idée que l’apparition troublante de Jean-Pierre Kalfon dans un personnage secondaire parvenant, en deux passages à l’écran, à imprimer son empreinte dans la mémoire. Judith Chemla et Anders Danielsen Lie, eux, confirment qu’on gagnerait à les voir davantage au cinéma. Leur présence magnétique, leurs tempêtes intérieures et les non-dits aimantent une caméra hypersensible.

Et puis il y a les trois villes – Berlin, Paris, New York – que traverse le film et qui deviennent de véritables personnages à part entière. Ce sentiment de l’été capte l’énergie propre à chacune et invoque les réminiscences de ces décors ancrés dans l’imaginaire cinéphile. Les rues de Woody Allen, les avenues de Leos Carax et les boulevards de Wim Wenders se télescopent et dessinent leur propre géographie. Ce sentiment de l’été abolit les frontières, distord le temps et se concentre sur l’humain. Cela semble trois fois rien, mais c’est un grand tout qui nous ressemble.

La fiche

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CE SENTIMENT DE L’ÉTÉ
Réalisé par Mikhaël Hers
Avec Judith Chemla, Anders Danielsen Lie, Feodor Atkine, Marie Rivière, Jean-Pierre Kalfon…
France – Allemagne – Drame
Sortie : 17 Février 2016
Durée : 106 min




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