COMING APART
Joe Glazer, psychanalyste à New York, se sépare de sa femme enceinte. Il loue une garçonnière dans laquelle il dissimule une caméra et filme la vie sexuelle débridée qu’il mène pour oublier sa douloureuse rupture. Il pense au départ contrôler la situation en manipulant la fragilité et les besoins de toutes ces femmes – patientes, maîtresses, voisines, passantes, conquête d’un jour…- mais, lentement, il sombre dans la décadence sexuelle et la déchéance psychologique…
Critique du film
Sorti en 1969, classé X à l’époque, Coming apart constitue la première réalisation de Milton Moses Ginsberg, qui allait réaliser quatre ans plus tard Le Loup-Garou de Washington. Coming apart repose entièrement sur un dispositif du type caméra cachée. Le psychanalyste Joe Glazer – interprété par Rip Torn – a été sévèrement éprouvé par une rupture sentimentale. Dans un studio qu’il loue, il installe une caméra et filme toutes les femmes qu’il invite chez lui. Très porté sur le sexe, le principal protagoniste de cette histoire collectionne donc les rencontres plus ou moins rapides et éphémères, bafoue toute déontologie en conviant mêmes certaines de ses patientes et joue en quelque sorte les apprentis sorciers en se livrant à une expérience de voyeurisme / exhibitionnisme qui pourrait bien le dépasser.
Filé à la façon d’un documentaire, mais avec des comédiens professionnels, Coming apart traite à la fois de la sexualité, de la télé-réalité qui s’apprêtait à faire son apparition, mais aussi de la manipulation et de la liberté : liberté à laquelle on aspire mais qui peut parfois être illusoire ou différente de ce que l’on pensait. Il s’agit aussi d’une réflexion sur l’image et l’art cinématographique. Milton Moses Ginsberg était allé jusqu’à s’installer dans le même immeuble qu’une femme qui l’avait quitté. Et il avait littéralement, selon son propre aveu, « pété les plombs » – en anglais : Coming apart. Ce point de départ autobiographique donne lieu à une œuvre quasi expérimentale, forte et dérangeante à la fois visionnaire – les médias, l’enfermement psychique – et typique de son époque – la libération des mœurs et la sexualité débridée qui ne mènent pas forcément à la plénitude, mais à une surenchère sans fin.
Bande-annonce
11 octobre 2023 – De Milton Moses Ginsberg, avec Rip Torn, Sally Kirkland, Lois Markle