COMEDY QUEEN
Critique du film
Parce qu’elle a résolument envie d’être « normale » et ne veut surtout pas ressembler à sa mère dépressive (depuis décédée), et afin de redonner le sourire à son père rongé par le chagrin, Sasha poursuit une nouvelle ambition : devenir la reine de la comédie ! Pour cela, elle a rédigé une « liste de survie » en quatre étapes : se couper les cheveux (longs et blonds, qui accentuent sa ressemblance avec sa défunte mère), arrêter de lire des livres (sa mère n’ayant jamais trouvé le réconfort malgré ses lectures assidues), ne pas s’occuper du moindre être vivant (tant pis si son père veut lui offrir un chien) et devenir la plus jeune étoile du stand-up du haut de ses treize ans.
Après un accident de tondeuse, et un rendez-vous en urgence chez le coiffeur pour corriger le tir, Sasha va pouvoir se lancer dans l’aventure, avec la complicité de son oncle et de sa meilleure amie, et tirer profit de sa personnalité créative et indomptable. Tandis que son père aimerait qu’elle puisse verbaliser ce qu’elle ressent lors des rendez-vous (qu’il lui impose) chez sa psychothérapeute, Sasha a besoin d’un autre moyen d’exprimer ses émotions et d’exorciser ses démons. Après tout, quoi de plus cathartique que l’art ?
Adapté du roman La reine de la comédie de Jenney Jägerfeld (Éditions de la Martinière), Comedy Queen parvient à trouver le juste équilibre entre légèreté et gravité pour raconter le parcours tragique d’une jeune adolescente endeuillée qui se démène pour parvenir, avant même de poursuivre son désir de monter sur scène, à faire rire son père. Après My skinny sister, le second long métrage de Sanna Lenken réussit à être aussi chaleureux que poignant, drôle que bouleversant, propulsé par la prestation saisissante de la jeune Sigrid Johnson, qui fait des prouesses dans le rôle de Sasha. « Un film avec un sourire, peut-être une larme » prévenait Chaplin en ouverture de The Kid. La jeune Kid suédoise en serait ainsi une bien belle héritière.
Bande-annonce
2 novembre 2022 – De Sanna Lenken, avec Sigrid Johnson, Oscar Töringe, Anna Bjelkerud