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CREED 3

Idole de la boxe et entouré de sa famille, Adonis Creed n’a plus rien à prouver. Jusqu’au jour où son ami d’enfance, Damian, prodige de la boxe lui aussi, refait surface. A peine sorti de prison, Damian est prêt à tout pour monter sur le ring et reprendre ses droits. Adonis joue alors sa survie, face à un adversaire déterminé à l’anéantir.

CRITIQUE DU FILM

Cinq ans ont passé depuis Creed 2, et après avoir vaincu le fils de Drago (responsable de la mort d’Apollo), l’heure est venue pour Michael B. Jordan et son alter-ego Adonis Creed, d’affronter leur plus grand défi : s’affranchir de l’ombre de Rocky et de Sylvester Stallone ! Un défi titanesque tant ce dernier incarne corps et âme cette saga mythique du Septième Art… Et comme si cela ne suffisait pas, Michael B. Jordan a choisi de faire ses débuts derrière la caméra à cette occasion, succédant ainsi à Ryan Coogler et Steven Caple Jr. Une nouvelle donne qui accentue, elle aussi, notre curiosité pour ce Creed 3.

Après s’être fait un nom dans Creed, puis avoir vengé son père dans Creed 2, Adonis Creed n’a désormais plus rien à prouver. Champion du monde respecté, il est temps pour lui de raccrocher les gants et de s’occuper de sa famille tout en pensant à sa reconversion. C’est alors que surgit de son passé Damian Anderson, un ami d’enfance qui sort de dix-huit années derrière les barreaux, bien décidé à rattraper le temps perdu et accomplir son rêve : devenir Champion du monde de boxe ! Rongé par le sentiment que Creed lui a volé sa vie, il est prêt à tout pour la récupérer.

Sur de nombreux points, Creed 3 rappelle Rocky 3. Comme dans le film de 1982, Adonis Creed a atteint les sommets : multimillionnaire, heureux mari et père, il a tout gagné, sur et en dehors du ring. Il s’est embourgeoisé et la précarité des débuts n’est rien d’autre qu’un lointain souvenir. Mais on ne se coupe jamais totalement de son passé et de ses origines, et s’il ne se rappelle plus de la rue, celle-ci va se charger de se rappeler à lui. C’est l’un des principaux écueils et paradoxes du film de Jordan, lequel est censé se détacher de l’héritage de Stallone pour tracer sa propre route, mais qui se contente de regarder dans le rétro pour reproduire des schémas déjà rebattus dans la célèbre saga pugilistique.

Creed 3

Face à ce scénario balisé et sans surprise, le principal intérêt du film repose alors sur les débuts comme réalisateur de Michael B. Jordan. Celui-ci parvient-il, comme Sylvester Stallone, à enchaîner avec autant d’aisance les uppercuts sur le ring et dans la salle de montage ? Dès les premières minutes, on constate que Jordan cherche à se démarquer et à amener de nouvelles idées de mise en scène avec plus ou moins de réussite… mais les intentions semblent là. Malheureusement, passés ces quelques effets de manches, le film montre vite ses limites. Un simple champ/contre-champ entre trois personnages assis sur un canapé devient ainsi source d’une multitude de coupes frénétiques donnant le sentiment que le réalisateur n’a pas confiance en ce qu’il raconte pour à ce point hacher une séquence qui n’en demandait pas tant.

Mais au-delà de la mise en scène, le plus gênant avec ce film, c’est le sentiment que tout est bâclé, du scénario aux effets-spéciaux. Toutes les intrigues secondaires de la vie de Creed sont traitées sans conviction et paraissent superficielles, qu’il s’agisse des difficultés professionnelles de sa femme, Bianca, toujours interprétée par Tessa Thompson, ou de la surdité de sa fille. Creed 3 propose des situations intéressantes mais qui ne sont qu’effleurées, ce qui est d’autant plus dommage que Michael B. Jordan dit avoir voulu sensibiliser les spectateurs sur l’inclusion des personnes souffrant de ce handicap. Une note d’intention qui n’est pas vraiment suivie d’effet.

On peut aussi et surtout regretter qu’un film doté d’un budget relativement confortable (on parle quand même de 65 M$, soit 15 de plus que le précédent) n’ait pas trouvé mieux à faire que de tourner la totalité de son dernier acte en studio ! Certes, l’idée de faire s’affronter les deux antagonistes dans un stade de baseball plein à craquer avait de l’allure sur le papier, et il n’est pas rare de grossir une foule à l’aide des outils numériques. Mais l’ambition de grandeur et de démesure tombe à l’eau dès lors qu’on se retrouve avec l’impression de voir nos deux boxeurs au milieu d’une vingtaine de figurants peu inspirés. Et ce ne sont pas les ultimes artifices visuels usés par le réalisateur qui empêcheront le film de se terminer sur un combat malheureusement tout sauf mémorable.

Creed 3

Au final, il n’y a bien que le charisme de Jonathan Majors pour apporter un quelconque intérêt au film. Après Ant-man et la Guêpe : Quantumania, l’acteur prouve une fois encore qu’il sait tirer son épingle du jeu y compris dans des œuvres sans relief. Sa manière de bouger, parler et ce physique incroyable font qu’il marque immédiatement l’inconscient des spectateurs. Il faut avoir quelque chose de réellement spécial pour donner autant corps à un personnage aussi peu développé, et on attend déjà avec impatience de voir ce que lui réserve la suite de sa carrière. Souhaitons juste qu’à l’avenir, il mette son indéniable talent aux services de films autrement plus marquants.

En essayant d‘enfiler les gants de Sylvester Stallone, Michael B. Jordan prouve surtout que ceux-ci sont encore un peu trop grands pour lui. Si l’ambition de Creed 3 était de couper avec son passé pour donner un nouvel élan à cette saga, c’est un acte manqué. Non seulement ce troisième opus n’apporte rien à la franchise, pas même ces quelques frissons auxquels on est en droit de s’attendre avec ces films, mais surtout, l’absence de Rocky se fait cruellement sentir. Qu’ils soient centrées sur les exploits de l’étalon italien ou du fils d’Apollo Creed, on comprend vite que tous ces films ont toujours reposé sur les solides épaules de leur créateur, Sylvester Stallone. Tenu à l’écart de l’avenir de la franchise par Irwin Winkler, son producteur historique, Stallone a fait savoir qu’il ne verrait pas Creed 3… Il peut se consoler en se disant qu’il ne ratera pas grand chose.

Bande-annonce

1er mars 2023De Michael B. Jordan, avec Michael B. JordanTessa ThompsonJonathan Majors